Face à la folie du pouvoir, le peuple doit prendre ses responsabilités

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Exceptés ceux qui s’expriment officiellement au nom du pouvoir algérien, personne n’accorde de crédibilité, ni aux "réformes" entreprises, ni aux législatives. À commencer par les partis politiques ayant accepté d’y participer.

Tous reprochent au pouvoir de faire dans la diversion. Certains vont jusqu'à demander tout simplement leur report. Beaucoup considèrent qu’elles seront entachées de fraudes comme toutes celles qui les ont précédées. Les plus pragmatiques soulèvent le problème de l’indépendance des différentes instances désignées pour organiser et assurer le déroulement et le contrôle de l’opération électorale, à qui, ils reprochent à priori d’être sous contrôle de l’appareil administratif, qui est en lui-même le principal outil que le pouvoir instrumentalise pour le contrôle et la répression de la société. Les membres de la société civile, dans leur majorité, si ce n’est pas dans leur totalité en tenant compte des satellites du pouvoir central, rejettent en bloc tout ce qui a été entrepris comme actions politiques de la part du pouvoir depuis le discours d’Abdelaziz Bouteflika au mois d’avril de l’année 2011.

Les médias "indépendants" ne croient pas non plus à la sincérité de l’opération de "normalisation démocratique". Les cadres des entreprises publiques, de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche, de la santé, etc., pas seulement n’avalisent pas ce qui a été entrepris sur le plan des réformes, mais participent régulièrement à des actions de contestation syndicales. Le peuple, ayant totalement perdu confiance en ses dirigeants, pas seulement refuse d’adhérer au discours démagogique du changement par le haut, mais rejette lucidement les fondements mêmes de l’État et de ses institutions, qu’il considère étrangers à ses intérêts. Les clients étrangers, voisins et d’ailleurs et les observateurs prévus, sont parfaitement informés du leurre des réformes et des conditions de préparation non démocratiques des législatives. Bien évidemment, le premier concerné, le pouvoir lui-même, reconnaît l’insuffisance de son action en avouant sa crainte d’un fort tôt d’abstention.

Cette situation est très dangereuse. Car elle réunit en elle tous les ingrédients pour une guerre civile très violente, dont les conséquences ne peuvent être que très gravement préjudiciables à la nation. Il suffit que le facteur déclenchant se cristallise pour que tout s’embrase. Tous les observateurs sont conscients de cela. Tout le monde est suspendu au développement à court terme de la situation politique en Algérie, générant partout de l’inquiétude. Le peuple semble temporiser, car plus conscient encore du préjudice, dont il venait à peine d’en faire l’expérience. L’autisme du pouvoir est plus inquiétant encore. Car il sait que malgré les forces colossales de répression qu’il a amassé pour se préparer à cette éventualité, ne lui seront d’aucune utilité dans la durée. Les exemples libyens et syriens ont démontré que la détermination de la résistance est proportionnelle au degré de motivation de la population, et quel peuple n’est pas aussi motivé que le peuple algérien ! Il s’agit pour lui d’une question de vie ou de mort. La problématique algérienne est en cela identique à celle du peuple palestinien. Sans vouloir donner dans l’exagération, le peuple algérien est presque dans une situation d’apartheid. Nous ne sommes pas dans la configuration des années 1990, où il s’agissait de faire face à une minorité de fanatiques, eux-mêmes, rejetés par une grande partie de la population. Le conflit qui se dessine aujourd’hui oppose un système politique mafieux contre le peuple dans son intégrité, contre l’État et contre la nation algérienne.

La dangerosité de la situation réside principalement dans l’absence de solution de sortie de crise pour le pouvoir, qui est contraint d’adopter une stratégie de fuite en avant pouvant le mener jusqu'à l’adoption de la solution de la terre brûlée. Car il est acculé à rendre compte de crimes contre l’Humanité, de disparitions de personnes et de dilapidation des richesses de la nation, commis pendant l’exercice de son pouvoir. Cette situation ne l’autorise pas de restituer le pouvoir. Elle lui sera fatale immédiatement après sa restitution. D’autant plus que les temps ont changé pour les dictateurs en fuite. Il n’y a plus d’exil doré possible pour eux, même si certains pays réactionnaires continuent à soutenir ce type d’exil. C’est cette absence de solution qui pousse le pouvoir dans son retranchement autistique et d’être capable du pire, qui est le plus inquiétant.

Nous ne sommes plus en face d’une crise politique. Car la crise politique en question, celle, qui oppose le projet théocratique et celui démocratique, qui est latente, avec son lot de violence en perspective, peut passer en second plan devant ce tragique dilemme insoluble, et le danger qu’il fait peser sur l’existence même de l’État et les risques en matière de recolonisation et de partition du territoire national./p>

L’Algérie doit manifester sa volonté de venir à bout de ce dilemme, par elle-même, sans laisser l’initiative au pouvoir, dont l’intention ne peut aller au profit de la nation, en rétablissant l’état de droit et en laissant à la justice le soin de rétablir l’ordre à force de loi. Elle doit pour cela s’engager avec détermination au changement du système politique en refusant de collaborer avec celui-ci, de la façon la plus pacifique, par la désobéissance civile. C’est si simple que ça. La désobéissance civile est un droit, surtout lorsque cela contribue à l’intérêt suprême de la nation. D’autant plus que la vie civile est organisée et contrôlée par la force, contre la volonté du peuple. Désobéir à un pouvoir dictatorial et mafieux est un devoir incontestable, qui est celui de la restitution de la souveraineté nationale.

Youcef Benzatat

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Commentaires (15) | Réagir ?

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hocine amari

Regardez ces traits, analysez le visage, vous remarquerez l'hypocrisie

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karim haddad

excellente analyse monsieur benzetat!!!! pertinence et concision avec proposition de sortie diu cauchemard malefique ou ces monstres ont plongé le pays!!!bravo!

maitre bouchachi de la laddh est arrivé a la meme conclusion:nos dirigeants militao-boulitiques sont carrément en service commandé de destruction et d'annihilation de l'Algérie.

Réveillez vous! un pays immensément riche de son pétrole (et autres trésors naturels!!!) fait que le peuple s'appauvrit de plus en plus... un sous-sol regorgeant de gaz et a la première intempérie de neige. Des Algériens meurent de " manque de gaz " (sic).. l'école de savoir est devenue une medersa.. L'université, temple de la réflexion et des luttes pour le progrès fait plutôt office de Cfpa... etc.. alarme!!!!!!

Le facteur (et la zone) déclencheur est bien situé: devinez d'ou partira le coup de la révolution (comme d'habitude!)

un indice: les trois Kabylies sont renforcées en brigades (une par village!) de gendarmerie et de commissariats... nos "dictateurs viennent de passer commande de 120 chars "volants" pour les zones montagneuses... ils vont étouffer les Kabylies et à l'est ou a l'ouest... bonne ragda!!!

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