Le régime syrien ignore le nouvel ultimatum arabe

Que va décider la Ligue arabe pour enrayer la répression en Syrie ?
Que va décider la Ligue arabe pour enrayer la répression en Syrie ?

Le régime syrien est resté inflexible en ignorant vendredi un nouvel ultimatum de la Ligue arabe de cesser la répression sous peine de sanctions économiques, ses forces tentant toujours de mater dans le sang des milliers de manifestants dont six ont été encore tués.

A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon s'est dit "prêt" à aider la Ligue arabe dans sa tentative de trouver une solution à la crise en Syrie, après une demande en ce sens de l'organisation panarabe, la première du genre.

Une nouvelle fois, des milliers de Syriens sont descendus dans les rues, les uns pour dénoncer le régime et soutenir les déserteurs de l'armée, les autres pour conspuer l'ultimatum de la Ligue arabe sur l'envoi d'observateurs en Syrie, qui a expiré vendredi à la mi-journée sans réponse de Damas.

"Nous n'avons toujours aucune réponse du gouvernement syrien", a déclaré un diplomate arabe après l'expiration de l'ultimatum, le deuxième en une semaine lancé au régime du président Bachar Al-Assad pour cesser la répression de la révolte populaire qui a fait selon l'ONU plus de 3.500 morts depuis la mi-mars.

Réunis jeudi au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères avaient donné moins de 24 heures à Damas pour accepter l'envoi d'observateurs chargés de superviser la mise en oeuvre d'un plan destiné à mettre fin à la crise et à "protéger les civils". Peine perdu donc, la Syrie oppose un silence méprisant aux demandes de la Ligue.

Les ministres arabes des Finances doivent désormais se réunir samedi dans la capitale égyptienne pour discuter d'éventuelles sanctions économiques, qui seraient soumises dimanche aux ministres des Affaires étrangères.

Ces derniers devront coordonner leur riposte au "silence" de la Syrie, a estimé le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, qui participera à la réunion. "Si la Syrie n'avait rien à cacher (...), on aurait pu s'attendre à ce qu'elle dise oui à ces observateurs. Son silence renforce les inquiétudes sur la situation humanitaire et les soupçons sur ce qui se passe", a ajouté M. Davutoglu, dont le pays a appelé au départ de M. Assad. Mais Bachar Al Assad compte encore quelques soutiens au sein de la Ligue, comme l'Irak, le Liban ou l'Algérie dont la position modérée a valeur de soutien. En face, les pays du Golfe appuyés par le Maroc, la Tunisie et l'Egypte constituent un bloc qui veut en finir avec le régime syrien.

Alors que l'économie syrienne est déjà affectée par les sanctions européennes et américaines, des mesures de rétorsion arabes risqueraient d'étouffer la Syrie, dont la moitié des exportations et près d'un quart des importations se font avec les pays arabes. Longtemps réticente à toute internationalisation de la crise, la Ligue arabe, qui a déjà suspendu la Syrie, a décidé d'appeler l'ONU à "prendre les mesures nécessaires pour appuyer" ses efforts.

Au siège de l'ONU, M. Ban est "très inquiet de l'escalade et du bilan croissant des morts" et il est prêt à aider la Ligue arabe, a déclaré son porte-parole. Selon des diplomates, la Ligue arabe pourrait demander que des experts de l'ONU participent à une éventuelle mission d'observateurs en Syrie. La proposition subira sans nul doute le même refus que les précédentes, elle permettra en revanche aux hommes de Bachar Al Assad de poursuivre la tuerie. Malgré son isolement croissant, le régime d'Al Assad peut toujours se targuer du soutien appuyé de Moscou, qui a répété vendredi son rejet "de résolutions, de sanctions ou de pressions" et prôné avant tout "un dialogue intersyrien".

Les protestations ne fléchissent pas

Mais sur le terrain, des milliers de Syriens sont descendus dans la rue dans de nombreuses villes pour crier de nouveau leur hostilité au président Assad et apporter leur soutien aux militaires dissidents de l'armée. Comme chaque vendredi depuis mars, les Syriens ont défilé après la prière hebdomadaire, en particulier dans les provinces de Homs (centre), Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud), ainsi qu'à Deir Ezzor, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les forces de sécurité ont de nouveau tiré pour disperser la foule et ont parallèlement poursuivi leurs opérations de ratissage et leurs perquisitions. Selon l'OSDH, elles ont tué au moins six civils: trois à Homs, un à Deir Ezzor, un à Jassem (sud) et un adolescent de 16 ans dans la région de Damas.

Sur leur page Facebook "La Révolution syrienne contre Bachar al-Assad", les militants pro-démocratie ont appelé à manifester "pour que l'Armée syrienne libre (ASL) protège la révolution pacifique". L'ASL, dont le chef Riad al-Assaad est basé en Turquie, a revendiqué ces derniers jours une série d'attaques meurtrières contre l'armée régulière chargée de réprimer par la force la révolte, dont l'une jeudi a coûté la vie à six pilotes.

Dans un rare communiqué, le commandement de l'armée syrienne a confirmé leur mort, accusant des "terroristes soutenus par l'étranger". La multiplication des accrochages armés soulève les craintes de voir la Syrie sombrer dans la guerre civile. L'agence officielle syrienne Sana a de son côté fait état d'immenses manifestations de partisans du régime à Damas et à Alep (nord). Jeudi, plus de 50 personnes -13 civils, 23 membres des forces de l'ordre et 15 déserteurs- avaient péri dans les violences, selon l'OSDH. Le Comité de l'ONU contre la torture a dénoncé des "violations flagrantes et systématiques des droits" de l'Homme en Syrie ainsi que leur "impunité", se disant préoccupé par des informations sur des tortures et des mutilations infligées à des enfants.

Avec AFP

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