Même après Kadhafi, les Amazighs demeurent toujours marginalisés

Fethi Ben Khalifa, président du CMA.
Fethi Ben Khalifa, président du CMA.

Persécutés sous l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, qui niait leur existence, les Amazighs libyens estiment être toujours marginalisés par les nouveaux dirigeants du pays et réclament l'officialisation de leur langue, le tamazight.

Mouammar Kadhafi leur a menés la vie dure, le nouveau gouvernement libyen continue à les ignorer. Eux, ce sont les Amazighs libyens. Pourtant, leurs combattants ont remporté des victoires importantes pendant la lutte armée menées contre les partisans de l'ancien dictateur. Mais, au vu des dernières mesures, le nouveau gouvernement ne semble pas près de leur rendre justice. En reconnaissant leur langue et culture comme le revendiquent les militants de la cause amazighe.

"Exclusion programmée"

Après une quinzaine d'années d'exil, Fathi Ben Khalifa, un opposant politique libyen et militant culturel amazighe, est de retour à Zouara, sa ville d'origine, "capitale" des Amazighs libyens, à 120 km à l'ouest de Tripoli. En 2009, il explique avoir été contraint de se réfugier aux Pays-Bas, suite à des "pressions" du régime de Kadhafi sur les autorités du Maroc où il avait vécu pendant quelques années.

"Notre militantisme pour défendre les droits des Amazighs libyens dans les instances internationales, était une source d'inquiétude pour le régime", se souvient M. Ben Khalifa. Il affirme avoir été arrêté en France en 2007 et détenu pendant plusieurs heures, après avoir manifesté contre la visite à Paris de Mouammar Kadhafi.

Président du Congrès mondial amazigh (CMA) depuis octobre, M. Ben Khalifa, 46 ans, milite toujours pour l'officialisation et la reconnaissance de la langue et l'identité amazighe, estimant que les Amazighs représentent plus de 20% de la population libyenne qui compte six millions d'habitants.

"Même après la chute du régime, nous sommes toujours victimes d'une exclusion programmée, dans la déclaration constitutionnelle (du Conseil national de transition) et aussi dans la pratique, dans les textes de loi, dans les déclarations, etc...", estime-t-il.

Des centaines d'Amazighs de Libye ont manifesté dimanche à Tripoli pour la deuxième fois en trois jours afin de protester contre leur "exclusion" du gouvernement de transition formé récemment.

Tamazight, la grande oubliée de la révolution

En attendant l'élection d'une assemblée constituante dans huit mois, le CNT a élaboré une "déclaration constitutionnelle" dans laquelle il proclame la Libye "comme un Etat indépendant, démocratique (...) avec pour langue officielle l'arabe, tout en garantissant les droits culturels et linguistiques des Amazighs, des Tobou et des Touaregs (sud)".

"Pourquoi cette exclusion Quel danger représente la langue amazighe si elle est inscrite dans la Constitution comme langue officielle". Selon M. Ben Khalifa, "il est du droit des Amazighs d'exister avec leur identité, leur civilisation et leur langue".

Le militant estime que les amazighs ont été floués, trahis par les nouvelles autorités. "Le dernier gouvernement a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les Amazighs se sont rendus compte qu'ils étaient marginalisés au niveau législatif et exécutif".

"Que nous soyons reconnus par la Constitution et protégés par la loi, c'est notre droit indiscutable", affirme-t-il. Il accuse les islamistes et des nationalistes arabes d'être "derrière l'exclusion des Amazighs". "Il faut que les règles soient définies et qu'une Constitution démocratique qui protège tout le monde soit mise en place", dit-il. Fethi Ben Khalifa critique par ailleurs le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil qui a affirmé récemment sur une chaîne de télévision libyenne que les Amazighs en Libye étaient guidés par des intérêts venant de l'étranger.

"Nous avons cru que nous en avions fini avec la théorie du complot de l'ancien régime. Les propos d'Abdeljalil sont dangereux", estime-t-il.

"Le CNT est une entité légale, mais ses membres, y compris M. Abdeljalil, manquent de légitimité. Ils n'ont pas été élus par le peuple", ajoute-t-il affirmant que les Amazighs "vont continuer leur combat pour la reconnaissance officielle de leurs langue et identité".

Y.K/AFP

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Commentaires (4) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Il y a une vérité qu'on omet de citer, c'est que le colonialisme a été créé par les Arabes, dont l'origine est la lointaine péninsule arabique, et partant de ce principe, là où ils sont présents, ils sont considérés comme des envahisseurs. L'exemple de l'Afrique du nord est assez édifiant ; comment expliquer que tous les régimes du Maghreb, d'Afrique du nord, ont occulté l'identité amazighe plusieurs fois millénaires des autochtones, ou ces derniers quémandent et parfois par le sang leur identité marginalisée, voire niée par ceux la même qui ont envahi leur terre, la terre de leurs ancêtres sous le fallacieux subterfuge de l'expansion de l'Islam. A ces messieurs, je leur dirai que le plus grand pays musulman l’Indonésie n'est pas arabe, que l'Iran "la Perse" ou le veritable islam a rayonné durant des siècles n'est pas arabes, que la Bosnie n'est pas arabe, que les chinois musulmans ne sont pas arabes, que les républiques musulmanes de l'ex-URSS, ne sont pas arabes! Alors de grâce, pourquoi utiliser le mensonge: "L'islam nous a arabisé" ; que tiennent tous les régimes de l'Afrique du nord?pour nous aliéner ? Pourquoi arabiser l’école algérienne si ce n'est dans le but de lutter contre l'identité amazigh afin de l’éradiquer ?

Les gouvernants post-coloniaux de tous les pays d' Afrique du nord ont ils été mandaté par l'ex puissance coloniale la France pour continuer ce qu'ils avaient commencé avec les fameux bureaux arabes afin d'aliéner les habitants des pays respectifs des pays nord africains et surtout de la Kabylie ? dont la France n'a jamais digéré le dévouement de ses habitants pour l'indépendance du pays, car ayant donné toute la crème de la révolution et que le nombre d’officiers et maquisards originaire de cette région a été impressionnant ! car, un peuple aliéné est voué à la disparition ! Il est temps que les algériens se reconnaissant dans l'identité amazigh de leurs pays, berbérophones et arabophones fassent tout ce qu'il y a dans leur possibilité de lutter contre cet arabisme imposé au pays et qui a fait un mal terrible à l’Algérie, il suffit de constater la situation du pays à tous le niveaux qui est dégradante à plus d'un titre!

Chich! pour ces renégats qui nous ont imposé l'arabisme de nous citer ne serait ce qu'un pays arabe qui a son auto suffisance alimentaire, car il ne font que mendier leur subsistance ! Et pourquoi leurs enfants son envoyés dans les écoles et universités occidentales ?

Il est temps, si ce n'est pas déjà trop tard de tout faire pour nous amarrer avec les nations avancés qui n'utilisent que le savoir et les Sciences et non les archaïsmes de la religion et qui dominent le monde, car la fin du pétrole que vos gouvernants utilisent pour acheter, vous soudoyer, et vous avilir est toute proche seules les nations qui détiennent le savoir, la technologie demeureront, les autres disparaiteront par la famine, les maladies et l’ignorance!

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djamel rami

les Imazighen d'afrique du nord ne doivent pas s'attendre à etre intégrés et reconnus par les pouvoirs actuels, ils doivent faire leur révolution à l'instar des peuples opprimés du monde pour récupérer leurs territoires et leur identité.

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