Dirigeants arabes : cuites les carottes ?

Dirigeants arabes : cuites les carottes ?

Les jeunes qui affrontent à mains nues les chars au Caire, Damas ou Sanaâ savent depuis longtemps qu'il n'y a rien à attendre de l'Occident, plutôt allié à leurs bourreaux que sensible à leur misère.

Quelques Algériens portant, comme un tatouage indélébile, la haine déversée par les populations égyptiennes, avec, à leur tête leurs journalistes, artistes et intellectuels entre les deux matchs du Caire et de Khartoum ayant opposé nos deux pays, lors des éliminatoires de la coupe du monde 2010, doivent se dire aujourd'hui que le sang coule à profusion sur le sol des pharaons : tant pis !

Il est à souhaiter que ce genre de pensées ignominieuses n'effleurent pas grand monde. Paradoxalement, au moment où des dizaines d'Egyptiens tombent sous les balles de leurs soldats ou les lames des laquais de son état-major, c'est tout un peuple qui est en train de renaître à la vie, de reconquérir sa dignité.

Comme à la triste époque de Pinochet, c'est dans un stade que ceux qui ont perdu leurs culottes dans les sables du Sinaï en 1967 et 1973 ont tendu un traquenard à leur jeunesse. Soixante-quatorze morts et mille blessés. Qui pourrait croire que la seule rivalité entre les supporters des clubs d'Al Masri (Port-Saïd) et d'Al Ahli (Le Caire) peut engendrer une telle boucherie ? Les observateurs les plus naïfs ont décelé dans les minutes qui ont suivi l'annonce du premier bilan la main de la junte qui a confisqué la révolution de la place Tahrir. Les Frères Musulmans aujourd'hui coalisés avec les militaires, et demain, sans doute, maîtres du pays, accusent, pour leur part, les partisans de Moubarak. Position confortable, sans risque, lâche. C'est connu, les religieux, aussi extrémistes soient-ils, font toujours de l'aplatventrisme quand ils ne plantent pas dans le dos.

Hier, vendredi au moment où deux nouvelles victimes de la répression tombaient au Caire à la suite des deux disparus la veille à Suez, France 5 programmait un reportage sur les boîtes de nuit de Charm El Cheikh et les fonds marins de la mer Rouge, le tout agrémenté de quelques séquences de … danse du ventre ! Surréaliste ! À chacun sa façon de s'émouvoir … Les jeunes qui affrontent à mains nues les chars au Caire, Damas ou Sanaâ savent depuis longtemps qu'il n'y a rien à attendre de l'Occident, plutôt allié à leurs bourreaux que sensible à leur misère.

L'Union européenne réclame du bout des lèvres une commission indépendante sur le massacre de Port-Saïd. Anecdotique ! La FIFA, bizarrement, est aux abonnés absents. Affligeant ! Le crime s'est déroulé dans stade de foute, pardi !

Dans le but inavoué mais facilement palpable de réinstaurer l'état d'urgence pour prolonger leur bail à la tête du pays, les membres de la junte de Tantaoui ont usé d'un méthode régulièrement expérimentée par les gouvernants des pays arabes, ces insatiables affamés de pouvoir. Ils ont utilisé des baltaguias, ces gueux qu'on corrompt et qu'on enflamme avant de lancer à l'assaut d'autres gueux qu'une grande soif de liberté jette sporadiquement dans la rue.

Alger a souvent vu à l'œuvre ces petits voyous, supplétifs des forces du désordre. La police algérienne excelle dans l'art de la manipulation des désœuvrés. Jusque-là, l'Algérien était réputé pour inventé la guérilla urbaine. Le film de Pontecorvo La bataille d'Alger est projetée dans chaque nouvelle promotion des Marins dans les casernes américaines ! Désormais, il peut s'enorgueillir d'avoir donné naissance à un concept: celui de baltagui, pion faisant parti d'un corps de lâches, à la solde de tous ceux qui portent bottes et uniforme.

Est-il utile de s'interroger sur ce qui motive les dirigeants arabes pour s'acharner autant à vouloir rester scotchés à leurs fauteuils, ou, à défaut, à le transmettre à leurs rejetons ? La réponse est à chercher – c'est à mourir de rire – du côté de la Bible : Ce sont de fervents adeptes des sept péchés capitaux !

Sinon comment expliquer les placards blindés de dollars de Ben Ali et le pillage systématique des sols et sous-sols des pays qu'ils dirigent ?

Leur insatiabilité n'a d'égal que leur aveuglement. Alliés aux islamistes qui attendaient leur heure en Égypte, en Tunisie ou en Libye, acoquinés avec les assassins repentis en Algérie, ils pensent pouvoir continuer à téter le sang de leurs terres indéfiniment. La rue s'entête, elle, à leur dire de dégager. Si Bouteflika, pour l'Algérie, est à l'abri de son cancer, ses successeurs ont tout intérêt à se le tenir pour dit : les carottes son presque cuites !

Meziane Ourad

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Commentaires (3) | Réagir ?

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hachem touabi

Il y a des stades où les citoyens s’expriment pacifiquement. Ce fut le cas des Berbères en 1977 au stade du 05 Juillet face au dictateur Boumediene! Les arabes d’Égypte comme ceux de la Libye et de la Tunisie ont un demi siècle de retard par rapport aux Kabyles en ce qui a attrait aux luttes démocratiques. Ironie du sort, certains intellectuels (les) algériens proposent « le printemps arabes! » comme voie de sortie de crise? Rappelons que les tentatives d’intoxication du peuple berbère par le nassérisme jointes aux sornettes de Hassan El Bana avaient été lourdes de conséquence pour la Kabylie et l’école algérienne. Cela étant dit, les Égyptiens doivent remonter les chemins abyssaux de leur propre inconscience et nous les soutenons au nom de la vérité. Les sept péchés capitaux dites-vous? Les thèses moyenâgeuses du catholicisme et de l’Islam; je les expérimente au quotidien. C’est une réalité tangible. Comment procèdent-ils face à cette voix qui jailli en moi ? Pour ne pas afficher leur jalousie chronique; ils s’échangent des niaiseries implicites, indirectes à longueur de journée car incapables d’engager une conversation franche et ce, dans un milieu professionnel SVP ? Le harcèlement psychologique est renvoyé aux calendes grecques par ceux mêmes sensés l’exhiber sur un tableau d’affichage. La télépathie, c’est une question à trancher en cour de justice; Merci. C'est une affaire trop sérieuse pour qu'elle soit livrée aux canidés. Certains adversaires politiques qui lisent tous les commentaires me reprochent une écriture hors sujet!!! Non. Désolé. Je passe souvent des ‘messages personnels’ parfois intelligemment, parfois ouvertement, à travers mes commentaires car je suis constamment épié. Et puis, nous écrivons dans un journal d’expression libre. Suis-je en mesure d’écrire une chronique hebdomadaire ? Oui. Y compris sa traduction en langue de l’oncle Sam. Revenons à l’article : Que se passe-t-il dans les pays sous-développés : une boucherie. Comment peuvent-ils prêcher ces boucheries au nom de la spiritualité ? Et portant leurs adeptes augmentent chaque jour. Ils sont rabes et non Berbères : Il faut séparer la bonne graine de la mauvaise au nom de la sainte vérité…Chrétiennement votre.

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Ali Mansouri

Cet article reflète la vérité, mais il ne dit pas que la violence est une caractéristique des peuples opprimés et sous développés à cause du colonialisme et néo colonialisme, la main mise des impérialistes est toujours présente soit directement soit par l'intermédiaire des pions dictateurs qu'il a placés au sein des pays du tiers monde.. Faut-il rappeler que les algériens ont subi la triste expérience egyptienne, quand tout un peuple chauffé à blanc s'est acharné sur la communauté algérienne vivant en Egypte pour une affaire stupide de foot. Le peuple egyptien, les médias egyptiens, le régime egyptien se sont acharnés sur l'Algérie comme des fous furieux, ils n'ont épargné ni son histoire, ni sa révolution, ni notre équipe de foot, ni le peuple algérien en général qu'ils ont traité de terroristes, d'égorgeurs, de tous les noms, tout était mis à contribution pour le déferlement de haine sur l'Algérie, son peuple, mais on constate l'histoire se répète au sein même du peuple egyptien, comme on dit chassez le naturel il revient aux galops, le peuple égyptien a réussi peut-être à chasser Moubarak, mais le régime est resté intact, cette fois ce sont les Egyptiens si haineux envers l'Algérie qui s'entretuent pour la même chose le foot. Avec un tel incivisme, un tel comportement, la démocratie, le civisme, le développement en Egypte ne seront pas pour demain. Les Egyptiens ont chassé un dictateur du pouvoir mais ont voté pour l'obsurantisme islamiste au même titre que les tunisiens qu'on croyait laïcs, ouverts, mais chassez le naturel il revient aux galops le développement des esprits, la démocratie ne sont pas pour demain non plus dans ce pays qui nous a donné de faux espoir, l'islamisme ne s'est jamais aussi bien porté dans ce pays pauvre Tunisie pauvre Egypte. Dans ce dernier pays, malheureusement l'histoire se répète au sein des Egyptiens même, après avoir massacré les Algériens, voilà qu'ils se massacrent entre eux, c'est facile de pointer le doigt sur les autorités quand on manque de civisme soit-même n'est-ce pas.

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