Le Mujao revendique l'enlèvement de trois Occidentaux

Ce nouveau groupe terroriste va compliquer la donne de la lutte.
Ce nouveau groupe terroriste va compliquer la donne de la lutte.

Al Qaïda au Maghreb islamique a éclaté à la faveur du très lucratif commerce des otages européens. Mais pas seulement sans doute.

Un nouveau groupe dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué, à travers un message écrit et audio l’enlèvement les 23 octobre des deux Espagnols et d’un Italien à Tindouf. L’organisation Aqmi dément être l’auteur des enlèvements.

Mais alors que s’est-il passé dans les rangs de cette nébuleuse islamiste pour qui le trafic d’armes, de drogue, de cigarettes et de rapts d’Occidentaux se teintent d’une certaine idéologie islamiste combattante ?

La seule information disponible pour le moment c’est que ces dissidents se revendiquent comme étant la Jamat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi Ifriqiya. Ils se considèrent comme des dissidents d’Aqmi. "Nous revendiquons l'opération qui s'est produite le 23 octobre à Tindouf où deux ressortissants espagnols ont été enlevés, ainsi qu'un ressortissant italien", affirme leur message écrit adressé au correspondant de l'AFP à Bamako. Par ailleurs le même message a été lu au téléphone par un homme affirmant être un porte-parole de ce groupe qui se présente comme composé de dissidents d'Aqmi, sans toutefois préciser les raisons de cette dissidence.

Jamat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi qui signifie Mouvement unité pour le Jihad en Afrique de l'Ouest ne se contente donc plus de la région Maghreb. Ces islamistes dissidents comptent porter le fer dans toute l’Afrique de l’Ouest. Cette profondeur géographique a de quoi inquiéter les services de sécurité de toute cette région désormais.

En vrai, ces dissidents d’Aqmi sont fidèles à l’idéologie internationaliste d’Al Qaïda. Il est fort probable à ce propos que le groupe extrémiste Boko Haram ou du moins certains de ses éléments rejoignent ou fassent déjà partie du Mujao.

"Dans le noyau, il y a des éléments sahraouis qui ont participé à l'enlèvement des trois Européens dans les camps de Tindouf, il y a des Algériens mais aussi des ressortissants d'Afrique de l'Ouest", affirme la même source.

Les trois coopérants - un homme et une femme espagnols et une Italienne - avaient été enlevés dans la nuit du 23 octobre dans Rabuni, un des camps de réfugiés sahraouis d'Algérie, près de Tindouf. Au-delà de la rançon qu’elle pourrait apportée à ses auteurs, cette opération semble être un test que le Mujao a fait passer aux Sahraouis. Pour qu’ils soient acceptés par ce groupe, ils leur a donc fallu réaliser cette action "spectaculaire". Ce qui n'a rien avoir avec le mouvement du Polisario. Contrairement à ce qui a été distillé çà et là.

Une chose est certaine : l'apparition de ce nouveau groupe islamiste va compliquer la tâche aux négociateurs pour la libération des otages.

Réunion de haut niveau dimanche à Nouakchott

Cette revendication du rapt des trois Occidentaux tombe à la veille d'une importante réunion des ministres de la Défense de dix pays du pourtour méditerranéen, européens et africains (Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Algérie, Libye, Tunisie, Maroc et Mauritanie) à Nouakchott (Mauritanie). Les armes issues des arsenaux de l’ancien régime libyen donnent des sueurs froides aux responsables de sécurité du Sahel, et même aux Occidentaux. Et ce pour plusieurs raisons. D’abord la dangerosité de certaines armes (comme les lance-missiles capables de toucher des avions en décollage) ; ensuite les Occidentaux ont non seulement des intérêts dans la sous-région, mais aussi leurs ressortissants sont les cibles de choix des ravisseurs d’Aqmi et du désormais Mujao. Voilà qui les obligent à appuyer les pays de la région dans leur lutte.

Yacine K.

Plus d'articles de : Maghreb

Commentaires (0) | Réagir ?