L’âne, le bouc émissaire et le maître

La femme, l'éternel souffre-douleur de l'homme, fera-t-elle les frais des récentes "révolution" ?
La femme, l'éternel souffre-douleur de l'homme, fera-t-elle les frais des récentes "révolution" ?

Pendant que l'Algérie s'emmure dans son exception, le monde bouge. Même la très fermée dictature birmane est en train d'opérer les réformes démocratiques les plus inattendues.

On a demandé à un colonel birman pourquoi la Birmanie fait toutes ces réformes alors que ses rues se sont tues depuis pas mal de temps et que sa population s’est résignée à endosser en deuxième peau la chape de plomb militaire, il a eu cette réponse : "On a peur que ce qui s’est passé en Libye et en Syrie nous arrive !". Le Printemps arabe a donc réussi à fleurir dans le pays des moines no zen, la Birmanie, et sans doute demain en Corée du Nord malgré des immolés à 100% Arabes. Cette contagion a toujours eu lieu dans l’histoire des hommes, en Europe avec mai 68 et les guerres de libération, en Amérique avec la lutte des femmes et des esclaves noirs… Mais maintenant le cas arabe pose problème pour les musulmans non islamisés qui ont fait le Printemps. Ben Ali est parti et les 40% des islamistes au pouvoir n’ont réussi qu’à se faire élire et voiler un peu plus de Tunisiennes. Même la policière censée avoir donné une gifle à Bouazizi a troqué sa casquette par un foulard. Sur le plateau de France 2 ce samedi, on découvre qu’il n’y a pas eu de gifle et que le symbole du Jasmin, orphelin de père à 3 ans n’a jamais mis les pieds dans un lycée encore moins à l’université, obligé de subvenir aux besoins de sa famille à l’âge où ses copains jouaient au ballon dans la rue. Face à la camera sa mère, convaincue et convaincante, a lancé aux journalistes de la 2 médusés : "Si mon fils avait été frappé par un homme il ne se serait jamais suicidé, mais par une femme, jamais …" Le micro passe de la famille aux amis aux témoins tous expliquent avec forte dose de "rajla" que seule une gifle donnée par une main féminine était capable d’embraser une société conservatrice. Un porte-parole de l’ancien régime caché quelque part à Tunis leur a donné raison : "Le système avait l’armée et la police, eux ils n’avaient rien, c’est normal qu’ils utilisent n’importe quelle arme… " Pour ce mensonge "révolutionnaire" la malchanceuse policière a passé 4 mois derrière les barreaux. Un blogueur très actif qui a donné à Al Jazeera la fausse information d’un Bouazizi universitaire afin de mobiliser les diplômés chômeurs s’est défendu avec le proverbe de la fin qui justifie les moyens. Mais les mauvais moyens donnent parfois un goût amer à la fin, âmes sensibles s’abstenir.

Essayer de résoudre une crise en sacrifiant la femme est une ruse que tous les despotes ont utilisée pour recruter leur chair à canon sans souci de pénurie et en sus pour détourner l’attention des vrais problèmes. Ni les massacres d’enfants ni le viol des filles par les terroristes, ni les scandales financiers la hogra des caïds, ni les hôpitaux cimetières ni les salaires mirobolants de nos "ovnis" politicards n’ont réussi à réveiller les rues d’Alger comme cette écervelée en short se baladant avec son petit ami comme si elle était en Suède. Son père ne doit pas appartenir à la haute classe sinon elle aurait préféré les Champs Elysées pour s’oxygéner, ni le citoyen lambda dont les filles sont généralement voilées et discrètes à souhait. Certes il fut un temps où l’Algérois analphabète voyait des femmes en mini, en bikini, inonder son champ de vision sans piquer son apoplexie, des terrasses où le vin coulait à flots sans qu’il hurle à la malédiction divine. Ces "sans honte" pouvaient aller se promener dans une forêt sans garde de corps, escalader une montagne à des dizaines de kilomètres de chez elles sans risque de faire une mauvaise rencontre. Nos bergers et paysans qui n’avaient jamais connu l’école ni le féminisme ni les droits de l’homme étaient aussi dangereux que la chèvre de monsieur Seguin. On voit de nos jours que si l’habit ne fait pas le moine, il ne fait pas la protection ni l’instruction. C’est la politique qui fait et défait les foules. En un mot, cette révolution arabe semble se faire au profit des islamistes qui profitent eux de la faiblesse du sexe faible. Quel lien il y a entre les jambes nues d’une nana et le chômage des jeunes, la pénurie de médicaments, la mafia de la drogue, la corruption des "élus", les catastrophes naturelles etc. ? Depuis toujours ce lien existe par la seule volonté du chef qui veut détourner de lui la colère de sa populace vers le plus vulnérable. Avant, pour les dieux, on sacrifiait la plus belle vierge, le nouveau-né, l’esclave… Au Moyen Age, on brûlait les "sorcières" coupables d’avoir causé la peste noire. Tout près de nous, combien de femmes se sont voilées suite au séisme de 2003 qu’elles avaient provoqué par leurs mœurs dissolues. Une aubaine pour ces entrepreneurs véreux ces administrateurs corrompus qui ont construit n’importe où avec n’importe quoi. Et dire que Dieu a crée Adam et Eve nus et innocents et c’est leur péché qui les a poussés à se vêtir.

On dit que si les religions révélées sont misogynes c’est parce qu’elles sont apparues dans des régions où les déesses se partageaient la part du lion. Les déesses liquidées, il ne reste maintenant que des femmes ordinaires : mamies, mères, épouses, filles, sœurs, cousines, tantes, voisines à emmurer. Une société peut-elle acculer sa gente féminine au rôle de "mère porteuse" et trouver enfin la paix ? En Afrique, du temps de l’exploration occidentale, des anthropologues se sont penchés sur le cas de deux tribus primitives voisines. Elles vivaient de la chasse de l’agriculture et faisaient la guerre de temps en temps. Alors que leur environnement commun les mettait à égalité, les scientifiques remarquèrent que le résultat divergeait à l’extrême. L’une vivait à l’aise, heureuse, les enfants en bonne santé tandis que l’autre était accablée par tous les maux du monde : violence, enfants souffrant de malnutrition, de famine chronique, de maladies… Les deux tribus avaient le même mode de vie, mêmes croyances et coutumes, leur seule différence c’est la position de la femme. Chez les uns, la femme et l’homme étaient interchangeables sauf bien sûr pour donner la vie. Chez l’autre, c’est l’Arabie Saoudite sans pétrole, la femme était cloîtrée dans sa cabane s’occupant strictement de sa progéniture à quatre pattes. Quand les hommes étaient en guerre et obligés d’abandonner les champs, les femmes libres prenaient la relève et pouvaient subvenir aux besoins de leur famille. Tandis que dans l’autre, elles ne faisaient que se désoler de loin pour la perte des cultures et trembler en pensant à la famine à venir…

Bien sûr tant que le pétrole coule à flots, les islamistes ont tout le temps pour réaliser leurs harems en Libye, lyncher les dévergondées en Algérie, réserver des cimetières pour femmes en Egypte… Après les avoir voilées exilées dans leur propre bled, ils vont finir par rétablir la lapidation, leur fermer les écoles les hôpitaux en suivant à la trace leurs maitres, les talibans. Quand ils finiront avec les femmes, ils s’occuperont de leur mari, père et fils, tel est l’immuable programme des hommes qui ont spolié le message divin sans n’en inventer aucun pour régner sur leurs semblables. Toute l’histoire arabe est siphonnée par ce slogan : "Dégage, je suis plus islamiste que toi !" Du Sidi on passe au mollah, le temps que le mollah redevienne Sidi et rebelote. Pendant que le monde bouge, les problèmes changent les solutions s’adaptent, l’évolution se fait de l’Amérique à l’Asie en passant par l’Europe, l’Arabe continuera à se flageller en maudissant le ventre maternel. Si le problème était justement là : une mère qui paie son incapacité de protéger son petit des griffes du loup. Qu’il est loin de nous ce sourire lumineux du réalisateur japonais du film nostalgique, La Colline des Coquelicots, qui vient de sortir. Cet homme qui déclare fièrement à la camera : "De nos jours avec la crise économique et le dernier tremblement de terre, les Japonais n’ont pas le moral mais heureusement que nos femmes sont là avec leur optimisme…" Avec l’âne le bouc émissaire et le maître, où trouver un peu d’optimisme ?

Mimi Massiva

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Commentaires (1) | Réagir ?

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ali Foughali

Parce qu'avec le quidam d'El Mouradia tout resera figé même après sa mort car "on ne peut pas faire d'un âne un cheval de course".