Terroriser pour asservir...

Terroriser pour asservir...

La contribution portant le titre "Algérie hier, Tunisie aujourd'hui : des élections divines" a suscité commentaires et critiques. Notre lecteur auteur du papier répond ici à ses détracteurs. En toute liberté...

Vous "Le journal de personne" affirmez des vérités certes, faut-il juste rappeler qu’en théocratie la gouvernance est pratiquée par des prêtres et que la Révolution de 1789 en France est venue justement déposséder l’Eglise pour asseoir une République.

Le "maintenant", je pense qu’il est du ressort de chacun de nous. Les gens qui nous ont tués au nom de Dieu sont des assassins au même titre que ceux qui nous ont tués au nom de la civilisation. Tuer pour terroriser, terroriser pour asservir. Si l’asservissement déshumanise, la séparation du politique et du religieux est un des chemins qui permet d' accéder à plus de citoyenneté mais aussi pour préserver la religion musulmane et donc le musulman et le non musulman et toute autre religion ou croyance des dérives que nous subissons depuis des décennies sous tous les régimes et dont Boudiaf a tenté de nous en sortir. Il en est mort pour l’avoir tenté.

Si j’étais Tunisien aujourd’hui je dirais que l’article 1 de la Constitution ne doit pas être maintenu et que la séparation du politique et du religieux est la condition sine qua non pour entamer l’après-Ben Ali, sinon je dirais à mon ami Bakir en empruntant l’expression au "Journal de personne", on passe de l’obscur à l’obscurité. Cette transition peut aussi prendre son temps, le temps que lui fixe le plan G.M.O.

A Mr Ali Belkacemi

Staline fort de sa victoire sur Hitler a grandement contribué à libérer l’Europe du fascisme. Les historiens du grand capital en font l’impasse comme ils font l’impasse des crimes de leurs maîtres dans les colonies et charge Staline qui peu à peu en se désistant du centralisme-démocratique de Lénine, en a gardé que le centralisme. Imbu des victoires de l’URSS sur le grand capital pro-stariste et sur l'ogre hitlérien il est devenu peu à peu un dictateur. Un dictateur n’accepte aucun contre-pouvoir, y compris le pouvoir spirituel et Staline a pratiqué l’athéisme et non la laïcité. Il a fermé les églises, les synagogues, les mosquées….

On peut citer comme exemple de laïcité, la France où l’église, la synaguogue, la mosquée … cohabitent et où les non-croyants affichent parfois ostentatoirement leurs idées tout en respectant ceux qui les respectent. Je vous laisse le soin de développer la situation des temples de Dieu dans les pays non-laïques et de la liberté individuelle de leur population.

Kouidri Saâdeddine

N .B : en Algérie on parle de sécularisation et non de laïcité.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Mohand Bakir

Saadedine, j'aimerais sincèrement connaître la différence entre sécularisation et laïcité. Pour moi, en dehors de la spécificité du processus qui mène une société à la sécularisation de son Etat, il n’y a pas de spécificité dans la manière de considérer que les questions de croyances et de religion sont du domine, protégé de toute violation, celui de la vie privée.

Il me semble important de de revenir à l’identification des tâches que la sécularisation de l'Etat pose, dans nos sociétés. On entend souvent qu'il n'y aurait aucun besoin à séparer les sphères politique et religieuse au motif qu'il n'y aurait pas de clergé chez nous. L'Islam sunnite n'a pas, jusque-là, secrété de clergé. Or cette affirmation est fausse.

Les questions dont nous sommes en train de débattre sont des questions nouvelles. Nos sociétés n'y sont confrontées que depuis peu. Depuis la naissance de leurs mouvements nationaux. L’État, le peuple, le politique, les partis, les idéologies... tous ces concepts, c'est dans le processus de leurs libérations que nos sociétés ont été amenées à examiner et à organiser les rapports entre ces différentes catégories. Ce qu’elles ont accumulé comme connaissances et savoirs ancestraux s'ils peuvent aider dans la recherche de l'apaisement et de l'harmonie, ne peuvent pas être mobilisés, tels quels, et posés comme réponses à des situations qui leurs sont tout à fait nouvelles.

L'islamisme n’est pas une résurgence du passé. Il est l'une des réponses de notre temps à l'une question qui se pose à ce même temps. L’Islamisme se drape d'une prétendue conformité à une société idéelle passée, mais cela n'est que mystification. Comment cette société éculée aurait-elle pu répondre à des questions qui ne lui étaient pas posées. Il s'agit à partir des réalités de nos propres sociétés d'analyser et de démasquer l’islamisme comme un phénomène de notre époque.

Cette idéologie entend régenter la spiritualité des gens. Elle se pose en régence de la vie privée et de la vie publique. Prenez l'appel d’El Quaradhaoui aux électeurs égyptiens, il montre que ce n'est plus le croyant qui juge de la conformité de son vote de citoyen à ses croyances religieuses ; c'est ce pape auto-proclamé qui statue sur la question. Voter pour tous autres candidats que ceux de l’islamisme est "haram" ! Ali Belhaj et Abassi l'ont précédé sur la question : "????? ????? ?????? ???? ??? ??????? ". Nous sommes là devant une intermédiation entre le croyant et sa croyance. C’est aussi le cas lorsque les partis religieux proclamant que le Coran est « leur » constitution, et s'accaparant de la Chahada (????? ???? ????? ????), ce faisant ils dessaisissent les autres musulmans de leur libre arbitre pour au terme de leur démarche apostasier tous ceux qui osent se soustraire à leur hégémonie. Ce processus est-il autre chose que la cristallisation d’un clergé Islamique?

Pour être équitable, il faut relever que cela n'est pas leur propre à eux seuls. Les nationalismes arabes aussi ont versé dans l'accaparement et l'instrumentalisation de la sphère religieuse. La proclamation de l'Islam comme religion d'Etat, n'est en fait pour les pouvoirs en place, qu'une façon de contrôler et de se soumettre cette sphère. Cette affectation d’une religion à l’Etat est Le terreau du clergé islamiste.

Il est saisissant de voir que, si effectivement, l'islam conceptualise le rapport au sacré au niveau de l'individu et ne prévoit pas de clergé, ce qui, en soi, devrait permettre aux sociétés musulmanes d'être les plus à même de fonder et de vivre la laïcité, paradoxalement, ce sont ces sociétés – "dénuées" de clergés - qui se montre réfractaires à cette notion libératrice des consciences. Il ne s’agit pas là d’une résistance spontanée. Cette résistance à la laïcité est animée et alimentée par tous les candidats à l’intermédiation entre le croyant et sa croyance. Tous convergent pour parer à l’édification de cette digue anti-despotisme. Cette convergence des despotismes pose le problème de l’effacement des courants rationalistes de la pensée musulmane.

On voit donc que la question de la sécularisation de l’Etat est une question éminemment démocratique, qu’il ne faudrait pas traiter en dehors de la démarche de démocratisation générale de nos sociétés. Démocratisation et sécularisation vont de soi, dans un même mouvement. Il ne faut donc pas hiérarchiser ces questions étroitement imbriquées. C’est un peu comme on chercherait à hiérarchiser entre la démocratisation et la séparation des pouvoirs…

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Mohand Bakir

Saadedine, j'aimerais sincèrement connaitre la différence entre sécularisation et laïcité. Pour moi, en dehors de la spécificité du processus qui mène une société à la sécularisation de son Etat, il n’y a pas de spécificité dans la manière de considérer que les questions de croyances et de religion sont du domaine protégé de toute violation, celui de la vie privée.

Il me semble important de de revenir à l’identification des tâches que la sécularisation de l'Etat pose, dans nos sociétés. On entend souvent qu'il n'y aurait aucun besoin à séparer les sphères politique et religieuse au motif qu'il n'y aurait pas de clergé chez nous. L'Islam sunnite n'a pas, jusque-là, secrété de clergé. Or cette affirmation est fausse.

Les questions dont nous sommes en train de débattre sont des questions nouvelles. Nos sociétés n'y sont confrontées que depuis peu. Depuis la naissance de leurs mouvements Nationaux. L’État, Le peuple, le politique, les partis, les idéologies... tous ces concepts, c'est dans les processus de leurs libérations que nos sociétés ont été amenées à examiner et à organiser les rapports entre ces différentes catégories. Ce qu’elles ont accumulé comme connaissances et savoirs ancestraux s'ils peuvent aider dans la recherche de l'apaisement et de l'harmonie, ne peuvent pas être mobilisés, tels quels, et posés comme réponses à des situations qui leur sont tout à fait nouvelles.

L'islamisme n’est pas une résurgence du passé. Il est l'une des réponses de notre temps à l'une question qui se pose à ce même temps. L'islamisme se drape d'une prétendue conformité à une société idéelle passé, mais cela n'est que mystification. Comment cette société éculée aurait pu répondre à des questions qui ne lui étaient pas posées. Il s'agit à partir des réalités de propres sociétés d'analyser et de démasquer l’islamisme comme un phénomène de notre époque.

Cette idéologie entend et posés la spiritualité des gens. Il se pose en régent de la vie privée et de la vie publique. Prenez l'appel d’EL Quaradhaoui aux électeurs Égyptiens, il montre que ce n'est plus le croyant qui juge de la conformité de son vote de Citoyen à ses croyances religieuses. C'est ce pape auto-proclamé qui statue sur la question. Voter pour tout autre candidats que ceux de l’islamisme est haram! Ali Belhaj et Abassi l'ont précédé sur la question : "????? ????? ?????? ???? ??? ??????? ". Nous sommes là devant une intermédiation entre le croyant et sa croyance. C’est aussi le cas lorsque les partis religieux proclamant que le Coran est leur constitution, et s'accaparant de la Chahada (????? ???? ????? ????) et ce faisant dessaisissent les autres musulmans de leur libre arbitre pour au terme de leur démarche apostasier tous ceux qui osent se soustraire à leur hégémonie. Ce processus n’est rien d’autre que la cristallisation d’un clergé Islamique. ?

Pour être équitable, il faut relever que cela n'est pas leur propre à eux seuls. Les nationalismes arabes aussi ont versé dans l'accaparement et l'instrumentalisation de la sphère religieuse. La proclamation de l'Islam comme religion d'Etat, n'est en fait pour les pouvoirs en place, qu'une façon de contrôler et de se soumettre cette sphère. Cette affectation d’une religion à l’Etat est Le terreau du clergé islamiste.

Il est saisissant de voir que, si effectivement, l'islam conceptualise le rapport au sacré au niveau de l'individu et ne prévoit pas de clergé, ce qui, en soi, devrait permettre aux sociétés musulmanes d'être les plus à même de fonder et de vivre la laïcité, paradoxalement, ce sont ces sociétés – « dénuées » de clergés - qui se montre réfractaires à cette notion libératrice des consciences. Il ne s’agit pas là d’une résistance spontanée. Cette résistance à la laïcité est animée et alimentée par tous les candidats à l’intermédiation entre le croyant et sa croyance. Qui convergent tous pour parer à l’édification de cette digue anti-despotisme. Là se pose le problème de l’effacement des courants rationalistes de la pensée musulmane.

On voit donc que la question de la sécularisation de l’Etat est une question éminemment démocratique, qu’il ne faudrait pas traiter en dehors de la démarche de démocratisation générale de nos sociétés. Démocratisation et sécularisation vont de soi, dans un même mouvement. Il ne faut donc pas hiérarchiser des questions étroitement imbriquées. C’est un peu comme on chercherait à hiérarchiser entre la démocratisation et la séparation des pouvoirs…