France : Ilich Ramirez alias Carlos condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

Carlos se considère comme un "révolutionnaire professionnel".
Carlos se considère comme un "révolutionnaire professionnel".

L'ancien terroriste internationaliste, Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, a été condamné jeudi à la réclusion criminelle à perpétuité et 18 ans de sûreté par la cour d'assises spéciale de Paris qui l'a jugé coupable de quatre attentats mortels commis en France en 1982 et 1983.

C'était la peine maximale que pouvait prononcer la cour et c'était la peine requise contre le Vénézuélien de 62 ans jugé pour quatre attentats qui ont fait 11 morts et près de 150 blessés. L'Allemande Christa Fröhlich, jugée par défaut pour un seul de ces attentats, a été acquittée. Par la voix de son avocate, Carlos a immédiatement fait savoir qu'il allait faire appel de cette condamnation.

Au terme de six semaines d'un procès commencé le 7 novembre, la cour s'était retirée peu avant 19 heures pour délibérer. Auparavant, Carlos qui purge déjà une peine de prison à vie, s'était livré à cinq heures durant à une revue critique de ce qu'il a qualifié de "procès bâclé et de propagande contre Carlos et la cause palestinienne", une "comédie de série B". Il a conclu son soliloque en sanglotant sur la lecture d'un document présenté comme "le testament de Mouammar Kadhafi", un "homme qui a fait plus que tous les révolutionnaires comme nous dans le monde". Avant de lancer : "Vive la révolution!", "Allah Akbar!" poing levé, imité par une quinzaine de ses soutiens.

Jugé pour la première fois pour des actions terroristes présumées, il est accusé d'avoir organisé une campagne d'attentats pour obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Breguet, tous deux membres de son groupe, arrêtés à Paris en février 1982 avec des armes et des explosifs. Le 29 mars 1982, une bombe a explosé dans un train Paris-Toulouse; le 22 avril 1982, c'était au tour d'une voiture piégée devant le siège du magazine Al-Watan Al-Arabi, rue Marbeuf à Paris. Les deux autres attentats ont été perpétrés le 31 décembre 1983 en gare Saint-Charles de Marseille (sud-est de la France) et contre un TGV Marseille-Paris.

Carlos qui, dès le premier jour des débats, s'est érigé en "révolutionnaire de profession" avant de se qualifier de combattant au "sang-froid irréprochable", n'a jamais voulu se déclarer ni coupable ni innocent. Au fil des heures, il a déclaré "assumer la responsabilité politique et militaire pour tous les attentats commis par l'Organisation des révolutionnaires internationalistes (ORI) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)", pour la "cause palestinienne". Mais "il n'y a rien qui me lie" aux quatre attentats objets du procès, a-t-il dit.

De son monologue erratique ont émergé quelques considérations sur son parcours. Ses fiertés: "je n'ai honte de rien, j'ai jamais trahi, j'ai jamais dénoncé". Ses regrets : "Pour ma famille, mes enfants, mes épouses, pour le prix qu'ils ont payé pour être avec moi". Ses ambitions : retourner au Venezuela. "Je ne vais pas recommencer à détourner des avions, ce n'est plus de mon âge, mais j'ai des chose à faire dans mon pays". "Le combat continue".

Auparavant, une de ses avocates, Me Isabelle Coutant-Peyre avec qui il a noué une union religieuse, s'est employée dans sa plaidoierie à démontrer que Carlos était victime d'un "procès politique". Ce procès est fait à un homme qui demeure "un révolutionnaire" et "un symbole" pour "une partie du monde", a-t-elle soutenu, couvée du regard par l'accusé derrière la vitre du box. La condamnation de Carlos à une peine de sûreté pourrait avoir un impact sur ses possibilités de demander une libération conditionnelle au titre de sa première condamnation.

Le Vénézuélien est incarcéré en France depuis son arrestation au Soudan par les services français en août 1994. Trois membres de son organisation révolutionnaire sont jugés en même temps que lui pour certains des attentats. Mais ils sont absents. Johannes Weinrich, l'ancien bras droit de Carlos, est détenu en Allemagne pour d'autres faits, Christa Fröhlich un temps détenue en France, est en fuite en Allemagne, tandis que le Palestinien Ali Kamal Al-Issawi est toujours recherché.

Avec AFP

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