Libye : le vice-président du CNT poussé à la porte

Abdelhafidh Ghoga, vice président du CNT
Abdelhafidh Ghoga, vice président du CNT

Le chef des nouvelles autorités libyennes, Moustapha Abdeljalil, a exclu dimanche une démission du Conseil national de transition (CNT), qui fait face à une crise politique ayant contraint son numéro deux à jeter l'éponge.

Sous la pression de la rue, le CNT a également reporté l'adoption de la loi électorale qui régira l'élection d'une assemblée constituante en juin, au lendemain du saccage de son siège à Benghazi, le berceau de la révolution dans l'est du pays. Il s'agit de la première crise politique depuis que les nouveaux dirigeants ont pris les rênes du pays.

Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a toutefois écarté une éventuelle démission du Conseil, mettant en garde contre une guerre civile et accusant des "mains cachées" d'être derrière les dernières violences. "Nous ne démissionnerons pas car elle (la démission) mènerait à une guerre civile", a déclaré M. Abdeljalil dans une interview à la télévision libyenne Libya Al-Hurra (Libye libre). M. Ghoga a annoncé dimanche qu'il démissionnait "dans l'intérêt de la nation", après la multiplication des appels à son départ et son agression jeudi.

"Après la fin de la guerre de libération, une atmosphère de haine qui ne sert pas l'intérêt national a commencé à dominer", a-t-il expliqué à l'AFP. "L'important est de préserver le CNT. Nous ne voulons pas que notre pays glisse vers le chaos (...) car cette étape est critique, pas moins critique que celle qui l'a précédée", a-t-il ajouté. M. Abdeljalil a tenu à lui rendre hommage, en affirmant que M. Ghoga avait "choisi la patrie avant sa personne" et avait soutenu la révolution pendant que d'autres "étaient en Egypte ou ailleurs, cachés".

Samedi, des grenades artisanales avaient été jetées sur le siège du CNT à Benghazi avant que des centaines de manifestants ne l'envahissent et ne mettent le feu à sa façade. Le CNT, qui devait tenir une conférence de presse dimanche pour annoncer l'adoption de la loi électorale, a été contraint de se réunir dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité après les incidents de la veille, a déclaré à l'AFP Salwa al-Digheili, chargée des affaires juridiques au CNT.

"La loi électorale devait être annoncée dimanche mais certains articles doivent être réexaminés. La loi va être adoptée le 28 janvier", a affirmé à l'AFP Abderrazak Al-Aradi, un autre membre du CNT, en ajoutant qu'une commission électorale de 17 membres avait en revanche été formée. Ce report doit être consacré à prendre l'avis d'organisations de la société civile et d'experts, certains articles du projet de loi publié sur internet ayant été contestés, comme celui réservant 10% des sièges de l'assemblée aux femmes, selon lui.

"Le CNT se dirige vers son abandon, comme l'ont demandé beaucoup de gens. La majorité des réactions sont négatives. Le principe de la discrimination positive n'a pas été compris", a-t-il expliqué. Un nouveau projet amendé de cette loi, publié en soirée sur la page Facebook officielle du CNT, ne fait plus aucune référence au quota. L'article concernant le mode de scrutin et celui qui interdit aux personnes ayant occupé un poste de responsabilité sous Mouammar Kadhafi de se présenter doivent eux aussi faire l'objet de nouvelles discussions, selon M. Al-Aradi.

Par ailleurs, au moins 4.000 étudiants libyens ont manifesté dimanche à Benghazi pour protester contre l'arrestation de 11 de leurs camarades après l'agression du vice-président du CNT dans leur université, a rapporté un correspondant de l'AFP. Régulièrement accusé par des manifestants d'être un "opportuniste" et d'avoir fait partie du régime de Kadhafi, Abdelhafidh Ghoga avait été pris à parti et agressé jeudi à l'Université de Ghar Younès, à Benghazi.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
ali chemlal

Il ne suffit pas de changer d'habits pour devenir un révolutionnaire ; pour M. Abdeljalil et son équipe qui ont servi d'alibi à l'alliance atlantique pour s'attaquer, à la Libye. Lui même a fait partie du régime Kadhafi durant plusieurs années, il a été le fidèle parmi les fidèles et a commis autant de fautes à l'égard des Libyens, ce qui le met hors jeux dans l' établissement d'une démocratie les massacres de civils et la destruction des principales villes libyennes ne plaident en rien pour une soi-disant réconciliation. Le peuple a trop souffert pour pardonner aussi vite. Mais la reprise des hostilités n'augure rien de bon puisque les commanditaires de ce conflit n'attendent que ça pour prétexter une intervention, pour pacifier le pays.