La Kabylie abandonnée mais solidaire

La Kabylie abandonnée mais solidaire

Le congrès mondial amazigh nous a transmis le communiqué suivant.

Le nord de l’Afrique subit une vague de froid sans précédent depuis le début du mois de février, provoquant de sévères baisses de température et de très fortes chutes de neige. Les régions montagneuses, en particulier la Kabylie, sont couvertes par un épais manteau neigeux qui a gravement perturbé le fonctionnement des infrastructures : routes coupées, absence de distribution d’électricité, de gaz et d’eau et pénurie de médicaments et de nourriture. Certains villages de moyenne et haute montagne sont complètement inaccessibles depuis plusieurs jours. On déplore plusieurs dizaines de blessés et une vingtaine de personnes seraient mortes faute de soins. Après la détresse, c’est l’angoisse qui envahit les habitants des endroits les plus isolés, d’autant plus que le mauvais temps perdure.

Les observateurs locaux notent le silence et l’incurie des autorités de l’Etat algérien qui ont ignoré la catastrophe qui se déroule pourtant à moins de 100 km d’Alger. Le chef de l’Etat qui s’est exprimé récemment à la télévision algérienne, n’a pas eu un seul mot de réconfort envers les sinistrés de

Kabylie et le gouvernement n’a à ce jour pris aucune initiative pour secourir les villageois désemparés.

Alors que les bulletins météo avaient annoncé la tempête de neige plusieurs jours à l’avance, aucune mesure anticipée n’a été prise par les autorités locales (Wilaya) et aucun plan d’urgence n’a été mis en oeuvre pour limiter les conséquences des intempéries. Les citoyens livrés à eux-mêmes se demandent pourquoi les chasses neige fréquemment utilisés pour disperser les foules au cours des manifestations de protestation, sont totalement absents sur les routes enneigées. De même, pourquoi les milliers de militaires stationnés en Kabylie (il existe plusieurs dizaines de casernes de l’armée en Kabylie équipées de camions, d’engins de travaux publics et de véhicules tout terrain) n’ont pas été réquisitionnés pour déblayer les routes et venir au secours des villageois enclavés ?

D’après des témoignages reçus, dans d’autres régions d’Algérie, le gouvernement algérien aurait utilisé des hélicoptères pour approvisionner les populations. Si cette information était vérifiée, elle apporterait une preuve supplémentaire du racisme institutionnel anti-kabyle.

Afin de faire face à l’urgence et de limiter les drames, les populations kabyles ont su puiser dans leur culture ancestrale, celle vers laquelle on se tourne en période de grave crise, pour raviver leur sens de l’entraide et de la solidarité. Citoyens bénévoles, salariés, entrepreneurs, élus locaux se sont donnés la main pour répondre aux besoins les plus pressants. C’est ainsi que le nombre de victimes a été limité.

A l’issue de cette nouvelle épreuve, deux leçons seront à retenir : la première confirme l’indifférence, voire le mépris du pouvoir algérien envers la Kabylie et la seconde est que le peuple kabyle est une ressource en soi, capable d’affronter tous les défis, à la seule condition d’être uni. Puissions-nous ne pas l’oublier afin de préparer un avenir de confiance en nous-mêmes et en les valeurs humaines inscrites dans notre culture plurimillénaire.

Tizi-Wezzu, 1/02/2962 - 12/02/2012

P/le bureau du CMA

Kamira Nait Sid, vice-présidente

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