Quant aux 200.000 victimes algériennes tombées dans un oubli sidéral, suite à une tragédie dont on nous interdit de parler, leurs assassins auront le temps de vivre et de procéder à des rythmes d'ablutions salvateurs, en attendant le jugement des tribunaux d'Allah.

Les implications d’une telle enquête, si elle venait à avoir lieu, risque d’avoir des conséquences incalculables pour l’image, déjà peu reluisante, de l’armée algérienne, eu égard aux comportements immoraux de généraux pervers, qui poussent l’impudence jusqu’à se rendre en Suisse pour soigner une addiction à la cigarette, pendant que les enfants du peuple souffrent et meurent dans une indifférence insoutenable de la part des pouvoirs publics. Bien entendu, s’il ne s’agissait que de démontrer une bavure, toutes les armées du monde en ont fait et en font encore, sans conséquence majeure pour leur image ! Mais là où les choses se compliquent, ce sont ces crânes retrouvés au bord d’une route. Comment expliquer et justifier l’acte barbare qui a suivi cette bavure, si bavure il y a évidemment, pour que des têtes se retrouvent ainsi tranchées et déplacées du reste des corps ?

Nous savons les barbares du FIS et de ses tentacules capables de telles bestialités, mais de là à découvrir que des soldats du peuple se sont adonnés à de tels actes ignobles, c’est faire aveu de bestialité collective et offrir au monde l’image de parents (armée-FLN) encore plus immondes que le FIS qu’ils ont procréé.

Je n’aime pas les militaires, car ils sont les premiers responsables de la faillite algérienne, mais sur ce coup, j’avoue qu’il serait préférable de laisser "l'bir-baghtah", car si le monde venait à découvrir que les supposés protecteurs du peuple sont aussi barbares que les islamistes qu'ils ont combattus, il n’y aurait plus aucune raison d’empêcher ces derniers de prendre le pouvoir et de continuer l’œuvre satanique de ceux qui les ont enfantés. Avec pour corollaire pour nous, celui de voir s’effacer, sous nos yeux, l’idée que nous nous faisons d’une armée républicaine au service du peuple.

Évidemment, l’inculpation des militaires constituerait l’épilogue du rêve de Bouteflika le Taliban, car cela lui permettrait de jouir de toute latitude nécessaire pour finaliser le projet auquel il aspire depuis 1999, quand il annonçait se sentir plus proche des islamistes que des démocrates. Les militaires discrédités et écartés, plus rien ne se dressera entre lui et son rêve de gouverner aux côtés des islamistes, et tout-contre Allah, et ainsi étouffer le dernier souffle de liberté qui maintient encore en vie notre pays !

Pensez-y, s’il reste encore des "hadharates" dignes de ce nom dans notre armée ! Si tant est que l'on accepte enfin l'idée qu'un état ne peut se construire avec une combinaison de "hogra" qui broie le quotidien du citoyen, pris en tenailles entre la dictature physique du pouvoir et la dictature "sipirituello-intellectuelle" des intégristes.

Kacem Madani