Guinée-Bissau : une "tentative de coup d'Etat" avortée

Plusieurs officiers supérieurs ont été arrêtés
Plusieurs officiers supérieurs ont été arrêtés

La Guinée-Bissau a affirmé lundi 26 décembre avoir mis en échec une "tentative de coup d'Etat" et arrêté plusieurs officiers, dont le chef de la marine, après l'attaque d'objectifs de l'armée par un groupe de militaires.

"Ce (lundi) matin, des militaires ont attaqué l'état-major (des forces armées) et subtilisé des armes. Au moment où je vous parle, beaucoup ont été arrêtés, dont la plupart des chefs de cette tentative de coup d'Etat", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Adiatou Djalo Nandigna, sans préciser la quantité d'armes emportées, le nombre et les lieux de détention des personnes interpellées. "Je ne sais pas si des politiciens sont impliqués dans cette tentative de coup d'Etat. Les enquêtes nous le préciseront", a de son côté dit le premier ministre, Carlos Gomes Junior, en se félicitant du retour au calme dans son pays.

Deux barons arrêtés

Parmi les personnes arrêtées, figure le chef de la marine, le contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, "considéré comme le cerveau de ce soulèvement", selon le porte-parole de l'armée. Ce contre-amiral est une personnalité controversée depuis quelques années en Guinée-Bissau. Son nom a souvent été cité dans les enquêtes sur le trafic de drogue dans ce pays en proie depuis son indépendance, en 1974, à une instabilité chronique, avec de récurrents coups d'Etat – avortés ou réussis – et des violences dans lesquels l'armée joue un rôle prépondérant.

En août 2008, José Americo Bubo Na Tchuto avait été accusé d'avoir voulu renverser le régime du président Joao Bernardo Vieira – qui a été assassiné en mars 2009 par des militaires – puis blanchi en mai 2010 par la justice militaire. Après avoir été longtemps réputé proche du chef de l'armée, le général Antonio Indjai, il était engagé depuis quelques mois dans une rivalité avec lui, d'après les observateurs et la presse locale. Outre le chef de la marine, un autre baron de l'armée figure parmi les personnes arrêtées, selon le porte-parole de l'armée : le général Watna Na Lai, conseiller du général Indjai et ancien chef d'état-major de l'armée de terre.

Président absent, premier ministre réfugié dans une ambassade

Selon le général Indjai, l'attaque menée tôt lundi par "des hommes armés" a visé le siège de l'armée dans le centre de la capitale et deux unités militaires dans sa périphérie. "Ces hommes ont voulu récupérer des armes que nous avons dans les armureries", a-t-il affirmé. Il n'a pas indiqué s'il y avait eu des blessés ou des morts lors de l'assaut et de sa répression. Ces opérations se sont déroulées en l'absence du président Malam Bacaï Sanha, en séjour médical en France.

L'attaque a été suivie d'un déploiement important de militaires en armes à travers la ville, érigeant des barrages en différents endroits et interdisant l'accès à l'état-major. Le domicile du premier ministre était gardé par la police, M. Gomes s'étant brièvement réfugié à l'ambassade d'Angola après la visite de militaires armés lundi matin chez lui.

Un militaire présenté comme un des dirigeants des soldats descendus dans la rue avait évoqué à l'AFP un mouvement d'humeur de soldats mécontents de leur traitement salarial. "Nous n'avons aucune intention de nous en prendre à l'Etat", avait affirmé ce militaire par téléphone, selon lequel une augmentation salariale décidée en novembre en vue de la fête de Noël n'a profité qu'à une poignée de militaires. "Les officiers supérieurs ont eu une grande part et nous, soldats, n'avons eu qu'une légère augmentation", avait-il dit.

Agences

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