Pierre Godonneix : "L'Algérie doit entamer son programme des énergies renouvelables"

Faudra-t-il attendre la fin du pétrole pour se lancer dans les énergies renouvelables ?
Faudra-t-il attendre la fin du pétrole pour se lancer dans les énergies renouvelables ?

"La croissance de la consommation ne doit pas être le seul objectif des politiques énergétiques mais on doit aussi se préoccuper de la protection de l’environnement et notamment du réchauffement climatique et aussi, de faire en sorte qu'il y ait un accès pour tous à l’énergie notamment pour les populations les plus démunies".

Pierre Godonneix, président du Comité mondial de l’énergie (CME) qui s'exprimait lors d'un point de presse au Centre de convention d'Oran a déclaré que l’année en cours a enregistré des évènements préoccupants. Notamment en matière de sécurité dans le domaine pétrolier mais également concernant des réserves gazières aux Etats-Unis, mais aussi la découverte de schiste aux USA et en Algérie.

A partir des risques écologiques qu'encourt la planète, il faudra, à long terme, trouver de nouvelles ressources, à travers les énergies renouvelables. Surtout si l'on sait qu'à l’horizon 2050, la consommation énergétique aura doublé dans le monde, et que 90% de cette croissance de la consommation concernera les pays émergents. D'où l’impératif "de trouver d'autres relais aux énergies conventionnelles", a affirmé l'invité de la rédaction. Les ressources existent, rassure-t-il, mais les politiques doivent se préoccuper de développer de nouvelles technologies et de la diversification des sources d'énergie pour assurer, à la fois, la sécurité de l'approvisionnement, la protection de l’environnement et l’accès de tous à l'énergie. A propos de l'équilibre entre producteurs et consommateurs de l’énergie, le président du CME dira qu'il faudra effectivement rechercher cet équilibre et qu'il faudra "s'attendre à des politiques énergétiques adaptées à chaque pays". Néanmoins, ajoutera t-il, "il y va des intérêts communs entre ces pays et des questions qu'il faudra discuter" dans un cadre notamment en ce qui concerne la question environnementale, "le Conseil mondial de l'énergie œuvre dans ce sens et nous pensons qu’il faudra instituer, au niveau mondial, des règles de sécurité acceptées de tous".

Pour le nucléaire, il fera savoir qu'entre 60 à 70 centrales nucléaires sont en construction dans le monde, principalement en Asie : la Chine, la Corée, l'Inde et la Russie. Ce programme continuera d'occuper une part importante dans la production d'énergie en Europe. S'agissant de la sécurité des installations, il répondra que la question est mondiale, ce qui implique une concertation à ce niveau pour voir comment faire évoluer et faire admettre à tous les règles de sécurité.

L'Algérie doit lancer son programme énergie renouvelable rapidement

Dans le même ordre d'idées, Pierre Godonneix dira que le nucléaire continuera de constituer une solution pour l'énergie pour certains pays comme la Chine dont la croissance de la consommation évolue de 15 % chaque année. Mais, il a affirmé, que pour le cas de notre pays, les énergies fossiles sont des ressources limitées et que le pays devra penser à son avenir dès à présent. "L'Algérie a cette chance de disposer d'atouts notamment le potentiel solaire, il est opportun qu'elle entame le développement de son programme des énergies renouvelables d'autant plus que ses besoins en énergie sont croissants", conseille Pierre Godonneix. Quant à l'avenir du gaz dont notre pays est un producteur et exportateur potentiel, il affirmera que pour beaucoup d'opérateurs, le gaz est perçu comme étant l'énergie de la transition car c'est une énergie fossile qui a le moins d'émanations carboniques et qui permet une diversification économique contrairement au pétrole. En fait, à long terme, il y aura trois préoccupations dans les politiques énergétiques à savoir, l'économie d'énergie, un levier très important, les énergies renouvelables et le nucléaire.

Concernant les cours du pétrole, il prévoit en tant qu'énergéticien, une envolée des prix sur les marchés mondiaux à long terme car on va vers des sources d'énergie, de plus en plus, difficile d'accès et des règles de protection de l’environnement et de sécurité plus contraignantes ce qui influera sur les prix de l'énergie. Toutefois, cette volatilité, à court terme, ne remet pas en cause l'objectif de long terme.

Medjadji H.

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