Les légitimes profanations d'Abdelaziz Belkhadem

Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN.
Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN.

Le secrétaire général du FLN, dans le discours inaugural de la dernière session du comité central, s'insurge contre les citoyens qui attaquent le parti qu'il dirige. Il dit qu'en agressant ainsi le FLN ils sont les ennemis de l'Algérie.

La première réponse qui vient à l’esprit de donner à l’ancien surveillant général de lycée dans les Hauts Plateaux oranais, après avoir été inspecteur des impôts avant la majorité, est que, avant tous les détracteurs qu’il aurait à citer, il y a le président de la République qui l’a limogé sans demander l’avis de personne au sein du FLN, tout parti majoritaire qu’il est. Mais du moins c’est exactement là que le "conseiller" personnel aura par la suite de la saga bouteflikienne à méditer sur ce qui restera de son parti lorsqu’il aura été dépêtré des pouvoirs concomitants de ses membres. Tout le monde sait que la version FLN post-héroïque n’a aucune valeur de rassemblement en dehors du pouvoir. Elle a les fondations d’un parti unique, réceptacle d'hommes et de femmes prêts à servir les puissants du moment quitte à les oublier par la suite. Leur seule ambition est de continuer à fréquenter les couloirs du pouvoir et de profiter de ses énormes privilèges. Observez simplement ce qui se passe en son sein quand un simple article de loi crée la panique générale en empêchant les élus commis de se présenter en tant que tels.

Ensuite il ajoute – il faut lui reconnaître l’audace - que "si la France n’a pas pu tuer le FLN ce ne sont pas d’autres qui arriveront aujourd’hui qui le feront", en pensant naïvement que ce n’est pas l’écrasante majorité des Algériens et des Algériennes qui pensent lui arracher ce symbole des dents qui mordent dans les augustes pierres tombales et dans les illustres pages d’Histoire.

Cette majorité qui est le peuple, en fractions affiliées ou non, en franges aisées ou crevant la dalle, arabisantes ou bilingues, juvéniles ou vieillissantes, en a-t-elle mare, au final, de cette trempe d’hurluberlus administratifs à la gueule solide – je dirais de même pour Ouyahia à la tête d’un parti bricolé à la hâte pendant la terreur mais dont les contours avaient été ficelés par Abdelhak Benhamouda avant de tomber dans un attentat sur le parvis de l’enceinte syndicale qu’il dirigeait en main de maître – qui ne sont tout compte fait que des profanateurs au long cours. Ouyahia qui doit normalement bâtir un mausolée à la gloire du Service national qui l’a placé comme forme civile à la présidence de la République.

Le RND est une usurpation nationale annoncée comme remède au péril intégriste à la mesure des ambitions de fonctionnaires aventuriers de type à saisir les belles occasions au vol – dans tous les sens du terme – pendant la période tragique du lyoum machi koulyoum où les populations pensaient plus à survivre à leur lendemain que de chercher autour d’elles qui va-t-il s’attaquer à la prise de pouvoir et aux richesses et qui ira détourner les forces publiques pour les faveurs de clans organisés à la manière de gangs..

Sur ce point, les plus vicieux du FLN et ses dissidents de dernière minute, tapis derrière la vraie barrière populaire des travailleurs de l’Ugta, sous la naïveté martiale de Liamine Zeroual, en un temps record ramassent-ils d’incommensurables fortunes en biens escamotés. Le groupe Khalifa en est un exemple présenté comme bouc émissaire du genre, dans le milieu mafieux, de la prise par les autorités d’une tonne de produits narcotiques, pendant que des dizaines passent comme du courrier anodin dans les circuits de trafic.

Il ne faut pas hésiter à considérer Abdelhak Benhamouda comme un martyr dans l’acceptation révolutionnaire du sacrifice pour la liberté telle que pensée par les héros et les héroïnes de l’indépendance parmi eux les militants du FLN qui tenaient tête aux parachutistes de Bigeard et aux fonctionnaires des Sas. Il s’accrochait aux travailleurs qui gagnent leur vie à la sueur de leur front, non pas à celle subliminale du Front de Didouche, de Ben M’hidi et de Hassiba Benbouali.

Combien de militants FLN ont-ils démissionné dans les heures qui ont survécu à la lâcheté accomplie sur Mohamed Boudiaf et sur tous les symboles révolutionnaires qu’il représente ? Combien dites-vous ? Aucun ? Eh bien vous avez tort parce que j’ai vu des dizaines ici et là au cours de mes déplacements de reportage qui quittaient les kasmas jurant sur les martyrs de ne plus y remettre les pieds, mais ces gens-là, s’ils sont encore de ce monde, ne cherchent pas la gloire du FLN, ils l’ont dans la peau, pas dans le bout de la langue qui fait rigoler les enfants.

Parce qu’on s’en bât les flancs et l’on se soucie comme de sa dernière cravate de réunion d’assemblée générale des martyrs de la révolution quand on franchit le perron de l’enceinte parlementaire pour y siéger en votant toutes les trahisons sur le citoyen qui les rémunère comme des princes sans les avoir élus. Tout remue-ménage en Assemblée nationale ou en Sénat avec force souci de maintenir les débats hors des circuits médiatiques tourne autour des intérêts clos relevant du bien-être personnel des membres. Jamais une gravité nationale n’a été portée devant une commission d’enquête pour sinon tenter de la résoudre du moins la faire décortiquer devant les électeurs en débats télévisés. Sauf la dernière mesquinerie en date, une première pour ne pas rater le principe fondamental de la parodie caricaturale sur la démocratie moderne, qui consiste à enquêter sur la "trahison patriotique" à propos de l’augmentation illicite du prix de l’huile et du sucre pendant que le peuple tunisien, genoux cinglant contre la poitrine, courait après son président qui foutait le camp avec sa famille et les bijoux de celle-ci.

Ce serait un manque de respect au lecteur que de tenter de rentrer dans les détails d’une enquête de toute une année présidée par un élu FLN et qui se solde par un pet.

L’Algérien et l’Algérienne auxquels on ne l’a fait plus, en ce début de la deuxième décennie du troisième millénaire, ont plutôt dans la tête cette idée qu’il faille définitivement remettre les prétentions individuelles à leur juste dimension républicaine ; c’est-à-dire de faire appel au plus vite à des juges sans parti pris, choisis parmi la magistrature la plus probe et la plus courageuse, afin de régler pour l’éternité le contentieux qui gravite depuis le 19 mars 1962 autour du parti originel. Il y aura aussi à boire et à manger sur la souveraineté légitime du RND.

Car, il faut se rendre à l’évidence, ya elkhawa : il n’y a hélas plus de place à la patience patriotique que de vivre en Algérie attendant l’autorisation de Khalida Toumi pour pouvoir faire un film sur Larbi Ben M’hidi. Et le feu vert de Riad pour que Soltani ouvre le bec pour dire la spécificité musulmane de l'Algérie.

Nadir Bacha

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Notproud

Ce mec fait peur il a vraiment une sale gueule ! C'est la honte de tout un peuple tu me fais honte Y a si cheikh

Le QI de ce type doit avoisiner le zéro y a qu'à l'écouter causer et ça se permet de me représenter... !!!! La honte.

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madjid ali

Vous avez tout pillé au nom de la ligimité historique. On a même créé une mafia qu'on appelle famille révolutionnaire.

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