Syrie: 60 morts (hier) et une quinzaine ce matin (mise à jour)

Combats et bombardements de civils à Homs et ailleurs.
Combats et bombardements de civils à Homs et ailleurs.

La Ligue arabe va renvoyer sa mission controversée d'observateurs en Syrie où l'armée a bombardé sans relâche mercredi la ville rebelle de Homs faisant une soixantaine de morts selon les militants, en dépit de l'engagement du président Assad auprès de son allié russe à cesser l'effusion de sang.

Le pitonnage de Homs a repris ce matin. Premier bilan : une quinzaine de morts. A l'heure où l'ignore est commis chaque jour dans ce pays, on continue à parlementer dans toutes les instances internationales. A ergoter en vain.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé mercredi que le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi lui avait fait part mardi de son intention par téléphone, lui demandant une coopération de l'ONU à cette nouvelle mission. "Il a suggéré une mission conjointe en Syrie, avec un émissaire spécial commun", a-t-il ajouté, précisant que cette question serait soumise au Conseil de sécurité dans les jours à venir.

M. Ban a par ailleurs jugé "catastrophique" pour le peuple syrien le veto des Russes et des Chinois samedi à une résolution du Conseil de sécurité, estimant qu'il avait encouragé Damas à "accentuer sa guerre contre son propre peuple". "La brutalité effarante dont nous sommes témoins à Homs, avec des armes lourdes tirant sur des quartiers résidentiels, laisse à penser malheureusement que la situation va encore s'aggraver", a affirmé M. Ban pour qui Bachar Al-Assad "doit être tenu pour responsable".

Pour le 5e jour consécutif, l'armée a pilonné aux roquettes et obus de mortier Homs (centre), "la capitale de la révolution", où les télécommunications et l'électricité ont été coupées, les infrastructures détruites et la nourriture se fait de plus en plus rare, ont dit les militants. Mais le pouvoir, qui se refuse à reconnaître le mouvement de contestation lancé en mars 2011, a affirmé que ses forces pourchassaient à Homs les "groupes terroristes" qu'il accuse d'être à l'origine des violences contre les civils.

Dix-neuf personnes dont des femmes et des enfants ont également péri ailleurs en Syrie, notamment à Zabadani près de Damas et à Rastane (centre), où les troupes ont lancé également des opérations pour faire plier ces places fortes de la contestation, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ce redoublement de violences survient dans un contexte de blocage diplomatique après le veto russe et chinois à un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression de la révolte et prévoyant une transition politique, sur la base d'un plan arabe.

Malgré l'indignation des Occidentaux, la Russie, un allié du régime, continue à opter pour la non ingérence en Syrie, au lendemain d'une rencontre à Damas de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov avec M. Assad. "Notre tâche, c'est de les aider (aux Syriens) sans aucune forme d'ingérence", a dit le Premier ministre Vladimir Poutine, dont le pays refuse d'évoquer un départ de M. Assad en estimant que son sort devait être réglé par "les Syriens eux-mêmes".

A son tour, le président Dmitri Medvedev a jugé que la recherche d'une solution devait continuer "y compris au Conseil de sécurité de l'ONU". Mardi, M. Assad s'est engagé devant M. Lavrov à "faire cesser les violences d'où qu'elles viennent", selon ce dernier. Mais les Occidentaux ont aussitôt exprimé leur scepticisme, le régime syrien ayant alterné depuis des mois promesses de réformes et escalade de la répression.

La Maison Blanche a écarté mercredi les appels de la Russie à un "dialogue" entre les forces en présence en Syrie et affirmé que le président Assad y avait renoncé en réprimant dans le sang la révolte contre son régime. "En ce qui concerne la visite de (M. Lavrov) en Syrie, son but n'était pas clair. Ce qui est évident, c'est que la Russie n'a rien d'autre à gagner, en se rangeant au côté du régime Assad, que de s'aliéner les Syriens", a déclaré le porte-parole Jay Carney.

Face au blocage à l'ONU, plusieurs pays ont pris des mesures unilatérales pour accentuer l'isolement du régime Assad après des sanctions qui n'ont toujours pas réussi à le faire plier. Ainsi, les Etats-Unis ont fermé leur ambassade, plusieurs pays européens ont rappelé leurs ambassadeurs pour "consultations" et les six monarchies du Golfe ont décidé d'expulser les ambassadeurs de Syrie et de rappeler les leurs à Damas. Une réunion arabe dimanche au Caire doit décider de la suite à donner à la mission des observateurs en Syrie aujourd'hui suspendue.

Néanmoins M. Medvedev a appelé à "éviter des mesures unilatérales précipitées", lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français Nicolas Sarkozy qui a à son tour demandé à Moscou de soutenir le plan arabe.

L'Union européenne a même annoncé se préparer, à titre de précaution, à une éventuelle évacuation de ses ressortissants de Syrie, au moment où plusieurs pays et organisations expriment leurs craintes d'une guerre civile. La Turquie a dit, elle, compter organiser "dans les plus brefs délais" une conférence internationale sur la crise syrienne.

Mais entre-temps, la machine de guerre du régime continue inlassablement de réprimer la révolte, qui a fait plus de 6.000 morts depuis près de 11 mois, selon les militants. "Plus de 400 civils ont été tués à Homs depuis vendredi" soir, a déclaré Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Selon Omar Chaker, un militant à Homs, le pilonnage, apparemment destiné à préparer le terrain à un assaut terrestre, vise surtout le quartier de Baba Amr, où certaines zones sont entièrement rasées. "Un crime de guerre organisé est commis devant le monde entier après que Lavrov a donné son feu vert à la poursuite de ce crime", ont dénoncé des militants sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011". En revanche, la télévision publique syrienne a fait état de la poursuite de l'opération des troupes à Homs contre les "gangs terroristes".

Selon Amnesty International la situation à Homs "se transforme en une crise humanitaire majeure". Des rebelles syriens ont déclaré mercredi qu'ils avaient besoin d'armes - et non de soldats étrangers - pour renverser le régime de Bachar Al-Assad, au cours d'une conférence organisée dans un lieu proche de Damas et diffusée à Washington via internet. L'Armée syrienne libre (ASL) revendique quelque 40.000 combattants, déserteurs, selon eux, de l'armée régulière.

Avec AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Afifa Ismail

Mon Dieu quel massacre!je suis profondément indignée et je suis mal à l'aise quand je vois ces images dans les médias c'est insoutenable et inhumain. Tous ces hypocrites de l'ONU et du monde arabe laisse mourir ce peuple sous leurs yeux j'ai honte pour eux, je rêve du jour ou ce Bachar sera jugé pour crime contre l'humanité à lui seul il est plus horribles que tous les dictateurs.

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Walid Annabi

Un comportement suicidaire qui ne fera qu’attiser la haine des Syriens envers Al Assad. Ce n'est pas une incitation à le faire, mais dans ces conditions déjà, il risque d'être lynché. Puis on invoquera le secret qu'il aura emporté concernant El Hariri. Que Dieu préserve l'Algérie et tous les pays arabes.