Les Frères musulmans du MSP quittent l’alliance présidentielle

Bouguerra Soltani
Bouguerra Soltani

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a sonné, dimanche à Alger, la fin de son alliance avec le FLN et le RND.

Le conseil consultatif du parti islamiste a donc entériné le divorce avec l’Alliance présidentielle montée opportunément en 2004 pour soutenir pour soutenir Abdelaziz Bouteflika. Avec le FLN du très islamo-conservateur Belkhadem et le RND du controversé Ahmed Ouyahia, le MSP avait constitué le bras politique et servi de porte-voix à toutes les décisions de Bouteflika. Il avait avalisé toutes les actions présidentielles et gouvernementales. L'appareil politique du parti a été mis au service de Bouteflika. Ses députés et ministres ont tout cautionné jusqu'à présent.

Presque sept ans plus tard, Bouguerra Soltani se réveille pour se rendre compte que continuer à composer avec l’Alliance "à l’horizontale" c’est "persister dans la médiocrité politique". Il a observé dans son allocution que cette médiocrité "ne sert ni le pays, ni le citoyen". Les Frères musulmans se sentent pousser des ailes avec les victoires islamistes dans les pays voisins. Alors ils comptent "se libérer du double langage". Terrible aveu : le MSP tenait donc un double discours. Comment était-ce possible ? Bouguerra Soltani ne nous a pas éclairés. Le MSP abat ses cartes, il veut jouer en solo pour son projet de société islamique.

Pour justifier sa participation à l’alliance présidentielle, Soltani invoque "un devoir national basé sur des efforts politiques focalisant sur la réconciliation nationale comme priorité". Après avoir consacré le viol de la Constitution et participé à l’organisation du chaos politique et la paralysie économique, le MSP estime qu’"aujourd’hui, le devoir national en appelle à faire des réformes politiques la première priorité pour consacrer l’Etat de droit".

Il est vrai que le MSP n’a pas partagé "la philosophie des réformes" avec ses partenaires de l’Alliance. Il a d’ailleurs boudé le vote de certains projets de loi. Pour lui, la philosophie des réformes "est toujours régie par la hantise de la tragédie nationale et la logique de l’état d’urgence". Les lois adoptées dans le cadre des réformes "ont été vidées de leur substance, à savoir les libertés, la transparence, la volonté politique et l’ouverture politique et médiatique", a-t-il estimé. Comme annoncé déjà par Bouguerra Soltani, les Frères musulmans militent pour un régime parlementaire. Une vision politique que manifestement ne partagent pas le FLN et le RND.

Sur ce coup, le MSP veut se donner bonne conscience, cette alliance qu’il fustige à mots couverts était la sienne jusqu’à il y a quelques semaines. Du coup, survivra-t-elle à ce premier divorce ? Les prochains jours nous le diront.

Yacine K.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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mstfa yazid

Je ne crois pas que M. Soltani a quitté le bateau-régime algérien.

Je ne crois pas que M. Soltani a trahi le président Bouteflika : il confirme qu'il reste fidèle à ce dernier.

La sortie du MSP de la coalition presidentielle relève de la haute politique : celle qui est appelée à gerer le futur, conjurer le Printemps arabe et, encore condamner le peuple algérien a toujours vivre un automne politique, économique, culturel et social.

Pour comprendre le chamboulement de ce qui se passe et de ce qui se prépare, il faut passer en revue les actes de mimetisme aveugle que le régime algérien pratique à doses trés réduites en copiant le regime voisin du Maroc. Ce dernier est devenu la muse principale dans les changements apportés aux lois, reglements, structures economiques, culturelles et sociales, partenariat.... etc.

Ce mimetisme, qui ne concernait que des niveaux "mineurs", semble cette fois avoir plus d'ambition : vouloir solutionner une équation à plusieurs inconnues (à commencer par le regime lui même !) qu'une situation interieure (trés oblitérée et trés nerveuse) et un environnement international (devenu plus regardant à ce qui se passe en Algerie et, par conséquent, plus exigeant en matiere de liberté et de democratie en faveur du peuple algerien) en imposent la solution au plus vite.

Les inconnues de cette equation sont :

-le regime algerien qui est organisé comme une fusée à étages et dont chaque étage, pour fonctionner, a besoin de "finir", liquider le prédecesseur pour garder une puissance de marche et de survie.

-un systeme politique qui ressemble plus à un magasin de brocantes où tout se mêle (nationalisme, chauvinisme, révolution, socialisme, capitalisme, féodalité civile et militaire, etc...) mais sans jamais se rencontrer : la société politique algerienne n'a pas réussi, à partir de cette foire des genres, à secreter un idéologer, bonne ou mauvaise, propre pour servir de cadre à l'action gouvernementale et aux esperances du peuple.

-l'obsolescence du système étatique algérien et des acteurs qui l'animent :

+ le noyau dur et permanent de l'armée qui reste totalement hermétique à tout changement qui ne lui garantirait aucune pérennité,

+un magma composé par des civils, cooptés ou non par les militaires, issus de partis politiques, de syndicats, qui n'ont aucun aura et aucun rayonnement à l'intérieur comme à l'extérieur, parce que obligés d'obéir au doigt et à l'oeil des militaires

+une opposition qui, soit par sa compromission soit par son intransigeance et son recours à la violence, s'est mise hors jeu et ne peut prétendre, demain, avoir un grand rôle à jouer dans la vie politique du pays.

Cette description de l'existant

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Je ne crois pas que Mr Soltani a quitté le bateau-régime algerien.

Je ne crois pas que Mr Soltani a trahi le président Bouteflika : il confirme qu'il reste fidele à ce dernier.

La sortie du MSP de la coalition presidentielle relève de la haute politique : celle qui est appelée à gerer le futur, conjurer le Printemps arabe et, encore, condamner le peuple algerien a, toujours, vivre un automne politique, économique, culturel et social.

Pour comprendre le chamboulement de ce qui se passe et de ce qui se prepare, il faut passer en revue les actes de mimetisme aveugle que le regime algerien pratique à doses trés réduites en copiant le regime voisin du Maroc. Ce dernier est devenu la muse principale dans les changements apportés aux lois, reglements, structures economiques, culturelles et sociales, partenariat.... etc en Algérie.

Ce mimetisme, qui ne concernait que des niveaux "mineurs", semble cette fois avoir plus d'ambition : vouloir solutionner une équation à plusieurs inconnues (à commencer par le regime lui même !) qu'une situation intérieure très oblitérée et trés nerveuse) et un environnement international (devenu plus regardant à ce qui se passe en Algerie et, par conséquent, plus exigeant en matiere de liberté et de democratie en faveur du peuple algérien) en imposent la solution au plus vite.

Si Mr Soltani quitte une coalition qui est devenue par les faits obsolete, c'est pour jouer un rôle plus important et, peut être determinant pour le futur :

Ceux qui decident dans le pays veulent faire jouer à cette personnalité le rôle que Dr Khatib a joué pour récuperer les islamistes marocains dans une creuset sûr et acceptable.

Le choix de Mr Soltani, preuve de l'echec de Mr Belkhadem qui était chargé de la même mission, tend à lui donner les moyens et la marge de manoeuvre pour d'abord trouver une solution au divorce du regime avec ses "islamistes" dont le nombre et le degré de mobilisation interdisent toutes elections "libres" et "justes". La deuxieme mission de Mr Soltani est de franchir un pas de plus dans la concorde et la paix sociale decretée par le President Bouteflika : offrir une copie du PJD marocain, qui sera le refuge, une voie de decantation et un cadre d'action (contrôlé) aux militants du FIS qui representent le plus grand danger pour le régime dans la mesure où ils l'empechent de proceder aux reformes exigées par l'exterieur.

Finalement si Mr Soltani semble quitter le pourvoir par la petite porte c'est, probablement, pour y revenir par la grande porte, flanqué (le regime l'espere) de Abbassi madani et ses lieutenants, pour jouer le même rôle que celui joué par Mr Benkirane au Maroc.

Mais les dernieres sorties houleuses et denonciatrices du "complot" de Mr Belhaj risquent de tout faire avorter.

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oziris dzeus

Boujerra aura le premier passeport biométrique algérien signé Ould Kablia.

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