Le Kazakhstan, ébranlé après des violences, élit son Parlement

Le régime autoritaire kazakh revendique une stabilité du pays.
Le régime autoritaire kazakh revendique une stabilité du pays.

Le Kazakhstan votait dimanche pour des législatives anticipées un mois après un soulèvement social réprimé dans le sang dans ce pays d'Asie centrale qui jusqu'à présent se targuait de sa stabilité, sous la houlette de l'inamovible Noursoultan Nazarbaïev.

Sept partis participent à ces élections qui fait suite à la dissolution du Majilis (chambre basse du Parlement) en novembre et dans lequel ne siégeait que le parti du président Nazarbaïev, Nour Otan. A 12h 00 locale, trois heures après le début du vote, la participation s'étabilissait à 35,3%. Le scrutin prendra fin à 15H00 GMT, dans l'Ouest de cette ex-république soviétique d'environ 16 millions d'habitants grande comme cinq fois la France et comptant deux fuseaux horaires. Noursoultan Nazarbaïev a voté dans la matinée à Astana, la capitale qu'il a fait bâtir depuis 1998 grâce à la manne pétrolière kazakhe, estimant que ses concitoyens feraient le "bon choix".

"Je suis sûr que les Kazakhs feront le bon choix pour leur avenir, pour le développement du pays, pour le calme dans notre patrie", a-t-il déclaré. M. Nazarbaïev, 71 ans et au pouvoir depuis l'époque soviétique, a aussi assuré que "tout a été fait pour que les élections soient libres et honnêtes". Avant même le scrutin, l'opposition a dénoncé les manoeuvres du régime pour l'affaiblir, alors qu'aucune élection kazakhe n'a été reconnue comme démocratique par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le principal parti d'opposition, OSDP-AZAT, a critiqué ce vote surprise, estimant que sa tenue avait été ordonnée pour ne pas laisser le temps aux détracteurs du régime de faire campagne.

De plus, mardi les autorités ont exclu la candidature d'un leader de ce parti, Boulat Abilov. Un autre mouvement d'opposition, Roukhaniat a lui été interdit de participer aux élections après avoir dénoncé la répression d'un mouvement de grève dans le secteur pétrolier à Janaozen (ouest) à la mi-décembre, qui a fait 16 morts, selon un bilan officiel. Les cinq autres partis en lice sont considérés comme loyaux envers le pouvoir. Néanmoins, la prochaine assemblée comptera au moins deux partis, une réforme adoptée après le scrutin de 2007 prévoyant que la formation arrivant en deuxième position obtiendra des députés même si elle ne dépasse pas la barre des 7% nécessaires pour être représentés. La victoire de Nour Otan devrait être tout de même écrasante, à l'instar de la présidentielle d'avril remportée par M. Nazarbaïev, avec quelque 95% des suffrages, et qui en 2010 s'est vu octroyer des pouvoirs à vie.

Le régime kazakh, qui a toujours insisté sur l'exceptionnelle stabilité du pays dans cette région frontalière de l'Afghanistan et qui a connu plusieurs vagues de violences, a cependant vécu une année 2011 difficile. Le Kazakhstan a ainsi été la victime d'une série d'attentats revendiqués par des groupuscules islamistes et qui ont tué plusieurs policiers. Et le jour de la célébration des 20 ans de l'indépendance kazakhe, le 16 décembre, un mouvement de grève d'ouvriers pétroliers a dégénéré en émeute à Janaozen. Celle-ci a été réprimée dans le sang, une flambée de violences sans précédent qui concerne, qui plus est, le moteur de l'économie kazakhe, son secteur des hydrocarbures. Signe de l'inquiétude du régime, l'état d'urgence est toujours en vigueur dans la ville. Quelque 2.000 policiers ont été déployés et sept point de contrôles ont été installés aux entrées de Janaozen. Usant avec pragmatisme de ses énormes réserves naturelles, le Kazakhstan maintient de très bonnes relations non seulement avec la Russie et la Chine, mais aussi avec l'Europe et les Etats-Unis, qui évitent de trop critiquer les dérives autoritaires du régime.

Dimanche, les électeurs kazakhs élisent 98 députés. Neuf autres parlementaires seront désignés.

AFP

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