Sansal ou la croix" gommée" Par Aziz Farès

 Sansal ou la croix" gommée"   Par Aziz Farès

Ce nouveau livre de Boualem Sansal nous ramène à une des plus terribles tragédies de l’Humanité. La Shoah est inscrite dans l’ Histoire et n’est pas « que » l’affaire de l’occident et du peuple juif. Cela nous concerne tout autant et si Sansal fait un parallèle entre l’islamisme et le nazisme, il a occulté( mais le savait-il ?) qu’Hitler avait proposé son aide aux Algériens pour mener une lutte contre la France. Le FLN n’existait pas encore mais ce fut là une tentation et les discussions furent stoppées. Comment comprendre ce « fils d’allemand » dont Le Nom claque comme une injure ! Est il bourreau, juge, innocent, victime ? Ce qui me paraît terrible c’est la mort éminemment symbolique du fils qui, dans un acting out lénifiant, ( Freud aurait dit « agieren » ) se suicide au gaz……

Eternelle, lancinante, troublante question ! Bourreau ou/et/ou…victime. Guy Corneau, très médiatique psychanalyste québécois tente de répondre à une interrogation née dans le secret du mythe des légendes de l’Ancienne Egypte. Dans son livre « victime des autres, bourreau de soi-même »[1], il explore et démonte un mécanisme auquel l’Etre est contraint de se soumettre. Chacun est tiraillé par sa propre histoire qui se confond avec celle de l’Humanité. Alors, dit-il « un sentiment irrépressible nous envahit…ce sentiment nous démembre, nous défait, découpe notre vie en morceaux. Il nous laisse sans fard, sans histoires à raconter,et surtout, sans histoires à se raconter ».

Une recherche rapide me permet d’entrevoir quelques pistes intéressantes. Qui est donc ce Rachel ( brebis en hébreux) ?(une remarque : le prénom est mixte). Est il le bouc émissaire idéal, la victime expiatoire innocente sur laquelle nous projetons nos craintes, notre haine de nous même, notre désespoir de ne pas être cet autre qui n’ose pas affronter son propre regard ?( double négation et angoissante interrogation !)

Ce va et vient pourrait être détourné par un passage dans l’œuvre de Rachid Mimouni ( l’Honneur de la Tribu) où se mêlent, se confondent, s’enchevêtrent ces représentations d’une identité éclatée difficile à reconstituer . Le retour à un « (ordre) ( cohérent) » peut il se faire par notre propre volonté , ou bien faut il que l’honneur, l’horreur, la honte , que de H…de haches qui tranchent et agissent (agieren ?) malgré ce « nous » . ?

Aziz Farès

Journaliste

1) Ed de l'Homme

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (8) | Réagir ?

avatar
MAK

POUR MR LARBI CHALABI: J'AI CONNU L'INTEGRISME ISLAMISTE DES ANNEES 1990 DE TRES TRES PRES (A VOUS DE DECODEZ), JE POURRAIS VOUS MR QUE LA BARBARIE DE L'ISLAMISME EST DE TRES LOIN PLUS CRUELLE QUE LE NAZISME PUISSANCE "N".

avatar
ali elmenfi

Monsieur Larbi Chelabi, cet échange, courtois, entre vous et moi est rassurant car il exprime deux idées fortes. Primo, on peut discuter sereinement, objectivement sans insulte et sans être d ’accord. (d’ailleurs je ne l’ai pas toujours été). Secundo, vos excuses, qui ne sont pas nécessaires puisque ce serait moi qui vous aurait blessé mettent en relief ce paradoxe qu’évoque Aziz Fares dans son analyse du roman de Sansal.

Un paradoxe qui nous fait dire une chose et son contraire, ce qui, je le reconnais est assez troublant. De quoi êtes vous coupable pour vous excuser ? De quoi le héros de Sansal est il coupable pour en arriver à se suicider ? Que vous ayez été insulté, dans ce forum, ne doit pas vous émouvoir. C’est la règle d’un jeu qu’il faut accepter. Si vous ne le pouvez pas…bottez en touche et regardez un bon film ou lisez un roman. A moins de vouloir à tout prix rester dans le marasme. Quoi qu’il en soit vous avez le choix. Comme des millions d’Algériens.

Cordialement

ElMenfi

visualisation: 2 / 8