On meurt plus vite de nigauderie que d'un cancer

On meurt plus vite de nigauderie que d'un cancer

C’est l’histoire d’un président qui devait mourir d’un cancer en 2005 et qu’on retrouvera président jusqu’en 2014. Ou 2019. Ce n’est pas une plaisanterie, c’est une farce bien algérienne.

Nous devions pleurer Abdelaziz Bouteflika il y a deux ans de cela, sur la foi de «gens informés» et nous voilà à rire de nous-mêmes. Nous comptions les jours d’un mourant, et nous nous surprenons à compter les années d’un troisième mandat.
Le but des bonimenteurs est atteint : Bouteflika va gagner par forfait ! Personne ne s’était préparé à affronter un «président-mourant» !

La leçon de 2004 n’aura servi à rien !

La première morale de cette galéjade, c’est qu’on périt plus vite de nigauderie que d’un cancer. Nous sommes de grands enfants simplets : nous adorons être rassurés par des contes de fée. Qu’importe s’ils puent la baliverne, qu’importe s’ils sentent la calembredaine ! Nous aimons tellement jouer aux dadais ! Et croire aux sornettes des «gens informés» pour, à notre tour, en cercle restreint, l’air intrigant, jouer aux «gens informés». Alors, devant de si incurables ballots, les marchands de fariboles redoublent de génie : «Vous avez aimé les sornettes de 2004 ? Vous adorerez les fadaises de 2009 !»

Le résultat est de toutes façons le même : hypnotiser l’opinion et l’élite et donner du temps au «candidat du système.»

La seconde morale de la galéjade est qu’il est temps pour nous tous de croire en nous-mêmes, et seulement en nous-mêmes ! Arrêtons avec l’illusion du régime composé d’un «clan de méchants» et d’un «clan de gentils», galonné ou pas, et qu’un clan peut en chasser un autre pour réaliser nos caprices démocratiques. Divorçons avec la galaxie nébuleuse des «gens informés» et des «décideurs» qui ont tous une double casquette et qui travaillent tous pour la pérennité du système.

Pour nous libérer de nos chimères, il nous suffit juste de prêter parfois l’oreille à la société, pas dupe, et qui, heureusement, est moins ingénue qu’une partie de son élite.

Bouteflika en bonne santé ? Tant mieux pour lui. A nous, maintenant de nous soigner !

Le Matin

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Commentaires (11) | Réagir ?

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Amar Ath Tsouathi

Mr Farid, je vous le dis tout de go: vous me confortez dans ma position.

D'ailleurs, pourquoi se casser la tête à déchiffrer les sens de votre réthorique ? Il n'y a que les gens du système qui cultivent cette manie de mettre tout le monde sous la culture arabo-islamiste. Les autres sont d'indignes séparatistes. Essayez de voir la réalité des choses et arrêtez de vendre vos thérories farfelues de misanthrope.

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farid ben

Quant à nous, nous n’avons pas pu nous empêcher de sourire à lire votre réaction qui a le mérite d’être sincère, quoique truffée de vagues abstractions. Seriez-vous un adepte de la langue de bois, monsieur le colonisé ? Vous accusez ceux qui se font une conception de leur identité différente de la votre de s’abreuver dans la pensée unique, inique, mais triste est de constater qu’en contrepartie, vous nous faites que vous agripper, vous aussi, à votre propre pensée unique, inique. Le sourire nous a été forcé car, ironie des mots, vous reprenez les mêmes vocables que le pouvoir en place claironne, lorsque il se sent visée dans ses fondements. Vous dites « Manipulation », « victimes » comme Belkhadem dirait « complot » et « hizb frança ». Sauf que vous nous avez déjà, pour faire bonne presse, catalogué de Arabo-Baato-Islamiste ! La belle trouvaille ! Vous ajoutez que nous dissertons sur des sujets auxquels nous–mêmes ne croyons pas, vous nous connaissez si bien alors ! Bien grave encore, vous faites un parallèle entre nous et le terrorisme. Cette mise au point eut été surérogatoire si l’allusion au terrorisme n’était pas par trop manifeste et révoltante. Mais qu’à cela ne tienne ! N’est pas démocrate qui veut ! Vous vous dites kabyle et démocrate, personne ne peut vous le contester, mais ne faites pas comme ceux qui ont depuis des lustres essayé en vain de vous dépouiller de votre identité, n’imposez pas aux autres d’être à votre image. Respectueusement.

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