Attentats de Damas : l'opposition accuse le régime d'Al Assad

Portrait de Bachar Al Assad dans la capitale.
Portrait de Bachar Al Assad dans la capitale.

La synchronisation des évènements est troublante. Des installations des services de sécurité syriens à Damas ont été la cible de deux attaques, vendredi 23 décembre au moment de l'arrivée de la mission arabe.

Les attentats ont éclipsé pour une journée la répression des manifestations mais pas seulement, ils ont aussi détourné l'attention de la mission arabe.

Néanmoins le bilan est lourd : quarante-quatre personnes ont été tuées et 166 autres blessées, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. "Les dégâts matériels sont considérables. Les immeubles et rues voisines des bâtiments visés ont été endommagées", poursuit-il, affirmant que la répression de "la main d'Al-Qaida était derrière" ces attentats. Le ministère a demandé aux Syriens de coopérer en leur demandant d'informer les autorités s'ils étaient témoins d'actes suspects. Ces attentats, sans précédent depuis le début de la contestation mi-mars, ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle dans le quartier de Kafar Soussé, dans l'ouest de la capitale. Ils visaient la direction de la sûreté générale, le plus important service de renseignement civil, ainsi qu'un bâtiment de la sécurité militaire.

"Le terrorisme a voulu que le premier jour des observateurs à Damas soit une journée tragique mais le peuple syrien fera face à la machine à tuer soutenue par les Européens, les Américains et certaines parties arabes, a déclaré le vice-ministre des affaires étrangères, Fayçal Meqdad sur le lieu de l'un des attentats. C'est le premier cadeau du terrorisme et d'Al-Qaida mais nous allons faciliter au maximum la mission de la Ligue arabe". A la question de savoir si ces attentats pouvaient s'inscrire dans un scénario monté par les services de sécurité syriens, il a rétorqué : "Ceux qui proféreront de telles allégations sont des criminels."

Le régime mis en cause

Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants d'opposition au régime syrien, accuse le régime de Bachar Al-Assad de porter "la responsabilité directe des deux explosions terroristes". Il est clair que le moment choisi par les auteurs des attentats constitue une échappatoire pour le régime qui jusque-là a traité les manifestants de groupes terroristes. Ces attentats viennent confirmer les thèses du régime au moment où celui-ci était au plus mal. Pour l'opposition les choses sont claires : il y a manipulation. Le régime "a voulu adresser un message de mise en garde aux observateurs arabes, pour qu'ils ne s'approchent pas des centres de sécurité", selon lui. Ce que cherche le régime avec ces attentats, c'est donner l'impression "au monde qu'il fait face à un danger venu de l'étranger et non pas à une révolution populaire qui demande la liberté et la dignité", poursuit le CNS.

Une information troublante vient du Liban voisin.; Un responsable gouvernemental libanais, réputé proche du régime syrien, avait affirmé cette semaine que Beyrouth enquêtait sur des informations selon lesquelles des membres d'Al-Qaïda se seraient infiltrés en Syrie par le Liban. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié du régime de Bachar Al-Assad, a accusé pour sa part les Etats-Unis d'être derrière les attentats. Le président libanais Michel Sleimane a, lui, téléphoné à son homologue syrien pour dénoncer "les attaques terroristes". Manifestement, il y a des parties qui jouent avec le feu pour soutenir le régime. Ce qui va inévitablement venir troubler la mission des observateurs.

Un général controversé à la tête de la mission

Ces explosions interviennent alors que la mission chargée de préparer la venue des observateurs de la Ligue arabe est arrivée dans le pays jeudi. Cette délégation d'une dizaine de membres a pour tâche de régler les problèmes logistiques du premier groupe de 30 à 50 observateurs qui doit arriver après demain lundi. Ces observateurs devrait être 150 à 200 au total, tous des experts civils ou militaires arabes qui travailleront sous la houlette du général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi. Selon le quotidien français Le Monde, il y a un paradoxe à mettre ce général à la tête de sa mission d'observation chargée d'enquêter sur les exactions commises par les forces de sécurité du régime de Bachar Al-Assad. Mohammed Ahmed Moustapha Al Dabi est un professionnel de la sécurité et un vétéran du renseignement. Mieux, révèle Le Monde : ce sexagénaire, homme de confiance du président soudanais Omar Al-Bachir, qui est censé mettre un terme aux arrestations et aux tueries d'opposants syriens a lui même été impliqué dans la guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan ainsi que dans le conflit au Darfour, qui vaut à Al Bachir, accusé de "génocide", un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).

"Plutôt que de diriger une équipe chargée d'enquêter sur des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en Syrie, le général devrait fairel'objet d'une enquête de la CPI pour des crimes similaires au Soudan", écrit l'ONG Enough Project, spécialisée dans la défense des droits de l'homme en Afrique.

Cette mission est arrivée au lendemain de l'appel de l'opposition syrienne à une réunion d'urgence de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité de l'ONU après "les massacres du régime", qui auraient fait 250 morts en deux jours.

Y.K/Agences

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Afifa Ismail

Décidément El Assad ne recule devant rien pour maintenir son pouvoir, il tue son peuple d'une façon ou d'une autre peut lui importe la forme ou "le flacon pourvu qu'il ait l'ivresse"pour reprendre la formule de Musset;pauvre Syrie ton agonie ne touche pas la communauté internationale.