Erdogan accuse : la France a commis un "génocide" en Algérie

Tayyep Erdogan, premier ministre turc
Tayyep Erdogan, premier ministre turc

Le torchon brûle entre Ankara et Paris. La cause ? La loi condamnant le génocide arménien votée par le parlement français.

Par cette loi, la France ou du moins ses initiateurs, voulaient pousser la Turquie à reconnaitre avoir commis un génocide sur les Arméniens en 1915. La Turquie a déjà reconnu du bout des lèvres avoir liquidé 500 000 Arméniens, mais jamais une quelconque volonté d'exterminer la communauté arménienne. Poussé par un fort lobby arménien en France, les députés enfoncent le clou par cette nouvelle loi. Seulement, la France est mal placée pour donner des leçons à la Turquie. Et celle-ci ne compte pas se laisser faire. Elle invoque les exactions commises en Algérie par l’Armée française. L’argument est vite trouvé.

Le père de Sarkozy ancien légionnaire

Première mesure : la Turquie a rappelé son ambassadeur hier. "Cette proposition a été adoptée malgré tous nos avertissements. Cela va ouvrir des plaies irréparables et très graves dans nos relations bilatérales", menace le premier ministre turc. "Nous révisons nos relations avec la France", lâche-t-il.

Ainsi, vendredi, le ton est monté d’un cran entre les deux pays. Au cours d'une conférence de presse à Istanbul, le premier ministre turc a accusé la France d'avoir commis un "génocide" en Algérie. "On estime que 15 % de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s'agit d'un génocide", a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Il réagissait au vote la veille par les députés français d'une proposition de loi réprimant la contestation du génocide arménien de 1915, après avoir déjà annoncé plusieurs mesures de représailles.

Recep Tayyip Erdogan s'est ensuite directement attaqué à Nicolas Sarkozy, qui "cherche des voix en attisant islamophobie et turcophobie", a-t-il ajouté. Et d'accuser le président français de jouer sur "la haine du musulman et du Turc". Puis, il s'en est pris au passé du père de M. Sarkozy : "Si le président français M. Sarkozy ne sait pas qu'il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy (…) qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940." Ou quand le père du président est accusé, en filigrane, d'avoir commis des crimes en Algérie : "Je suis sûr qu'il a beaucoup de choses à dire à son fils sur les massacres commis par les Français en Algérie."

Il faut avouer que dès qu'il s'agit de la colonisation et de l'Algérie, les autorités française se cabrent. Surtout en cette veille d'élections présidentielles que la droite comme la gauche d'ailleurs tentent de mettre à profit pour engranger des voix. Mais en la matière, la droite rue dans les brancards. Avec les déclarations à la limite du racisme de Claude Guéant contre les immigrés ou les étrangers, maintenant ce sont les députés qui pondent une loi controversée. Le tout pour plaire à la forte communauté arménienne en vue des élections.

Juppé tente de déminer

Le ministre des affaires étrangères Alain Juppé a tenté de calmer la situation. "Il y a beaucoup de raisons de maintenir entre la France et la Turquie des relations de confiance et même d'amitié, j'ose le mot, parce que nous avons beaucoup de choses à faire ensemble, pas simplement sur le plan économique, mais aussi sur le plan politique et stratégique (…) donc j'appelle à nouveau au sang-froid et à la retenue", a-t-il déclaré.

"Je pense que cette initiative [le vote de la loi] n'était pas opportune, mais le Parlement a voté. (…) Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j'en ai conscience, mais le temps fera son œuvre", a ajouté M. Juppé.

Les Etats-Unis ont aussi appelé à l'apaisement. "Nous souhaitons bien sûr de bonnes relations entre la France et la Turquie et nous espérons qu'ils pourront résoudre ensemble leur différend", a commenté un diplomate américain de haut rang jeudi. Le président Barack Obama avait commémoré en avril dernier le 96e anniversaire du massacre d'Arméniens par l'Empire ottoman en demandant à Ankara la "pleine" reconnaissance de ces tueries, mais en s'abstenant de les qualifier de "génocide", bien qu'il ait préconisé d'utiliser ce terme pendant sa campagne électorale en 2008.

Yacine K./Agences

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Commentaires (10) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Les turques de l'empire ottoman, comme la colonisation arabe, ont commis partout où ils étaient maîtres des crimes contre l'humanité.

Les peuples se soumettent ou comme disent les Arabes isteslim (s'islamisent) sinon ils trépassent.

Le peuple amazigh et kabyle en particulier se sont soumis (islamisés) et on voit, hélas, ce qu'ils sont devenus....... les pauvres arméniens ont essayé de résister et on sait le génocide qu'ils ont subi....

Cet islamiste turc devrait plutôt nous donner la liste des sommes colossales détournées par la corruption au pouvoir en Algérie, et qui seraient blanchies par les banques en Turquie....

Ses larmes de crocodille pour instrumentaliser le génocide qu'aurait commis l'armée française sont nauséabonds...

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