Soutien aux Imazighen de Libye

Les Amazighs libyens s'affirment pour ne pas connaitre le même sort que les autres Amazighs de la région.
Les Amazighs libyens s'affirment pour ne pas connaitre le même sort que les autres Amazighs de la région.

Depuis juin, les Amazighs ont, après avoir sécurisé une vaste zone allant de la frontière tunisienne jusqu’à Ghariam, verrou stratégique au sud de Tripoli, installé dans les villes libérées de Zenten, Yafran, Zuwara et Zawiya des municipalités indépendantes du CNT.

En cette fin d’année 2011, le Conseil national de transition (CNT) de Libye qui chapeaute le gouvernement d’Abdel Rahim Al-Kib, soutenu par une coalition internationale (le Qatar, les pétromonarchies, la Ligue arabe, la Turquie, la Russie, la Chine et les parrains occidentaux). Pourtant les États-Unis dont le secrétaire à la défense Léon Panetta se trouvait avec Alain Juppé à Tripoli, ont pris acte de l’incapacité du CNT à s’installer dans la capitale.

C’est que depuis juin, les Amazighs ont, après avoir sécurisé une vaste zone allant de la frontière tunisienne jusqu’à Ghariam, verrou stratégique au sud de Tripoli, installé dans les villes libérées de Zenten, Yafran, Zuwara et Zawiya des municipalités indépendantes du CNT. Les thuwar (unités combattantes ou katibas) de Zenten qui ont infligé de lourdes défaites aux khadafistes, ont joué un rôle majeur dans la libération de Tripoli où fonctionne un véritable gouvernement amazigh qui contrôle une large partie de la ville, des administrations, de la police, des hôpitaux, des écoles et lycées, de la vie économique et des services publics ainsi que le port, le terminal pétrolier et l’aéroport international. Refusant tout accord avec le CNT, les thuwar ont maintenant engagé la lutte armée à la fois contre les islamistes regroupés à Tripoli autour d’Abdelhakim Belhadj, soutenu par le Qatar et contre le général Khalifa Hifter lié à la CIA. Revenu des États-Unis après un exil de vingt-quatre ans, Hifter désigné comme le futur ministre de la Défense de la Libye par le CNT, se révèle incapable de former une armée nationale.

Nouveaux développements

L’angoisse des parrains du CNT est le fait de plusieurs facteurs :

– l’installation d’un véritable Etat libyen démocratique, avec une base territoriale, une identité amazighe affirmée dans les villes, ports et villages de la Tripolitaine, une capitale et une véritable armée, sans contrôle du CNT.

– la formation en Tunisie d’un parti amazigh face à Ennahda de Rached Ghannouchi, entre le FIS algérien et l’AKP turc, et à la contre révolution islamiste en embuscade.

– la formation par les Touaregs, puissamment armés, d’un territoire sous leur contrôle, l’Azawad, comprenant les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Renforcées par les militaires touaregs de l’armée libyenne et malienne, les katibas de l’Azawad se préparent, selon Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole du bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à mener une guerre conjointe contre Al Qaïda au Maghreb (Aqmi) (1) et l’armée malienne, car, dit-il : "Les terroristes se sont installés sur un territoire que Bamako. Aujourd’hui, il n’est plus question de se poser la question de savoir si le gouvernement central sait ou ne sait pas ce que font les terroristes dans cette région. Il y a une connivence certaine entre ces deux parties. Aujourd'hui, pour les Touaregs, l’État et l’Aqmi, c’est du pareil au même. Bamako joue à un double jeu, tout le monde en est conscient" (2). La détermination du MNLA à regrouper toutes les populations touaregs de la région saharo-sahalienne dans un État unifié – celui que la France voulait créer avec l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) (3) – est d’un grand intérêt car les États artificiels de Mauritanie, Niger, Mali et Tchad sont menacés de désintégration. La déstabilisation s’est déjà étendue dans les régions pétrolières de tout le Sahara (Algérie, Libye, Sud-Soudan), d’où les grandes manœuvres en cours. (1)

Feux croisés contre les Imazighens de Libye et les Touaregs

Loin de soutenir les Touaregs dans la guerre qu’ils se préparent à mener contre l’Aqmi, une large coalition s’est formée pour les combattre avec :

– La Grande Bretagne, dont le secrétaire d’État William Hague a confirmé l’installation d’une base militaire aux frontières algéro-maliennes, car "l’instabilité générée par l’activité des terroristes pourrait déstabiliser les pays de l’Afrique du Nord et du Golfe déjà aux prises avec des insurrections populaires inédites de grande ampleur".

– L’Algérie, qui sous le couvert de la lutte contre l’Aqmi apporte une assistance militaire à l’armée malienne et réactive le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) formé en avril 2010 par l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali et basé à Tamanrasset (4). C’est enfin la réunion à Nouakchott des ministres de la Défense de dix pays d’Europe du sud et d’Afrique du Nord (les 5+5) pour former "un état-major non permanent pour des interventions en cas de crises" selon le ministre français Gérard Longuet (5).

Ainsi, tandis que l’Arabie saoudite et les pétromonarchies financent les partis salafistes en Tunisie, en Égypte et dans tout le Moyen-Orient et que la Ligue arabe, cautionne sans protestation du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU, le massacre du peuple syrien, la contre-révolution s’organise pour interdire aux peuples amazighs et aux Touaregs de se regrouper dans un État fédéral berbère : Tamazgha. Mission qui semble impossible car depuis les rassemblements de soutien aux Imazighens de Libye et aux Touaregs, tenus ce 17 décembre dans une cinquantaine de villes dont Paris, New-York, Montréal, Ottawa et Berlin, la question amazighe, inscrite dans la vie politique internationale, ne peut plus être ignorée en France. Pendant la campagne électorale de 2012 (présidentielle et législatives), les Amazighs doivent s’impliquer avec tous les démocrates pour la défense des libertés menacées par l’islamo-fascisme et ses alliés gauchistes, dans la continuité des combats menés par l’Étoile Nord-Africaine dans les rangs de la classe ouvrière contre le fascisme et le nazisme. Combattre pour la défense des libertés et de la démocratie en France, c’est apporter le meilleur soutien possible aux Imazighens de Libye et aux Touaregs. C’est dans le même temps combattre pour imposer en Algérie l’élection d’une Assemblée Constituante souveraine.

Jacques Simon

Notes

1. Mathieu Guidère. Al-Qaïda à la conquête du Maghreb. Le terrorisme aux portes de l’Europe. Le Rocher, 2007.

2. Le Matin DZ/ Le Soir d’Algérie du 29-10-2011.

3. Bruno Verlet. Le Sahara, PUF (Que sais-je ?), 1962 (précis, savant et synthétique) ; Claude Treyer. Sahara 1956-1962, Les Belles Lettres, 1966. (Ouvrage de référence qui, actualisé, peut servir de programme au MLNA dans son combat pour unifier les Touaregs de la région Saharo-Sahalienne, dans un Etat fédéral.

4. Le Matin DZ/Le Soir d’Algérie, 15 novembre 2011.

5. Le Matin DZ/ Le Soir d’Algérie, 11 décembre 2011

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Commentaires (6) | Réagir ?

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ranaferhanine bezafbezaf

en lisant votre article, je comprend maintenant la hatte du regime raciste de bouteflika de recevoir le CNT libyen c est uniquement pour leur communiquer les recette de gestion du pouvoir mais surtout comment isoler les amazigh et leur donner des idees et leur proposer des coups de mains. je souhaite que les amazigh de libye declare leur etat independant du reste ou CNT regne ainsi les occidentaux comprendront que c est pas facile de tout manipuler.

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Selon Ibn Khaldoun : les Amazighs ne se manifestent que lorsque le pouvoir central est affaibli. C'est vrai à cause d'eux qu'on a perdu l'Andalousie, la France, l'Italie, etc. Arrêter de lécher les bottes aux Européens.

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med lahouagi

mais helas des traitres com ouyahia et khalida tomi sont des obstacles reelles pour ttes ces demarches

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