Le Yémen plongé dans de violents heurts inter-religieux

Les violences chiites contre sunnites pourraient être fatales pour le pays.
Les violences chiites contre sunnites pourraient être fatales pour le pays.

Quelques jours à peine après la signature d'un accord sur la passation de pouvoir du président Saleh, accord très contesté par l'opposition, des combattants de la rébellion chiite du nord du Yémen ont attaqué samedi une école de fondamentalistes sunnites près de Saada, faisant 20 morts et 70 blessés, a indiqué dimanche 27 novembre une source tribale.

L'attaque a visé "Dar Al-Hadith", un institut formant des prédicateurs sunnites fondé dans les années 1980 à Dammaj, à une dizaine de kilomètres au sud de Saada, le fief des rebelles chiites, appelés également Houthis, a précisé cette source. Dar Al-Hadith est fréquenté par des étudiants venant du Yémen et de nombreux pays étrangers et vu par les Houthis, adeptes du chiisme, comme un centre de prosélytisme de l'islam sunnite dans leur région.

L'un des enseignants de Dar Al-Hadith a affirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que l'assaut avait été précédé de deux semaines de blocus de la banlieue de Dammaj, pendant lesquelles les Houthis ont empêché l'acheminement de vivres pour une population estimée à 10 000 personnes. Selon lui, les Houthis veulent venir à bout de ce centre sunnite, qu'ils accusent de faire partie d'une campagne pour les convertir à ce courant de l'islam et leur faire perdre leur identité chiite.

La rébellion houtie remonte à 2004

Une source de sécurité de la province de Hijja, dans le nord-ouest du Yémen, a affirmé à l'AFP que 22 combattants Houthis et six hommes armés de l'opposition parlementaire avaient été tués dans des combats ces trois derniers jours. Les opposants armés ont voulu empêcher une tentative d'implantation des Houthis dans une zone de la province de Hijja limitrophe de leur fief de Saada, a expliqué cette source.

Le porte-parole des Houthis a confirmé que la rébellion chiite "avait conquis de nouvelles positions" dans cette zone "après de violents combats avec des miliciens du régime, qui nous attaquaient depuis vendredi". Selon lui, huit Houthis ont été tués dans les affrontements, qui ont cessé dimanche.

Les combats se sont déroulées sur fond d'une violente dénonciation par les Houthis de la participation de l'opposition parlementaire à un accord politique signé mercredi à Ryad, qui prévoit le départ du président Ali Abdallah Saleh en échange d'une immunité pour lui-même et ses proches. Dans un communiqué publié vendredi, les Houthis ont accusé l'opposition d'avoir "trahi le sang des martyrs" et de s'être associé à un "plan américano-saoudien visant le Yémen".

Les rebelles Houthis appartiennent à la branche zaïdite du chiisme et s'estiment marginalisés sur les plans politique, social et religieux. Leur rébellion dure depuis 2004 et les combats avec l'armée ont fait des milliers de morts avant un cessez-le-feu proclamé en février 2010.

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