Syrie : la présence des observateurs n'arrête pas la tuerie

Les blindés et la répression se poursuit.
Les blindés et la répression se poursuit.

Les forces de sécurité ont tué au moins 25 personnes en Syrie jeudi 29 décembre, y compris dans des villes où les observateurs de la Ligue arabe étaient en mission pour surveiller la situation dans ce pays secoué par la révolte populaire, alors que de nouvelles manifestations sont prévues vendredi.

Des observateurs se sont rendus dans des foyers de la révolte, à Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas. Les autorités syriennes était sous pression pour accorder libre accès à cette mission. Mais pour autant rien ne semble s'arranger. Le pouvoir redouble de ruse pour détourner l'attention des observateurs de plus en plus critiqués pour leur passivité. Selon Humain Right Watch des prisonniers sont transférés de certaines prisons pour les soustraire au regard de la mission de la Ligue arabe. En l'espèce, la présence de cette mission censée destiner à arrêter la violence ne change rien à la donne. Il y a toujours autant de morts chaque jour. Le régime redouble de manoeuvres pour faire taire les protestations. Les blindés sont toujours dans les villes, en dépit des observateurs, parfois intimidés par d'étranges groupes armés qui les auraient menacés. Le premier constat c'est que la Ligue arabe semble donner du temps et du champ au régime syrien. Du coup se pose la question de la crédibilité de cette opération d'inspection sous bonne garde du régime.

Des morts à Hama, Douma et Damas

A Douma, à 20 km au nord de Damas, quatre civils ont été tués et plusieurs autres blessés, dont certains grièvement, par les forces de sécurité qui ont tiré sur des dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place de la Grande Mosquée, au moment où un groupe d'observateurs arabes arrivait à la mairie de Douma, non loin de là, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A Hama, où se trouvait également un groupe d'observateurs, des manifestations "massives" ont eu lieu jeudi, et six civils ont été tués par les forces de sécurité, qui ont, en outre, arrêté des blessés soignés dans un hôpital privé, ont indiqué l'OSDH et des militants sur place. Quatre civils ont été tués à Homs, et cinq autres dans le nord-ouest du pays, dans la province d'Idleb, selon l'OSDH.

Dans la province de Damas enfin, six civils ont péri sous les balles, notamment à Irbine et à Kessoué. A Damas, des agents de la sécurité étaient déployés en masse près du quartier historique de Midane, quasiment fermé en raison d'une manifestation prévue, selon l'OSDH et des habitants. Toujours dans la capitale, cinq personnes ont été blessées dans le quartier de Kafar Soussé lorsque les agents de la sécurité ont tiré sur des manifestants.

Cette mission des observateurs de la Ligue arabe – qui fait partie d'un plan de sortie de crise prévoyant également l'arrêt des violences, la libération des détenus et le retrait de l'armée des villes – est de plus en plus décriée, manquant de temps et de liberté de mouvement, pour la France ou les Etats-Unis.

Doutant de son efficacité, le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition, a demandé à l'ONU d'envoyer ses propres observateurs. Son dirigeant, Burhan Ghalioun, a rencontré jeudi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a rapporté l'agence officielle égyptienne Mena. Ils ont discuté de la conférence nationale sur la Syrie que doit accueillir la Ligue arabe début janvier au Caire. En dépit de la difficulté de leur tâche, le président de l'OSDH, Rami Abdelrahmane, a quant à lui jugé que leur mission était toutefois "la seule lumière dans cette nuit sombre". "La présence des observateurs à Homs a brisé la barrière de la peur", a-t-il dit à l'AFP, tout en précisant ne pas vouloir "exprimer de jugement avant que les observateurs terminent leur mission".

La présence des observateurs aide les opposants, même si elle n'a pas permis de faire cesser la répression, a estimé de son côté la diplomatie américaine. L'opposition et les pays occidentaux accusent le régime de réprimer dans le sang les manifestations alors que les autorités syriennes imputent les troubles à des groupes "terroristes". Selon l'ONU, plus de 5 000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte, à la mi-mars.

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