Mauritanie : un opposant proche d’Al Qaïda dans le collimateur de Nouakchott

Chafi à droite avec deux otages espagnols libérés.
Chafi à droite avec deux otages espagnols libérés.

Le mandat d'arrêt international émis contre Moustapha Ould Limam Chafi pour soutien à Al-Qaïda au Sahel marque une étape dans la lutte entre le régime mauritanien et cet opposant, qui est aussi un homme-clé en Afrique de l'Ouest, notamment pour les libérations d'otages.

Le parquet de Nouakchott a lancé mercredi un mandat d'arrêt international contre lui et trois autres Mauritaniens, "membres influents d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)", pour "financement du terrorisme" et appui "à des groupes terroristes" au Sahel. Or, Moustapha Chafi est connu pour son rôle décisif dans les négociations pour la libération de plusieurs Occidentaux enlevés ces dernières années par Aqmi, qui sévit dans toute la bande sahélo-saharienne. Par exemple, la libération des deux otages espagnols, en 2010, c’était lui. Celle des Canadiens, en 2009, c’était également Chafi. Conseiller du président burkinabè Blaise Compaoré, Moustapha Chafi est aussi l’intermédiaire avec l’émir Mokhtar Belmokhtar. Portrait d’un homme de l’ombre.

Fermeté mauritanienne

Arrivé au pouvoir en 2008 par un coup d'Etat avant d'être élu démocratiquement, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le pays subit les menées d'Aqmi, se pose en tenant de la fermeté face aux jihadistes, avec le soutien de ses alliés occidentaux, la France en particulier.

Mais Moustapha Chafi n'a pas de mots assez durs pour ce chef d'Etat dont il réclame publiquement le départ: il fustigeait récemment son "échec" dans la "lutte contre le terrorisme".

Après ce mandat d'arrêt qui porte selon lui "une diffamation inacceptable", l'opposant a annoncé vendredi soir à l'AFP qu'il allait déposer une "plainte contre Aziz" à l'étranger. "Tous les dictateurs ont accusé leurs opposants de terrorisme", a-t-il lancé. La coordination de l'opposition mauritanienne a dénoncé une "instrumentalisation abjecte de la justice" pour "réprimer les opposants".

"C'est un problème mauritano-mauritanien. Aziz veut régler un vieux contentieux", affirme une source sécuritaire à la présidence du Burkina Faso. Mais le "problème" va bien au-delà des frontières de la Mauritanie, vu le profil de Moustapha Chafi.

Avec AFP

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