Affaire du rapt des touristes allemands : le procès renvoyé au 16 janvier

Abderrazak El Para et Hassan Hattab sont cités dans de grosses affaires de terrorisme sans que la justice ne soit capable une fois de les entendre.
Abderrazak El Para et Hassan Hattab sont cités dans de grosses affaires de terrorisme sans que la justice ne soit capable une fois de les entendre.

Remis en 2010 à l’Algérie par les rebelles tchadiens, les deux présumés compagnons de Abderrazak le Para, l’Algérien Abou Jabal et le Malien Abou Youcef, devaient comparaître hier devant le tribunal criminel d’Alger pour le rapt des touristes allemands en 2003.

Leur procès a été renvoyé au 16 janvier 2012, après que la défense ait exigé l’audition de Abderrazak El Para.

Gharbia Ammar, dit le combattant Abou Jabal, un Algérien de Biskra, et Youcef Benmohamed, dit Abou Youcef, un Targui malien du nord de Kidal, ont été remis à l’Algérie le 4 novembre 2010 par les rebelles tchadiens qui les maintenaient en captivité depuis 2004. Ils sont jeunes, voire très jeunes. Pourtant, à en croire le dossier judiciaire, les deux prévenus ont un passé chargé en événements. Selon l’acte d’accusation, les deux faisaient partie du groupe dirigé par Abderrazak El Para (en détention à Serkadji), qui avait rejoint le Mali, puis le Tchad, à la suite de l’affaire de l’enlèvement, fin 2003-début 2004, de 32 touristes occidentaux entre Djanet et Tamanrasset. Les accusés sont poursuivis pour, entre autres, "appartenance à une organisation terroriste qui active à l’intérieur et à l’extérieur du pays, trafic d’armes et rapt d’étrangers".

Dès l’ouverture de l’audience et la vérification de leur filiation, Me Sidhoum, avocat de Gharbia, exige l’audition de Abderrazak El Para : "Ce dernier était le chef du groupe et, à ce titre, il peut confirmer ou non si les deux accusés faisaient partie de l’organisation qui a enlevé les touristes. Il est à Serkadji, vous pouvez demander un complément d’enquête." Le président lui demande si Abderrazak avait été entendu par le juge d’instruction ou non. "Il a été cité en tant que chef de l’organisation, mais il n’a pas été entendu par le juge d’instruction", répond Me Sidhoum.

Le magistrat se tourne vers le représentant du parquet pour connaître son avis. "C’est au tribunal de prendre la décision qu’il juge nécessaire", déclare le procureur. Après une interruption de 15 minutes, le président décide de poursuivre l’affaire sans prendre en compte la demande de la défense.

Celle-ci annonce son retrait du dossier en signe de protestation. "Votre avocat ne veut plus vous défendre. Je vous en désigne un autre d’office pour poursuivre le procès ?", demande-t-il à l’accusé. Ce dernier refuse en disant : "Je tiens à mon avocat." L’audience est suspendue une seconde fois pour quelques dizaines de minutes, à l’issue desquelles le tribunal décide du renvoi de l’affaire au 16 décembre prochain en précisant à l’accusé : "Vous avez jusqu’au 16 janvier pour discuter avec votre avocat ou en constituer un autre."

Dès la levée de l’audience, Me Sidhoum, dans une déclaration à la presse, a exprimé son souhait de voir Abderrazak El Para convoqué à ce procès au titre de témoin dans "un souci de respect du droit à un procès équitable". En tout état de cause, dans cette affaire, d’autres avocats ont soulevé plusieurs vices de procédure en ce qui concerne l’accusé malien Abou Youcef.

Le plus important est le fait qu’il soit poursuivi sur la base d’articles qui punissent "tout Algérien qui commet des attentats en Algérie et à l’étranger". Mieux, l’arrêt de renvoi, toujours selon les avocats, précise que l’accusé avait rejoint les terroristes en 1994, alors qu’il n’avait que 11 ans. Des failles que la défense compte utiliser lors de ce procès très attendu. Un procès qui lèvera certainement le voile sur les circonstances du premier rapt de 32 touristes allemands, à la fin de 2003 et début 2004, mais surtout les négociations sur le paiement d’une rançon de 4 millions d’euros pour la libération des otages, ainsi que sur les nombreuses transactions d’achat d’armement par le groupe de Belmokhtar auprès de militaires maliens et de trafiquants d’armes nigériens.

Salima Tlemçani

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