L'observateur algérien Anouar Malek quitte la Syrie : "La mission est une farce"

La présence des observateurs n'a pas arrêté la tuerie.
La présence des observateurs n'a pas arrêté la tuerie.

Plus de 200 civils sont tués par l’armée syrienne depuis l’arrivée des observateurs de la Ligue arabe. Leur présence n'a pas arrêté la tuerie. Bien au contraire.

Cette mission arabe a montré ses limites. Elle est de plus en plus contestée. Un de ses observateurs a quitté le pays, se jugeant incapable d'empêcher "les scènes d'horreur" et accusant le régime de rendre les observateurs complices de la répression.

"Je me retire parce que je me retrouve en train de servir le régime", a expliqué l'Algérien Anouar Malek à la chaîne de télévision Al Djazira. "Je donnais au régime une plus grande chance de continuer le massacre et je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher", a ajouté l'observateur dans une interview réalisée au siège de la chaîne, au Qatar.

"Ils n'ont pas retiré leurs chars des rues, ils les ont juste cachés et redéployés après notre départ", a indiqué Anouar Malek, qui arbore encore le gilet jaune des observateurs. "Les snipers sont partout et tirent sur les civils. Les gens sont enlevés, les prisonniers sont torturés et personne n'est libéré. Ceux qui sont censés être libérés et sont montrés à la télévision sont en fait des personnes qui ont été prises au hasard dans les rues."

Interrogé sur les raisons de son départ, Malek a déclaré: "J'ai passé plus de quinze jours à Homs (...) J'ai vu des scènes d'horreur, des corps brûlés (...) Je ne peux pas laisser mon humanité de côté dans ce genre de situation."

"La mission est une farce et les observateurs ont été dupés. Ce que j'ai vu est une catastrophe humanitaire. Le régime ne commet pas seulement un crime de guerre mais une série de crimes contre son peuple."

Toujours plus de morts

Anouar Malek a également critiqué le chef de la mission de la Ligue arabe, le général soudanais Mohammed al Dabi, dont la nomination a fait l'objet de vives critiques des militants des droits de l'homme estimant qu'il n'était pas le mieux placé au vu de son rôle joué dans le conflit au Darfour.

Un haut dirigeant de l'Onu a indiqué mardi au Conseil de sécurité que le nombre de manifestants tués en Syrie s'était accru depuis l'arrivée des observateurs de la Ligue arabe, a fait savoir Susan Rice, ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies. Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, quatre personnes ont été tuées à Kafr Nabouda, dans la province de Hama, où des affrontements ont éclaté lors d'un raid de l'armée contre des déserteurs. Au total, 27 civils ont été tués mardi, dont 15 dans la ville de Daïr Az Zor et 10 à Homs. Quatre déserteurs de l'armée ont par ailleurs été tués.

Un journaliste français tué

Par ailleurs, un journaliste français a été tué mercredi alors qu'il se trouvait en reportage à Homs, a indiqué un photographe de l'AFP qui se trouvait sur place. Selon ce photographe, un obus est tombé sur un groupe de journalistes qui se trouvait en reportage dans cette ville, haut lieu de la contestation. Il s'agit du premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime, le 15 mars.

Il y a également plusieurs blessés dans le groupe, mais leur nombre n'a pu être précisé. L'un d'entre eux est un journaliste belge qui a été blessé à un oeil, a précisé le photographe de l'AFP. Le ministère de l'information syrien a indiqué qu'il était au courant d'un incident impliquant des journalistes étrangers à Homs mais qu'il n'avait pas d'autres détails.

Le groupe de journalistes se trouvait à Homs dans le cadre d'un voyage autorisé par le régime syrien qui limite les déplacements des médias étrangers en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des obus sont tombés entre les quartiers d'Akrama et al-Nouzha où se trouvait un groupe de journalistes. Un journaliste occidental a été tué ainsi que six Syriens. Il y a eu des blessés." L'OSDH a demandé l'ouverture d'une enquête indiquant qu'il ignorait l'origine de ces tirs, alors que les militants dans la ville ont accusé les autorités.

Al Assad en public

Accompagné de sa femme Asma et de leurs deux enfants, Bachar Al Assad s'est exprimé place des Omeyyades au cœur de la capitale syrienne devant plusieurs milliers de partisans agitant des drapeaux syriens.

"J'appartiens à cette rue", leur a-t-il dit, dénonçant un complot ourdi de l'étranger contre la Syrie. "Nous allons signer avec cette phase leur fin et la fin de leurs projets. Nous allons gagner sans aucun doute possible", a-t-il ajouté.

La foule a scandé "Chabiha pour toujours, pour tes yeux Assad", allusion à la milice pro-Assad qui mène depuis dix mois aux côtés de l'armée la répression des manifestations hostiles au régime. Cette apparition publique inattendue est survenue au lendemain d'un discours prononcé à l'université de Damas dans lequel Assad a imputé les violences à "un complot de l'étranger" et a promis de frapper "les terroristes d'une main de fer."

Yacine K/AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Afifa Ismail

Ce retrait vous honore M. Malek car oui en restant vous deveniez un complice de cette tuerie. J'ai jamais cru a la sincérité de cette mission, c'était une mascarade pour se donner bonne conscience. A la tête de cette ligue un homme aux mains salies par le Darfour et son drame et veut donner des leçons aux autres s'agissant de violence contre le peuple mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité. El Assad n'a pas trouvé d'autre ligne de défense pour justifier le massacre de son peuple que d'y voir un complot, la main de l'étranger cet alibi est vieux comme le monde;moi je lui répondrai que rien ne justifie le massacre de votre peuple si vous étiez un vrai homme d'état mais vous n'êtes qu'un criminel et j'espère qu'un jour vous répondrez de vos actes devant la Cour pénale internationale. "Watani ena, ena watani" comme le dit la chanson et vive la Syrie libre !

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klouzazna klouzazna

Cette mission de simple "observation" est une farce... Et puis une mission pour quoi faire ?... Tous les pays membres de ce club touristique sub-méditerranéen (qui ne sert à rien et qui bouffe beaucoup d'argent) ont déjà sur place (en série) et depuis toujours des observateurs permanents... Ils ont juste un autre nom : Ambassadeur ou attaché militaire !!!...