La mondialisation : le cancer du capitalisme en phase terminale

La mondialisation : le cancer du capitalisme en phase terminale

Il arrive souvent à n’importe quel étudiant d’oublier le cours magistral parce qu’obnubilé par les fractionnements passionnants du détail dans les travaux pratiques.

Le capitalisme, en tant que modèle et formulations sociales dans l’exercice de la vie des êtres humains, nous enseigne admirablement cette méprise. Nous parlons du loup dans son ventre, du cyclone dans son oeil. Nous causons aujourd’hui de mondialisation, à l’école, dans le marché populaire, dans l’entreprise ou à l’université, comme s’il s’agit d’une découverte, d’une invention nouvelle, révolutionnaire, alignée sur le registre de la grande avancée de l’humanité vers son devenir. Les maîtres enseignent à leurs élèves que les premiers individus de l’espèce se sont formés en groupe dans la vallée du grand rift, en Afrique de l’est, avant de remonter vers le nord et commencer à avancer vers le reste du monde. Ils ne racontent pas qu’il s’agit là, dans le sens anthropologique pur, des premiers pas vers la mondialisation. De même pour ce moment de la découverte de la voile qui a permis de passer en masse de continent en continent.

Le pouvoir de l’or

Il n’y a pas une bibliothèque sur terre qui ne rapporte pas des grandes transhumances d’une contrée vers une autre où les hommes et les femmes transportent avec eux des habitudes innées ou apprises au contact de transhumances aussi. L’homme voyage avec sa langue, ses convictions et ses profits. Celui qui l’accueille, il le reçoit au moyen de ces trois arguments. C’est la plupart du temps la guerre qui décide à la place de l’échange de discours. C’est la culture bâtie sur la force qui a le plus de chance d’entamer les contours d’une civilisation. Tous les dogmes qui ont servi à asseoir les suprématies sur la planète ont pris appui sur les armes et sur la peur du pouvoir de celles-ci.

Mais toutes les civilisations n’avaient, en réalité, de valeur concrète sur les rapports de domination réelle que par le poids de leur possible à entasser l’or qu’elles extraient et fabriquent ou qu’elles s’en accaparent. Jusqu’à présent, l’Iran qui use de tous les subterfuges pour construire sa bombe atomique ne perd pas espoir de retrouver la fortune de Darius III, selon les historiens et la légende, enterré dans le Hamadhan. Réda Pahlavi, le chah, avait payé une fortune en matériels sophistiqués auprès des Américains pour le découvrir, sans résultat.

Les richesses de l’or aujourd’hui, ce sont les actifs dans les échanges commerciaux universels garantis par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. De tous les produits intérieurs bruts réunis du monde les Etats-Unis détiennent presque le cinquième (15.000 milliards de dollars sur 70..000). La Chine vient à la deuxième position avec à peu près 7000 milliards, l’Algérie avec 180 milliards.

Athènes, Rome, Bagdad ou Byzance, à leurs époques respectives, devaient détenir les mêmes proportions de richesse. Et chacune de ces puissances, selon ses possibilités d’influence sur son environnement proche ou lointain, possédait son appréciation spécifique pour son action sur le monde, pour sa mondialisation.

La puissance des armées et le mythe du chef

Mais le pouvoir, quelles qu’eussent été les bannières, appartenaient aux castes qui possédaient le nécessaire suffisant pour des armées puissantes et des modèles de gouvernance confortant et renouvelant leur suprématie. Une fraction n’accède au pouvoir en le maintenant pérenne que si et seulement si elle peut se réserver les moyens de le projeter sur la planète. Les dirigeants sortaient de élites parmi ces castes. Aujourd’hui, la Grèce d’Alexandre de Macédoine, Rome de Jules César, Bagdad de Haroun El Rachid, c’est Washington de la bannière étoilée, l’effigie du faucon pèlerin et la devise du in god we trust dont le verbe peut faire référence à la foi dans le culte, dans la confiance mais aussi dans les affaires.

On ne dit pas les Etats-Unis de Barak Obama ou de son prédécesseur, Georges Walker Bush, ni de celui qui lui succèdera, parce que les légendes n’ont désormais de valeur de nos jours que dans les distractions cinématographiques. Les gouvernants d’aujourd’hui sont du n’importe quoi. N’importe qui peut devenir président. L’Humanité est en ce début du troisième millénaire suffisamment imbue d’Histoire pour ne plus croire au mythe des héros meneur d’hommes, au culte des personnages, qui a tant bercé les imaginaires asservis, achevé d’exclusion par la pensée bourgeoise de la Révolution industrielle qui a fini par asseoir définitivement le capitalisme monétaire comme ultime moyen d’existence sur la planète.

Les récalcitrants naïfs qui en ont encore douté après la déflagration de l’empire soviétique se sont vite ressaisis après que d’anciens caciques du Politburo se mettent à acheter des grands clubs de foot et des châteaux en Europe. Le temps que Gorbatchev, le promoteur de l’ouverture au "monde libre" termine le bon à tirer de ses mémoires et pendant que des généraux de l’Armée rouge niais faisaient la queue pour percevoir leur solde, se prolifère-t-il, comme par une espèce d’enchantement, des paquets de milliardaires à Moscou, Saint-Pétersbourg, Irkoutsk ou même à Krasnodar, cette paisible ville du sud réputée par le good naturdness de ses habitants.

Les tribulations théâtrales de la mondialisation

C’est ce capitalisme monétaire qui peut faire qu’un groupe commercial russe constitué d’anciens communistes propose de racheter Djezzy, une filiale de télécommunication appartenant à un consortium affairiste égyptien, Orascom, cédé à un groupe, leader mondial dans les matériaux de construction, Lafarge, aujourd’hui en partenariat avec l’Algérie pour un joint-venture à propos de la réalisation d’une grande cimenterie à Oum el Bouaghi.

Vous voyez là la mondialisation où Paris s’invite dans une bourgade dont Aïn Beïda lui en voudra jusqu’à la fin des temps pour lui avoir chiper sa wilaya, comme Boussaâda pour M’sila, en s’apprêtant à démêler un contentieux avec des anciens soviets à cheval sur les scories d’une ancienne administration et le savoir-faire maffiosi. Ce qui ne veut pas dire que le géant cimentier planétaire a été à l’école canonique de la sainte-nitouche, de même pour les négociateurs algériens, rodant dans l’affaire pétris de possibilités de bakchich.

Pour revenir au cours magistral qui s’efface devant les travaux dirigés, la mondialisation théorique qui veut par tous les moyens laisser imaginer aux pauvres citoyens de la Terre que ce sont les Etats qui gouvernent le monde, les gouvernements respectifs des pays qui dirigent, elle leur chante la démocratie philosophique d’un système qui exclue leurs besoins réels. Elle leur dit qu’il y a la crise parce que le nécessaire aux énergies coûte cher et les produits alimentaires et de logement flambent. Elle évite de leur expliquer jusqu’à ce qu’ils le ressentent dans le péril de leur existence que ce n’est pas les populations du monde qui ne mangent pas à leur faim parce qu’elles ne savent pas travailler qui causent les tensions sur les économies mais ce sont les détenteurs de capitaux qui mangent pour dix, habitent pour cent et s’amusent pour mille en faisant bouffer, loger et se distraire les "dirigeants" des continents.

La partie décisive : Etats-Unis - Chine

Après avoir définitivement dressé les garde-fous, les limites de faisabilité politique, à ses castings de l’Administration, qu’ils soient présidents, souverains, chefs de gouvernement ou patron d’institutions officielles internationales, la mondialisation s’attaque en dernier ressort aux classes dirigeantes du Tiers-monde qui se sont jusqu’ici préservés des marges de liberté par rapport au rouleau compresseur de l’ultime démarche capitaliste : ne laisser aucun gouvernement du monde livré à lui-même. Mais qu’est-ce qui reste du Tiers-monde à part les Etats arabes plus ou moins forts de ses seuls dictateurs ? Le film du printemps arabe est inscrit dans cet épisode. Au bout du parcours, dans la prochaine décennie sans doute, il restera les Etats-Unis face à la Chine.

Vont-ils refaire un Yalta ? Y aura-t-il un Gorbatchev à Pékin ? En tout cas, Washington qui se permet de s’endetter ouvertement auprès des l’Empire du milieu doit déjà avoir commencé à mijoter quelque chose dans le sens d’un réveil vraiment mondialiste dans les provinces autour du Yangsi, du fleuve Jaune ou de l’Amour.

Mais il faut préciser que c’est l’Etat américain qui s’endette, ce ne sont pas ses groupes économiques qui le font. Ces groupes parmi lesquels ceux qui sont les plus grands vendeurs d’armes à leur pays. qui ne peut pas ne pas faire autrement que défendre leurs intérêts.

Nadir Bacha

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (2) | Réagir ?

avatar
Mohand ait mohand

Ben il est même pas datée cette article !

Moi je dirais, selon la technique du carttttton 14 que cette article date des débuts des années 70, du siècle dernier ! 71, 72 je dois pas me tromper de beaucoup!

Des idée venues d'un autres temps, comme quoi y a pas que les barbus à faire ça !

avatar
Ali Mansouri

Excellente analyse merci.