Egypte : "Maréchal Tantaoui dégage !" crie le peuple de Tahrir

Un seul mot d'ordre : le départ des militaires
Un seul mot d'ordre : le départ des militaires

Le discours du maréchal Tantaoui n'a pas apaisé la colère de la place Tahrir au Caire. Les manifestants ne croit plus aux promesses de l'armée.

Après quatre jours d'affrontements qui ont fait au moins 28 morts, le chef du conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, a annoncé mardi soir que l'élection présidentielle se tiendra "avant la fin juin 2012" en Egypte. Par ailleurs, l'armée s'est engagée à remettre le pouvoir aux civils une fois élu un nouveau chef d'Etat. Les élections législatives auront bien lieu quant à elles, conformément au calendrier prévu, à partir de lundi. Dans une allocution télévisée, le maréchal à la tête du Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak le 11 février, a certifié que l'armée est prête à organiser "en cas de nécessité" un référendum sur le transfert du pouvoir "immédiatement, si le peuple le souhaite". Il a aussi remis la démission la veille du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf et a présenté ses condoléances aux familles des victimes.

Ces déclarations interviennent après une réunion "en urgence" des diverses forces politiques, dont les influents Frères musulmans qui avaient renoncé à manifester ce mardi. Place Tahrir au Caire. Mais les manifestants sont loin d'être convaincus par le discours de Hussein Tantaoui. Echaudée par les louvoiements, les dépassements commis ces derniers jours, la foule de Tahrir revendique la remise au plus vite du pouvoir à une autorité civile.

Lundi soir, le gouvernement égyptien d'Essam Charaf, nommé en mars par le CSFA pour gérer les affaires courantes, a présenté sa démission au Conseil à la suite des violences. Elle a été acceptée ce mardi par le maréchal Tantaoui. Durant toute la journée de mardi, l'ancien responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed El Baradei a été cité comme possible nouveau Premier ministre du gouvernement de "salut national". Son nom a été évoqué dans une réunion entre le CSFA et diverses forces politiques, selon une source anonyme citée par l'AFP mais présente à l'entretien.

Place Tahrir, les manifestants crient : "Dégage!" à l'adresse de Tantaoui. Des dizaines de milliers d'Egyptiens ont quant à eux continué de réclamer la fin du pouvoir militaire, après le discours du maréchal Tantaoui. "Nous ne pouvons pas croire ce qu'il dit. La balle était dans le camp du conseil militaire pendant des mois, et ils n'ont rien fait", affirmait un manifestant de 50 ans mardi soir. "Tantaoui, c'est Moubarak en tenue militaire et ce discours ressemble à celui de Moubarak", ajoutait un comptable de 35 ans. "Dégage!", scandaient les protestataires à l'adresse du maréchal, un slogan identique à celui qui était lancé à l'époque de la révolte contre l'ex-président.

"Ne pas entraîner le peuple vers de nouveaux affrontements sanglants". Le Parti de la liberté et la justice, issu des Frères musulmans, a expliqué sa décision de ne pas manifester par le "souci de ne pas entraîner le peuple vers de nouveaux affrontements sanglants avec des parties qui cherchent davantage de tensions", selon un communiqué posté lundi soir sur son site internet. La formation politique appelle par ailleurs le CSFA à poursuivre les auteurs "des horribles crimes" commis et à arrêter "l'effusion de sang". Le Conseil a chargé le ministère de la Justice de mettre en place un comité chargé de faire la lumière sur les violences.

Trois Américains arrêtés

Les Etats-Unis ont condamné mardi "l'usage excessif de la force" par la police égyptienne, et réclamé au gouvernement égyptien de protéger le droit à manifester. Ils ont toutefois jugé "rassurante" l'annonce que les électionslégislatives commenceront comme prévu le 28 novembre. Cependant les manifestants ont dénoncé les USA qui ont vendu les bombes lacrymogènes au pouvoir égyptien. Certains manifestants ont même observé que ces gaz étaient périmés. Par ailleurs, trois Américains ont été arrêtés en Egypte "en relation avec les manifestations", a annoncé sans autre détail le département d'Etat américain mardi. Rien n'indique que ces personnes sont en danger.

Selon le ministère de la Santé, 28 personnes ont été tuées et 1900 blessées depuis samedi, notamment sur la place Tahrir, au Caire, épicentre du soulèvement du début de l'année. Dans la nuit de lundi à mardi, deux personnes ont été tuées à Ismaïliya, selon des sources médicales dans cette ville sur la mer Rouge. Dans la nuit de lundi à mardi, de violents affrontements se sont poursuivis dans des rues adjacentes à Tahrir menant au ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeutes. Le ministère de l'Intérieur a accusé dans un communiqué les manifestants d'avoir lancé des cocktails Molotov et tiré avec des fusils de chasse sur les forces de l'ordre, en blessant 112. Le communiqué fait par ailleurs état de "116 émeutiers arrêtés au Caire, 46 à Alexandrie et 29 à Suez".

Le CSFA "a étouffé la révolution"

Le conseil militaire est accusé de vouloir se maintenir au pouvoir, de ne pas tenir ses promesses de réformes et de poursuivre la politique de répression de l'ère Moubarak. Selon Amnesty international, le CSFA "a étouffé la révolution" et certaines violations des droits de l'Homme commises depuis qu'il est au pouvoir sont pires que sous le régime Moubarak.

Avec AFP

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