Soupçonné de corruption, le président allemand démissionne

Le président allemand, Christian Wulff
Le président allemand, Christian Wulff

Le président allemand, Christian Wulff, impliqué dans diverses affaires où il est soupçonné d'avoir profité de faveurs indues, a présenté sa démission vendredi.

Son départ porte un coup, en pleine crise de l'euro, à la chancelière Angela Merkel, qui avait personnellement appuyé la candidature de Christian Wulff à la présidence en 2010. "Les événements de ces derniers jours et de ces dernières semaines ont montré que la confiance (du peuple allemand), et de ce fait l'efficacité de mon action, avaient été sérieusement entamées", a-t-il expliqué dans une déclaration laconique au château de Bellevue, le siège de la présidence à Berlin.

"Pour cette raison, il ne m'est plus possible d'exercer la fonction de président, en Allemagne comme à l'étranger", a-t-il ajouté en reconnaissant avoir "commis des erreurs".

Intervenant peu après la démission du président, Angela Merkel a dit regretter son départ et indiqué que les partis de la coalition conservatrice allaient rechercher avec l'opposition de gauche un candidat de consensus pour lui succéder.

"Les partis de gouvernement vont se consulter et nous adresser ensuite aux sociaux-démocrates (SPD) et aux Verts. Nous souhaitons mener des discussions afin de dégager un candidat de consensus au poste de prochain président de la République fédérale", a-t-elle dit dans une brève déclaration.

Parmi les candidats possibles figurent Joachim Gauck, militant des droits de l'homme dans l'ex-RDA qui avait déjà été candidat face à Christian Wulff en 2010. Le ministre de la Défense, Thomas de Maiziere, la ministre du Travail, Ursula von der Leyen, ou encore le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, pourraient aussi prétendre au château de Bellevue. En raison de la démission de Wulff, la chancelière avait reporté en dernière minute un déplacement prévu vendredi à Rome, où elle devait rencontrer le président du Conseil, Mario Monti.

L'immunité levée

L'annonce de la démission de Christian Wulff a suivi de quelques heures la demande de levée de l'immunité présidentielle présentée par le parquet de Hanovre, qui disait avoir "un début de soupçon" dans les affaires où le président était impliqué.

C'est la première fois que des procureurs déclaraient vouloir enquêter sur un chef de l'Etat allemand, et leur démarche avait relancé les appels de l'opposition en faveur d'une démission de Wulff.

Agé de 52 ans, Christian Wulff, membre de la CDU (Union chrétienne-démocrate), la formation de la chancelière Angela Merkel, avait été élu président fin juin 2010 à la succession du président Horst Köhler, lui-même démissionnaire.

Ses ennuis ont commencé en décembre dernier avec la publication d'un article du journal Bild sur un prêt immobilier à taux préférentiel, d'un montant de 500.000 euros, que lui avait accordé l'épouse d'un homme d'affaires de ses amis alors qu'il était ministre-président du Land de Basse-Saxe.

Il était apparu quelques jours plus tard que Wulff avait laissé un message furieux sur la boîte vocale du rédacteur en chef de Bild, dans lequel il le menaçait d'une "guerre" au cas où l'article en question serait publié. Il est également reproché à Christian Wulff et à son épouse Bettina de s'être fait payer un séjour sur l'île de Sylt par un producteur de cinéma, David Grönewold, et d'avoir séjourné gratuitement chez des hommes d'affaires.

Christian Wulff s'était excusé tardivement pour avoir d'autre part induit en erreur le parlement régional de Basse-Saxe à propos du prêt immobilier à taux préférentiel. Sa position devenait de plus en plus intenable ces dernières semaines, car, en plus d'appels à la démission émanant de l'opposition, s'ajoutait la grogne dans le camp conservateur. Le président du Bundestag, Norbert Lammert, avait jugé ainsi qu'il existait "une grande perte de confiance" vis-à-vis de Wulff.

Le chef de l'Etat a une fonction essentiellement honorifique en Allemagne, mais il représente une autorité morale et la conscience de la nation. Il est à ce titre celui qui défend la Loi fondamentale - la Constitution -, et donc la liberté de la presse.

L'embarras causé au sein de la coalition conservatrice par l'affaire Wulff est de mauvais augure pour les élections régionales prévues cette année dans les Länder de Schleswig-Holstein et de Sarre. L'an dernier, la CDU a déjà perdu plusieurs scrutins régionaux, notamment dans le Bade-Wurtemberg, l'un de ses bastions qu'elle détenait depuis des décennies, qui est passé à gauche.

Avec Reuters

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Commentaires (13) | Réagir ?

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R A M E S S E S II

Je pari qu'il s'est fait arnaquer par un de nos parrains algériens et un Italien de la Ndranghetta. Pour ce qui de notre confiance à nous envers nos président et ministres et walis, ... Elle est aveugle!!!!

Maintenant si les démocrates chrétiens se mettent à voler comme nos démocrates musulmans, il y aura du monde chez le bon dieu, le dernier jour.

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Raveh Aksel

Les leçons ne sont données qu'à ceux qui ont la capacité d'apprendre, pas à ceux qui n'apprennent jamais !

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