Révision constitutionnelle : le calcul sordide de Belkhadem! Par Hassane Zerrouky

Révision constitutionnelle : le calcul sordide de Belkhadem! Par Hassane Zerrouky
A entendre Abdelaziz Belkhadem et certains proches du pouvoir, le sort de l’Algérie serait suspendu à la question de savoir si Abdelaziz Bouteflika va postuler ou non pour un troisième mandat. Pour ce faire, Belkhadem ne propose ni plus ni moins que de faire sauter le verrou constitutionnel limitant à deux le mandat présidentiel. Et dans cette perspective, le prochain congrès du FLN ne devrait avoir qu’un seul point à l’ordre du jour : la révision constitutionnelle !
A l’évidence, si révision constitutionnelle il y a, il est permis de penser qu’elle ne concernera pas seulement la question du mandat présidentiel, voire les pouvoirs du futur chef de l’Etat qui sont dans l’actuelle Constitution aussi importants que ceux dont dispose George Bush. Il n’est pas impossible, dans le contexte du rapport de forces actuel, que la proposition de mettre fin à la limitation des mandats présidentiels soit accompagnée d’un paquet d’autres dispositions visant, par exemple, à islamiser davantage le système politique actuel et à le verrouiller.
Institutionnaliser la réconciliation nationale pour qu’elle ne soit plus remise en cause et qu’elle serve de socle institutionnel à une large alliance islamo-conservatrice ; renforcer davantage le caractère islamique de l’Etat afin que l’islamisme, en tant qu’idéologie, ne soit plus confiné dans un statut de semi-clandestinité au sein du système politique ; verrouiller au moyen d’autres dispositions constitutionnelles le champ politique afin de rendre impossible une alternance politique démocratique ou réduire cette alternance à un simple passage de témoins entre gens issus du même système, partageant les mêmes valeurs islamo-nationalistes, et partant le pérenniser,.. autant de mesures qui pourraient être débattues par le congrès du FLN, avant d’être adoptées et entérinées par l’APN. Tel est le sens de la démarche de Abdelaziz Belkhadem et de ceux qui l’appuient. Tel est semble-t-il l’enjeu caché de ce débat se déroulant au sein du sérail à l’abri de l’opinion. Et c’est ce qui explique le forcing de Belkhadem.
Quant à Abdelhak Bouharra, qui a pris la tête de la fronde contre Belkhadem, il n’est pas opposé à un troisième mandat. Sur le fond, les deux hommes ne partagent pas tout à fait les mêmes valeurs. Bouharra reste un nationaliste, un pur produit du système, dont la préoccupation, partagée certainement par tout un courant du FLN, est l’extrême fragilité politico-institutionnelle dans laquelle se trouve l’ex-parti unique. Constatant que l’assise électorale du FLN ne représente que 7% des électeurs inscrits, Bouharra propose de refonder le FLN, de lui fixer des objectifs afin de reconquérir son électorat (en a-t-il eu un par le passé ?), d’opérer rapidement des changements dans ses instances dirigeantes. Décodé : cela ne sert à rien de faire réélire Bouteflika si le FLN ne regagne pas la confiance populaire. Or, le système actuel est usé. Chercher à le sauver – c’est le sens de la proposition de Bouharra - c’est reproduire les impasses auxquelles fait face l’Algérie depuis la fin des années 80.
Le drame, aujourd’hui, est que le débat politique se focalise essentiellement sur la révision constitutionnelle, se limite aux forces gravitant dans la proximité immédiate de la sphère de l’Etat. En outre, à lire les déclarations des quelques politiques s’exprimant sur le sujet, force est de constater qu’ils tournent autour du pot, spéculant soit sur la maladie du président soit sur son intention de ne pas se représenter, soit en se bornant à annoncer que cette révision n’est pas « à l’ordre du jour » ! Fermer le ban. Mais peu nombreux sont ceux qui ont le courage de dire : « assez, l’urgence est ailleurs » ! En effet, ce débat exclusif, sur fond de « règlements de compte entre amis qui nous veulent du bien » reste déconnecté des réalités socio-politiques. D’une part, la situation sociale est préoccupante au point où Farouk Ksentini a mis en garde le pouvoir politique sur le risque d’une explosion sociale. D’autre part, les derniers attentats kamikazes montrent une sérieuse détérioration de la situation sécuritaire. En atteste le renforcement, ces derniers jours, du dispositif sécuritaire à Alger par crainte de nouveaux attentats suicides, le recrutement par l’ex-GSPC de jeunes frappés par l’exclusion sociale, se trouvant dans des postures de désespérance sociale, prêts au « sacrifice » de leurs vies ! Un double mouvement qui alimente les inquiétudes de nombreux citoyens. Alors que par ailleurs – c’est étonnant que personne ne le relève - le Conseil du gouvernement ne se réunit plus de manière régulière, et quand il le fait, il donne l’image d’un exécutif en train de liquider les affaires courantes...
L’urgence donc n’est pas à la révision constitutionnelle mais au règlement de la crise actuelle d’une manière sereine. Le débat politique doit donc sortir du cadre dans lequel certains cherchent à l’enfermer : ce débat, c’est l’affaire de tous, des élites, des politiques, de la société civile et de cette opposition démocratique qui donne l’impression de compter les points.

H.Z

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Commentaires (9) | Réagir ?

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MAHOMED GRIGRI

Bouteflika ne se presentera jamais à une éléction s'il n'est pas certain à l'avance de pouvoir frauder à plus de 85%, c'est dans la nature du bonhomme. Le FLN, UGTA, ... tout cela c'est du pipi de chat, les veritables interlocuteurs sont ailleurs et pas forcemment au DRS.

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wahab benidir

Mon cher Amine RABAH - Vous n'êtes pas la seule victime du clan de Oujda. Malheureusement c'est l'ensemble du pays qui trinque aujourd'hui. Plus que celà, votre dénonciation du régionalisme honteux est réelle dans la mesure ou le défunt M. S BENYAHIA lors de sa prise de fonction aux AE EN 1979 avait poussé un cri, tellement il était effaré : la presque quasi totalité du corps diplomatique et consulaire (ne pas oublier aussi l'Administration Centrale) était originaire des mêmes dechrates ayant un lien avec le précédent ministre des AE ; les seules exceptions étant les historiques de la Révolution (intouchables par le Ministre) et ceux, qui par calculs avaient pris pour épouses des vieilles filles ayant elles aussi des origines/descendances de l'équipe dirigeante des AE de l'époque. Aujourd'hui le même scénario a repris de plus belle et je pense qu'en tant qu'ancien de la boîte vous avez des nouvelles de ce qui s'y passe. Bonne retraite quand même.

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