Algérie : la foutaise électorale

Algérie : la foutaise électorale

Non. Ça sera le même discours de la folie sur la raison, avec certainement des mots nouveaux à la mode.

Depuis le véritable coup d’Etat sur l’Algérie indépendante, la liquidation de l’Assemblée constituante, le problème qui lie les Algériens dans la notion électorale n’est pas la participation en nombre adéquat des citoyens dans les scrutins, ni la transparence dans les consultations, ni même la démocratie la plus "populaire" dans le choix des candidats censés diriger les affaires du pays. La situation générale de la nation telle qu’elle se présente aujourd’hui sur le plan politique, social, économique et culturel, relève, sans exagérer, du domaine qu’on pourrait emprunter aux sciences de la médecine et de la physiologie : l’anatomie pathologique que les étudiants abrègent par le terme anapath, module parmi les plus coriaces dans le cursus des études médicales.

Le cliquetis de la démocratie face à la dictature du trépan

Le coup de force de Houari Boumediene en juin 1965 n’est que la seconde étape qui consistait à mettre le pays quasi analphabète, en sandwich, hors de tout concert politique, dans le double cloisonnement de l’Administration, dans une version civile, "sociable" et dans une autre quasiment violente, presque antipopulaire, la nation militaire. C’est ce deuxième visage de l’Algérie qui va donner sa force à la pérennité d’un pouvoir inculte mais sans partage qui fera de l’Algérie, ce symbole de combat pour la dignité humaine à peine quelques années après la victoire mondiale sur le fascisme hitlero mussolinien, le pauvre pays méditerranéen qui achète cinq kilos de semence de patate avec les revenus d’un baril de pétrole.

Le pays d’Abdelkader, le mystique de l’Etat de raison, d’esprit et de dignité, ne dispose pas de formations politiques capables de véritable contrepouvoir pacifique et intellectuel face à l’Armée. Dans ce domaine de l’autorité, les soldats de Gaïd Salah et ceux de Ould Kabila ne se différentient, à part les chars, les Mig et les destroyers, que par l’uniforme. Le FLN de Belkhadem, le RND d’Ouyahia et, ici et là, les affichés musulmans mais opportunistes des partis de Soltani, de Menasra ou de Djabalah, sont des appelations Sgdg protégées par les galons tressés. Où se les affronter sur le terrain associatif revient à faire la guerre aux couloirs, leurs portes closes et les fournitures de bureau.

Hocine Aït Ahmed pourrait atteindre l’âge de Mathusalem et le FFS détenir les forces de rassemblement des pauvres égarés autour de Noé, la revendication de la Constituante en tant recours inextricable à l’authentique légitimité originelle restera pour l’éternité un simple bruit de cliquetis autour de l’assourdissant fracas des trépans surveillés par les élites les plus sophistiquées de l’Armée. Quand on regarde venir les fractions de Benyounès ou de Bahbouh, par exemple, on n’a pas besoin de solliciter madame Soleil ou Irma, pour comprendre que c’est vers la mélodie de ce boucan qu’ils désirent s’en approcher ; pour ce qui concerne les nouvelles hordes de Sid Ahmed Ghozali, c’est pire et il faut le dire dans le langage qui ne peut entraîner des malentendus : mayahchemch ! Pour les plus jeunes qui ne savent pas peut-être ce qu’il était pour Sonatrach et pour beaucoup de choses dans la déliquescence de leur pays.

Aucune génération n’est épargnée

Admettons vingt millions d’électeurs, vingt millions de votants. Des partis majoritaires, d’autres dans l’opposition. Quinze millions au moins choisiront, bon gré malgré, entre les partis de la fumisterie de l’ex alliance républicaine, avec des poussières pour les autres, parmi eux les nouveaux débarqués. Que se passera-t-il ensuite ? Vont-ils, par on ne sait quel phénomène fantastique, décider pour remettre en cause ce qui ne colle plus dans la Constitution, voire dans la Charte, de fond en comble, c’est-à-dire sabrer dans tout ce qui est ridicule dans le texte fondamentale et le redire dans les termes de l’ouverture vers le monde réel extirpé de cette idée de la nation factice qui n’existe que dans la tête des individus au pouvoir ? Non. Ça sera le même discours de la folie sur la raison, avec certainement des mots nouveaux à la mode. Qui rendra le volcan social de plus en plus grondant avant l’irréversible irruption. Et l’Armée sera alors tenue d’en prendre acte et parti, d’une manière ou d’une autre.

La jetée d'El Kittani

Combien de générations faudrait-il encore bousiller avant qu’il ne soit vraiment trop tard ? Nous sommes celle qui, enfants, nous voyons nos parents ne monter jamais dans l’autobus ou le train avant le colon, même enfant ou son caniche. A la plage Padovani - aujourd’hui el Kittani – l’administration de Bab el Oued réservait pour les indigènes une parcelle près de la jetée de l’égout séparée par une cloison en roseau au travers de laquelle nous pouvions admirer quand même les villégiatures des progénitures pieds-noirs. Aujourd’hui nos enfants qui vont à l’université ne connaissent Club-des-Pins et Moretti que de réputation à la manière qu’ils imaginent Saint Tropez ou Costa Serena. Et Ouyahia, Belkhadem et consorts leur demandent-ils de voter.

Nadir Bacha

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Commentaires (4) | Réagir ?

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madjid ali

Nous aurons les mêmes et nos enfants auront leurs enfants.

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Notproud

Les dommages et préjudices subis par les plaignants résultant de la conduite des officiers et des membres d'équipage du Costa-Concordia qui ont démontré un mépris envers la vie humaine".

Et oui! il est couché sur le flan comme mon pays, l'Algérie même sort que le Costa-Concordia.

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