Avec Le Glacis, Monique Rivet nous plonge en plein guerre d'Algérie

Avec Le Glacis, Monique Rivet nous plonge en plein guerre d'Algérie

Dans son dernier roman, Le Glacis, paru en janvier aux éditions Métailié, Monique Rivet s’est plongée dans la guerre d’Algérie.

Ce roman écrit avec des touches de grande sensibilité est un voyage dans cette Algérie déchirée par la dernière guerre coloniale française. Ce conflit qu'on appelait avec cynisme en France jusqu'à ces dernières années les "événements de l'Algérie". Sous le regard de Laure, une jeune enseignante française, arrivée de la Métropole dans un lycée oranais, l’auteur nous replonge dans ce monde de violence crue, brute, empreinte de racisme, où les rapports humains sont plein de suspicion. "Le Glacis, au nord de la ville, c’était une grande avenue plantée d’acacias qui séparait la ville européenne de la ville indigène. Une frontière non officielle, franchie par qui voulait et gravée pourtant dans les esprits de tous comme une limite incontestable, naturelle, pour ainsi dire, à l’instar d’une rivière ou d’une orée de forêt".

Laure, cette jeune femme de 22 ans, se retrouve malgré elle plongée dans ce pays aux codes par trop complexes pour elle. La guerre, Laure, l’idéaliste, elle l’a subie de plein fouet, même si elle refuse de choisir son camp. Même si elle pense que "la colonisation est un crime". Avec son naturel, son propos libre dénué de calculs, Laure refuse de choisir son camp. Pour autant, elle fut soupçonnée de soutien au FLN. Mais pour Laure, il n’y a pas que la guerre, dans le déferlement de tueries, elle y a aussi l’amour pour cette fraîche enseignante. Cet amour, elle le cultive avec un Espagnol. Pas n’importe lequel. Car contrairement à ce qu’on pourrait soupçonner, Felipe travaille pour le Front de libération nationale. Autrement dit, les nationalistes algériens. Un engagement que l’amoureuse n’apprendra que par hasard. "Ce pays, je ne lui appartenais pas, je m'y trouvais par hasard. J'y étais de guingois avec tout, choses et gens, frappée d'une frilosité à fleur de peau, incapable d'adhérer à aucun des mouvements qui s'y affrontaient. Cette guerre, je ne la reconnaissais pas, elle n'était pas la mienne.

"Je la repoussais de toutes mes forces. Si j'avais eu à la faire… s'il avait fallu que je la fasse, aurais-je pu la faire aux côtés des miens ?" Monique Rivet avait l'âge de Laure quand elle a écrit ce livre de 144 pages, vibrant, sobre et vital, témoin de son regard de femme très jeune sur une guerre que personne ne voulait reconnaître. Ce roman n'a lamais été publié auparavant, peut-on lire sur la quatrième de couverture..

Ce texte plein de sobriété a presque l’âge de l’indépendance algérienne. Monique Rivet l’a écrit sans penser le publier. L’écriture est ici simple, claire, sans emphase. Le Glacis évoque ce climat de terreur de ce que fut la guerre d’Algérie. Le roman est celui d’un auteur qui connaît presque intimement cette période de l’histoire algérienne. Le Glacis est un roman de bon augure pour la célébration de cinquante ans de la fin de la guerre d’Algérie.

Kassia G.-A.

Le Glacis de Monique Rivet, paru chez Métailié

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Atala Atlale

Kassia

Le dilemme de Laure c'est un peu le le drame cornélien, peut-être qu'il faut parler de tragédie, car Laure est confrontée à des situations apparemment sans issue qui s'opposent à l'honneur et à l'amour. Mais je pourrais en dire plus une fois que je aurai lu "Le Glacis". "Les porteurs de valises" ont bien eu un débat de conscience, mais leurs principes et idéaux de justice et de liberté ont prévalu.

M. A.

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Atala Atlale

@ Kassia :

La guerre mémorielle a-t-elle commenc entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale ?

Les souvenirs de guerre et ses atrocités remontent la veille de ce cinquantenaire. La France reconnaîtra-t-elle ses crimes commis durant la colonisation, dont les principaux acteurs portaient jusqu’à l’indépendance le nom de nos rues et autres édifices. Les sinistres Bugeaud, Pélissier et autres pour leurs massacres de populations civiles, enfumades, viols, tortures. Le poète Lamartine avait dénoncé ces actes barbares en 1846. La France a-t-elle deux visages celle des droits de l’homme et l’autre hideux ?

M. A.

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