La Russie soutient toujours l'Iran et la Syrie

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.
Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

La Russie a rejeté mercredi la stratégie occidentale de sanctions contre son allié syrien en proie à une révolte populaire et le programme nucléaire de Téhéran, reprochant notamment à l'Occident de chercher à "asphyxier" l'économie iranienne.

Au cours d'une conférence de presse à Moscou, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti que la Russie, opposée à toute sanction et intervention extérieure en Syrie, était prête à user de son droit de veto en tant que membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

"Nous ne soutiendrons aucune sanction" contre Damas, a déclaré M. Lavrov, ajoutant que tout Etat qui souhaite une intervention militaire en Syrie ne recevrait "aucun mandat du Conseil de sécurité de l'ONU". En conséquence, la Russie bloquera toute proposition visant à recourir à une intervention militaire en Syrie, a prévenu M. Lavrov, alors que la politique étrangère russe devient selon les analystes plus intransigeante à l'approche de la présidentielle de mars et le retour attendu de Vladimir Poutine au Kremlin.

Si des Etats veulent "à tout prix recourir à la force, il est peu probable que nous puissions nous y opposer. Mais que cela reste à leur propre initiative et relève de leur conscience. Ils n'auront aucun mandat du Conseil de sécurité de l'ONU", a ajouté M. Lavrov.

Ces déclarations interviennent après les propos de l'émir du Qatar qui s'est dit favorable samedi à l'envoi de troupes arabes en Syrie pour "mettre fin à la tuerie" dans ce pays secoué depuis dix mois par une révolte populaire réprimée dans le sang, la première prise de position de ce type d'un dirigeant arabe.

Allié traditionnel de Damas, la Russie a jusqu'ici bloqué tous les projets de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression de la contestation par le régime du président Bachar al-Assad.

M. Lavrov a par ailleurs critiqué les nouvelles sanctions prévues par l'Occident contre l'Iran et estimé qu'une éventuelle intervention militaire étrangère dans ce pays serait une "catastrophe avec les plus graves conséquences".

"Les nouvelles sanctions unilatérales contre l'Iran n'ont rien à voir avec le désir de lutter contre la prolifération nucléaire. Cela a été bien réfléchi dans le but d'asphyxier l'économie iranienne et d'aggraver la situation de la population", a estimé M. Lavrov.

L'Europe et les Etats-Unis ont durci leurs sanctions contre l'Iran du fait de son programme nucléaire controversé après l'adoption par le conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une résolution contre Téhéran.

M. Lavrov a également estimé que les sanctions imposées par l'UE et les Etats-Unis à la République islamique avaient pour but de faire échouer de nouveaux pourparlers internationaux sur le programme nucléaire iranien, soupçonné par les Occidentaux d'avoir des objectifs militaires, ce que Téhéran nie. "L'Iran attend maintenant une délégation (de l'AIEA) pour aborder les problèmes sérieux", a observé M. Lavrov, soulignant que les sanctions pouvaient "difficilement améliorer l'atmosphère ou faire en sorte que les discussions soient productives".

Par ailleurs, M. Lavrov a indiqué que la Russie n'avait pas à s'expliquer sur la livraison récente à la Syrie d'une "cargaison dangereuse" à bord d'un bateau qui, selon les médias russes, aurait pu transporter jusqu'à 60 tonnes d'armes et d'équipements militaires.

"Nous ne jugeons pas nécessaire de nous expliquer ou de nous justifier parce que nous ne violons aucun accord international, aucune résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous vendons à la Syrie ce qui n'est pas interdit par le droit international", a lancé M. Lavrov, dont le pays est le premier fournisseur d'armes à Damas.

Avec AFP

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