Syrie : Al Assad voit un "complot" étranger

Mardi  civils sont tués par les services de sécurité.
Mardi civils sont tués par les services de sécurité.

La Ligue arabe dénonce les agressions et les provocations de ses observateurs.

Le président syrien Bachar Al-Assad, contesté par la rue depuis dix mois, a estimé mardi que son pays faisait l'objet d'un "complot étranger" et a promis d'y répondre, la Ligue arabe dénonçant de son côté des attaques d'"éléments pro-régime" contre ses observateurs. L'opposition syrienne a, elle, estimé que le discours d'Al Assad, le quatrième depuis le début de la révolte, était une "incitation à la violence" et "à la guerre civile" laissant présager "un comportement encore plus criminel" de la part du régime.

Bachar Al Assad est nihiliste, il élude superbement la réalité, préférant désigner des ennemis imaginaires. Dans un discours d'une heure quarante-cinq retransmis par la télévision, Al Assad a accusé des pays étrangers de "comploter" contre la Syrie, lançant: "Leur rêve tournera au cauchemar. Nous n'allons pas permettre la défaite de la Syrie qui signifiera la chute de la région entière".

Depuis mi-mars, la Syrie est en proie à une révolte réprimée dans le sang, mais le régime n'en reconnaît pas l'ampleur et attribue les troubles à des "bandes terroristes armées" manipulées par l'étranger. "Il ne faut pas tolérer ceux qui terrorisent les gens, ni ceux qui sont complices avec les (parties) étrangères", a réaffirmé M. Assad, faisant du rétablissement de la sécurité "la priorité absolue" et promettant de frapper les "terroristes" d'une main de fer.

La répression a fait, selon l'ONU, plus de 5.000 morts. Mais le président syrien a affirmé qu'"aucun ordre n'a été donné de la part d'aucune autorité pour ouvrir le feu" sur des manifestants. Cynique, il ajoute : "Je gouverne avec la volonté du peuple et si je renonce au pouvoir ce sera aussi avec la volonté du peuple", a ajouté M. Assad qui a succédé à son père en 2000, alors que de nombreux pays appellent à son départ.

Il a ajouté qu'un référendum sur une nouvelle Constitution, annoncé à l'automne par les autorités, aurait lieu "la première semaine de mars". Mais cette proposition arrive déjà trop tard, selon les observateurs de la situation en Syrie. Un point de rupture sans retour est franchi entre le régime baath et la majorité du peuple. Et c'est justement ce constat qui a poussé le tyran de Damas d'avancer une telle proposition.

Al Assad a également évoqué "l'idée d'un élargissement du gouvernement qui accueillera toutes les forces politiques". Mais, a-t-il précisé, "nous ne voulons pas d'opposants qui reçoivent des (ordres) de l'étranger, qui nous font du chantage".

A Istanbul, le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité de l'opposition, a affirmé avoir vu dans ce discours "de l'incitation à la violence, à la guerre civile, des propos sur la division confessionnelle que le régime a lui-même fomentée et encouragée", selon Bassma Qodmani, membre du CNS. "Un tel discours est (...) une indication que nous allons vers un comportement encore plus criminel et plus irresponsable du régime", a-t-elle affirmé.

Sur le terrain, deux observateurs koweïtiens de la Ligue arabe ont été légèrement blessés lundi près de Lattaquié, sur la côte, selon le Koweït.

"La Ligue arabe dénonce les actions irresponsables et les actes de violence contre ses observateurs", a réagi le chef de l'organisation panarabe Nabil al-Arabi, ajoutant qu'il tenait "le gouvernement syrien pour pleinement responsable de la protection" de la mission.

"Plusieurs membres de la mission d'observation ont été blessés et une partie de leur équipement gravement endommagé", selon le communiqué qui fait état d'attaques "menées par des éléments pro-régime" à Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, ainsi qu'à Deir Ezzor (est). D'autres attaques ont eu lieu dans "d'autres endroits", de la part "d'éléments considérés comme étant membres de l'opposition". Ces violences interviennent en pleine controverse sur la mission des observateurs, en Syrie depuis le 26 décembre pour rendre compte de la situation, mais vivement critiqués par l'opposition pour leur inefficacité à faire cesser les violences.

Recevant mardi le chef de ces observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a affirmé que son pays continuerait à assurer leur protection et empêcherait toute action entravant leur tâche.

Mardi, dix civils ont été tués et quarante autres blessés par les forces de sécurité qui ont tiré sur une manifestation à Deir Ezzor, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Par ailleurs, deux civils ont été tués par les tirs des forces de sécurité à Homs (centre), bastion de la contestation contre le régime du président Bachar Al-Assad, selon l'OSDH.

Avec AFP

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