Nouvel an Yennayer : comment le fêter

Nouvel an Yennayer :  comment le fêter

Les rites de la célébration du nouvel an amazigh Yennayer et sa symbolique, dans les quatre coins du pays, ont été mis en exergue, jeudi, lors d'une rencontre animée par des chercheurs et ethnologues à Alger. Les spécialistes ont évoqué les aspects festif et légendaire de Yennayer, fête marquant le début du calendrier amazigh et qui est étroitement lié aux changements de saisons et les différents cycles de végétation et qui s'ouvre le 12 janvier de chaque année. L'écrivain Saïd Bouterfa a préféré rappeler les origines et les fondements essentiels de la fête de Yennayer, célébrée, selon lui, depuis les temps les plus anciens de l'humanité, au lieu de se limiter à l'aspect "folklorique" de cette manifestation ancestrale.
Il a souligné que le dimension symbolique de Yennayer qui, cette année inaugure l'an 2958 du calendrier amazigh, puise essentiellement ses sources du "profond" lien existant entre l'homme et la nature et ses forces (pluies, froid, vents...etc.). M. Bouterfa a expliqué que la symbolique de Yennayer est un sujet "très vaste" du fait qu'elle était présente dans les sociétés primitives, affirmant que les rites de cette fête se croisent avec la dimension agricole au vue de "la sacralité" de la terre pour l'homme. Il a aussi indiqué que l'accueil d'une nouvelle année a existé "partout" dans le pays, par de nombreux rites qui prennent comme origines, des croyances anciennes ayant comme objectif de se prémunir contre les menaces de la nature, comme la sécheresse, les épidémies, la famine, par la présentation d'offrandes à la terre.
De son coté, l'ethnologue des régions sahariennes, M. Badi Dida a indiqué que la fête de Yennayer est appelée en Tamacheq "Ighef N'Awatayi", précisant qu'elle est célébrée différemment entre les touareg nomades et les sédentaires. Pour les touaregs sédentaires, le principal évènement organisé pour accueillir la nouvelle année est, selon M. Dida, la danse de la Sbeïba dont les chorégraphies représentent la succession des saisons, accompagnées de textes chantés tirés du répertoire agraire targui.
Pour leur part, les touareg nomades, fêtent le nouvel an ou Tafaski en tamacheq par le Tindi, en exécutant des danses et des chants en rapport avec la terre et la chronologie du nomadisme, a-t-il dit.
Le chercheur Nacer Bourdouz a évoqué quant à lui, la célébration de Yennayer dans la région de Chenoua (W.Tipaza) en mettant en exergue les différentes actions, telles que la préparation du pain à base d'herbes sauvages, l'interdiction de manger tout ce qui est acide ou piquant le soir du nouvel an, l'offre de friandises aux enfants, composées de fruits secs, noix, glands et amendes.
Il a tenu à souligner que même si Yennayer n'est pas une fête musulmane, celle-ci, "a pu s'adapter avec l'islam et changé d'aspects à travers les temps", précisant qu'il s'agit, actuellement, d'une occasion pour s'échanger les voeux et les visites et rassembler les familles.
La célébration de la fête de Yennayer dans la région de M'zab (W. Ghardaïa) a, également, était expliquée par le chercheur Nouh Mefnoun Ahmed qui a indiqué que cette manifestation est une fête familiale et non publique.

Que signifie Yennayer ?

Premier mois du calendrier amazigh (qui compte une avance de 950 ans sur le calendrier universel) dont le 1er jour correspond au 12 janvier du calendrier grégorien, Yennayer —qui se compose de « yen » qui veut dire premier et de « ayer » qui signifie mois— est célébré chaque année dans le pays sous diverses appellations comme « Ras el âm », « Nayer » ou « El Adjouza »… C’est le premier mois d’un calendrier d’essence agraire, subdivisé en 365 jours sur 12 mois, qui présentent les avantages pour un peuple d’agriculteurs de désigner les périodes des travaux agricoles en concordance avec la météo, ainsi que les périodes des différentes reproductions animales.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci pour les informations

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Amar Ath Tsouathi

'Nayer' est une fierté culturelle qui vient de loin. Preuve que nos ancetres étaient bien partis pour le modernisme. Cela dit, la situation finale médiocre où nous nous débattons n'est que le fruit des colonisations, dont la plus reductrice reste l'arabo-islamisme.

Cette fête devrait être relevée au titre de fête nationale depuis longtemps mais le clan de Oujda en a décidé autrement. Une autre preuve de coloialisme. A bon entendeur...

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