Elections législatives : comment le pouvoir s’y prépare

Abdelaziz Bouteflika convoquera le corps électoral, pour la tenue des élections législatives fin décembre en cours, par voie de décret.
Un décret présidentiel qui ne sera signé qu’après l’adoption, par le Sénat, de toutes les lois liées à la réforme, notamment la loi électorale et celle sur les partis. C’est ce que nous confie une source très bien informée. "Le calendrier ne subira aucune modification en cours de route", affirme, d’ailleurs, notre source qui exclut toute éventualité d’un recours à une deuxième lecture des lois sur les réformes politiques, par Bouteflika, comme le réclament certaines voix dans la classe politique. "Les élections auront lieu dans les délais, ajoute encore notre source". A savoir vers la fin février, début mars 2012. Il faut dire que les préoccupations du pouvoir sont tout autres. Il s’agit, pour lui d’anticiper les événements. Et il s’y affaire depuis quelques mois déjà. La déferlante islamiste sur le monde arabe n’épargne pas l’Algérie non plus. "Le vote islamiste est la seule certitude dans cette élection. L’électorat islamiste n’a pas besoin d’être mobilisé pour se manifester", estime une source. Toujours est-il, c’est sur la base de ce constat que le pouvoir entame la préparation des prochaines législatives. "Les choses sont très simples : Il s’agit d’empêcher cet énorme potentiel électoral islamiste de se concentrer sur un seul parti. Le pouvoir peut tout accepter sauf d’avoir affaire à un grand parti islamiste". Ceci d’un côté. De l’autre, "le pouvoir veut faire émerger un contre-poids aux islamistes. Avec un pôle qui va fédérer des nationalistes et des démocrates".
L’abstention et le vote sanction : le cauchemar du pouvoir
Dans sa stratégie d’anticipation, le pouvoir a déjà préparé sa solution s’agissant du contrôle des islamistes. "L’agrément certain des trois partis politiques de Abdallah Djaballah, de Mohamed Saïd et de Menasra participe de cette stratégie. Et les spéculations donnent ces trois nouveaux partis à la tête du courant islamiste. Cela, au détriment du MSP qui sera l’un des plus grands perdants de la future reconfiguration de la scène politique", nous révèle encore notre source. Parti de l’Alliance présidentielle et membre du gouvernement depuis 1997, le parti d’Abou Djerra Soltani a fini par susciter méfiance et rejet des islamistes purs et durs, largement majoritaires, de l’électorat islamiste. C’est ce qui explique les agitations désespérées de l’ex-Hamas de ces dernières semaines qui s’essaye à l’opposition radicale. "Peine perdue !", estime notre source. "Les radicaux, notamment l’électorat de l’ex-FIS ne reportera jamais ses voix sur le MSP. D’ailleurs, le pouvoir détient des informations précises sur les différentes tractations en cours, entre les différentes factions de l’ex-FIS et plusieurs personnalités islamistes comme Djaballah, Mohamed Saïd et Menasra. Mais jamais Abou Djerra. Les Djazaaristes conduits par Hachemi Sahnouni et des chefs de l’AIS sont disposés à parrainer les listes des partis de Djaballah, Menasra ou Mohamed Saïd, ce dernier bénéficiant de l’influence et de l’estime dont jouit son mentor, Ahmed Taleb Ibrahimi auprès de la direction et de la base de l’ex- FIS". Ce que redoute fort le pouvoir, c’est le vote sanction à l’encontre de l’Alliance ou l’abstention. «Ce qui revient au même», commente notre source. Une crainte d’autant plus aggravée par la crise qui frappe le FLN depuis plus d’une année. "Le FLN, déjà plombé par la fronde provoquée par le mouvement des redresseurs, sera par ailleurs le plus grand perdant du lancement de nouvelles formations politiques comme celle de Aziz Belaïd, Tahar Benbaïbeche ou Khaled Bounedjma, toutes se proclamant de la famille révolutionnaire". Or, "le pouvoir tient absolument à constituer un pôle, d’égale consistance, en face des islamistes et qui sera constitué du FLN, du RND et du… FFS" !
Le mystérieux séjour algérois d’Aït Ahmed
S’étant appuyé, depuis quelques années sur le PT de Louisa Hanoune, le régime de Bouteflika veut adjoindre un nouveau client : le FFS de Hocine Aït Ahmed. "Ce qui intéresse le pouvoir, c’est l’image qu’il donnera de lui pour l’étranger. D’où le choix du FFS". Le parti, pourtant supplanté même en Kabylie depuis quelques années est sollicité par le pouvoir pour jouer un rôle dans les prochaines recompositions. Le deal aurait été scellé depuis quelques mois, à l’occasion d’un séjour qu’aurait effectué dans le plus grand secret Hocine Aït Ahmed en mai dernier à Alger". Aït Ahmed aurait rencontré de hauts responsables lors de ce voyage et la participation du FFS aux prochaines législatives ne ferait aucun doute. C’est ce qui explique peut être la médiatisation dont jouit le parti, dans les médias publics. Mais aussi son attitude passive lors des protestations qui ont secoué le pays durant les premiers mois de l’année 2011.
Kamel Amarni
Commentaires (8) | Réagir ?
Si le pouvoir est à ce point capable de tout reconfigurer à sa sauce alors tant pis pour les mécontents. Mais on le devine facilement, ce qui semble deplaire à l'auteur de cette article c'est la mise à l'écart d'un certain clan.
C'est le moment ou jamais où le peuple algérien peut décider de son sort et de celui des futures générations, en ne tombant pas dans le piège des élections, qu'il faut rejeter d'ailleurs haut et fort.
Il faut tout faire pour changer radicalement tout l'héritage moribond sur tous les plans de ce qui a été manigancé depuis 1962, pour aller vers une deuxième république, donc point d’élections. Afin que l’Algérie se débarrasse de la junte qui la prise en otage voilà 51 ans, il faut imposer et orienter le débat vers l'essentiel n'est-ce pas messieurs les journalistes toute tendances confondues ; vous avez une grande responsabilité dans le malheur du pays, au lieu d’orienter le débat vers l'essentiel, c'est à dire poser l'équation suivante : par quoi devons-nous commencer pour changer la destinée de notre pays qui ne cesse d'avancer vers les abîmes ?
La priorité n'est pas dans les élections sous la même mafia, car durant ces deux dernières décennies, le peuple algérien est celui qui a détenu le record des élections, sans toutefois changer quoi que ce soit, si ce n'est d’aggraver la situation sur tous les plans.
La priorité donc est de changer radicalement tout le système à commencer par les hommes, en effaçant les dinosaures du FLN de la mangeoire, faire disparaitre les articles rétrogrades de l’islam religion d'Etat, du code de la "faillite de la femme" qui a fait d'elle une mineure à vie et un jouet entre les mains des babefélènes, et obsédés sexuels poilus, décréter la laïcité de l'état, afin de ne pas jouer avec les sentiments religieux des gens pour les endormir, enlever l''école d'entre les mains de charlatans qui l'ont sinistrée pour la mettre entre les mains de spécialistes à l'esprit ouvert au monde, aux autres cultures et religions car un pays vaut ce que vaut son école.
Cessez donc de berner le peuple;il faut tout utiliser pour aller à l'essentiel sus cité, et pour cela; il est temps d'utiliser tous les moyens des N tic, communications, réseaux sociaux, meetings, tables rondes etc.. afin de boycotter toutes les élections jusqu'au changement radical du système!