Un match vire au massacre en Egypte : 73 morts

Les Frères musulmans accusent les partisans de l'ancien régime d'être derrière ces violences.
Les Frères musulmans accusent les partisans de l'ancien régime d'être derrière ces violences.

Des violences, attribuées par les Frères musulmans aux partisans de l'ancien président Hosni Moubarak, ont fait au moins 73 morts mercredi soir après un match de football entre deux équipes égyptiennes à Port Saïd (nord).

"L'armée a déployé des troupes à Port-Saïd pour empêcher d'autres affrontements entre supporters", selon la télévision d'Etat. Le dernier bilan communiqué par le ministère de la Santé fait état de 74 morts au moins, dont un policier. Ce décompte, encore provisoire, en fait l'un des matches de football les plus meurtriers de l'histoire.

"Les heurts ayant éclaté après le match entre les équipes d'Al-Masry et Al-Ahly ont fait 73 morts", a déclaré le vice-ministre de la Santé Helmy al-Hefny. Ils ont également fait des centaines de blessés, selon des informations recueillies par l'AFP auprès des hôpitaux de Port-Saïd. Des sources médicales ont indiqué que le bilan pourrait encore s'alourdir, des ambulances continuant de ramener des blessés du stade. Des supporteurs se sont affrontés à coups de poings, et selon de sources médicales, plusieurs sont morts ou ont été blessés à l'arme blanche.

Les heurts ont commencé après que l'arbitre a sifflé la fin du match au cours duquel Al-Masry a fait subir à Al-Ahly, un des meilleurs clubs d'Egypte, sa première défaite (3-1) de la saison, à la 17e journée du championnat national. Des centaines de supporteurs d'Al-Masry, un club de Port-Saïd, ont envahi le terrain et ont commencé à lancer des pierres et des bouteilles contre ceux d'al-Ahly, une équipe du Caire, déclenchant les violences, selon des témoins et un photographe de l'AFP.

Les Frères musulmans, grands vainqueurs des dernières élections, ont accusé les partisans du président déchu Hosni Moubarak d'être responsables des violences. "Les événements de Port-Saïd ont été planifiés et sont un message des partisans de l'ancien régime", a affirmé le député Essam al-Erian dans un communiqué publié sur le site internet du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique de la confrérie. Il a déclaré que l'Assemblée du peuple, dominée par les Frères, allait demander au ministre de l'Intérieur et aux responsables de la sécurité d'"assumer pleinement leurs responsabilités". Le député libéral Amr Hamzawi a appelé de son côté au limogeage immédiat du ministre de l'Intérieur, de même que du gouverneur et du chef de la sécurité de Port-Saïd.

Le maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées, au pouvoir depuis la chute en février 2011 de Hosni Moubarak sous la pression de la rue, a envoyé deux avions militaires à Port-Saïd pour évacuer les joueurs et les blessés, a rapporté la télévision d'Etat. Le procureur général Abdel Meguid Mahmoud a ordonné une enquête immédiate, selon la télévision égyptienne.

Le président du Parlement Saad al-Katatni, membre des Frères musulmans, a indiqué que l'Assemblée du peuple tiendrait une session extraordinaire jeudi à 11h00 locales (0h900 GMT) pour discuter des événements. La télévision d'Etat a montré des images de chaos dans le stade, des supporteurs courant dans toutes les directions. Des photos de joueurs en sang circulaient également sur internet. Les magasins dans la ville de Port-Saïd, située à l'entrée nord du canal de Suez, ont baissé leurs rideaux, tandis que des particuliers aidaient à transporter les blessés dans leurs voitures. Des coups de feu ont été entendus sur la route menant de Port-Saïd au Caire.

Dans le même temps, un incendie s'est déclaré au stade du Caire lors du match oppposant Al-Zamalek au club Ismaïly amenant les responsables à annuler la partie. L'incendie a été maîtrisé, a indiqué un responsable de la sécurité. Depuis la chute de Hosni Moubarak il y a bientôt un an, l'Egypte a connu des troubles sporadiques et parfois meurtriers, associés à une hausse de l'insécurité liée notamment à un désengagement de la police, qui a été fortement critiquée pour avoir réprimé les manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier-février 2011. Plus tôt mercredi, des hommes armés ont attaqué une société de transfert de fonds au Caire, selon l'agence de presse officielle Mena, portant à cinq le nombre de vols à main armée en moins d'une semaine dans un pays auparavant peu habitué à ce type d'incidents.

Dans la capitale, qui compte 20 millions d'habitants, les vols notamment de voitures se sont multipliés depuis un an.

Avec AFP

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