Les dessous de la visite de Ghennouchi à Alger

Rached Ghannouchi
Rached Ghannouchi

Rached Ghennouchi revient à Alger par la grande porte. Il y a trouvé refuge en 1980 avant d'être invité à quitter le sol algérien en 1991 dans le contexte de l'arrêt du processus électoral des législatives. Depuis Londres, il a été l'un des fervents conseillers du FIS.

Le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, est arrivé samedi en fin d’après-midi à Alger pour une Officiellement invité pour «visite d’amitié» de trois jours, la présence du chef du pari islamiste tunisien Rached Ghannouchi qui pour l’heure n’occupe aucune fonction officielle si ce n’est qu’il le chef de fil de la plus importante formation islamiste en Tunisie sortie victorieuse des élections pour la constituante, n’a pas été initialement annoncée par le gouvernement algérien. Le ministère algérien des Affaires étrangères le reconnait et explique cette visite en catimini par le fait que l’hôte de marque «n’occup(ant) pas de fonction gouvernementale officielle, nous n’avons pas communiqué sur sa visite». Sans aucune information sur le programme de la visite, Rached Ghennouchi ne manquera pas de reprendre contact avec ses nombreux amis qu’il compte parmi le MSP de Bouguerra Soltani. Rached El-Ghannouchi, a déclaré hier, samedi, à Alger qu'il était «venu pour effectuer des concertations pour l'intérêt de nos deux pays et de la région», soulignant que sa visite «intervient dans un contexte marqué par des changements très importants en Tunisie, au moment où nous nous apprêtons à consacrer l'une des victoires de la Révolution du 14 janvier 2011, la tenue de la première session de l'Assemblée constituante»

Alors traqué par le régime de Ben Ali, Rached Ghannouchi a déjà séjourné à Alger, durant les années 1980, avant d’y être déclaré persona non grata en 1991, invité à quitter l’Algérie dans le contexte de l’interruption des législatives, pour se rendre à Londres où il n’a pas cessé ses activités en prodiguant ses conseils au Fis dissous.

Le mois d’août dernier, Ghannouchi était venu en Algérie à titre privé pour assister aux obsèques de l’ancien ministre algérien du Culte, Abderrahmane Chibane. Il avait cependant profité de ce déplacement pour rencontrer Bouguerra Soltani, le chef du MSP, et Abdelaziz Belkhadem, le chef "redresseur" du FLN, qui ne désespère pas quant au retour légal du FIS sur la scène politique. Ghannouchi revient donc à Alger, invité officiel de Bouteflika, comme un chef d’état. Sous couvert de «visite d’amitié», le concepteur de la réconciliation nationale voit là, sans doute, une opportunité pour ranimer cette politique dans un contexte marqué par des attentats kamikazes et un regain de l’idéologie islamiste par les anciens militants de l’ex-Fis qui retrouveront vitalité avec la visite de leur ancien «conseiller» aux temps forts de leur appel à l’application de la chari’a appuyé par ses bras armés.

R.M

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Commentaires (5) | Réagir ?

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ali chemlal

La réalité de ces gens "barbus" c'est qu'ils sont toujours aux aguets et sautent sur la moindre occasion pour tenter de confisquer le pouvoir. En Égypte, en Tunisie ce sont des jeunes qui n'ont rien de commun avec la mouvance islamique qui se sont battus contre les régimes dictatoriaux de leurs pays et ce sont les barbus qui sont au devant de la scène. Comme d'ailleurs en 1988, en Algérie où trois ans plus tard, ils ont récupéré le mouvement de contestation. D'ailleurs si l'on vérifie en Égypte et en Tunisie, le nombre de jeunes tués pendant la répression on s'apercevra que les islamistes ne sont pas très nombreux parmi les victimes. Enfin, en recevant le sieur Ghannouchi, le gouvernement algérien qui a déjà fait trop de concessions, risque d'encourager les groupes armés à redoubler de férocité.

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tab2752 tab2752

Bonjour,

Voici une illustration magistrale du bal des "faux-culs" ou du syndrome de Stockholm. Le deuxième personnage de l'état (président du sénat) accueille à l'aéroport un chef de parti qui n'a aucune fonction officielle dans l'Etat tunisien...

Le président s’apprête également à l'accueillir officiellement... On en déduit que le régime algérien, qui prenait et prend toujours comme modèle le régime policier de Ben Ali, est tout à fait d'accord avec les idées politiques de Ghanouchi et le soutient jusqu’à lui accorder tous les honneurs. D'autre part Ghanouchi, qui a subit les affres de la répression de l’ancien régime tunisien se rend pour sa première visite officielle (qui n'en est pas une puisqu'il n'est que responsable de parti) au pays de ses frères algériens.

On en déduit qu'il est sur la même ligne idéologique et politique que le régime qui le reçoit au point de lui faire honneur de ce geste fort.

Il est tout à fait en accord avec l’interruption du processus électoral, l'emprisonnement des islamistes, l'absence de démocratie, la répression du printemps noir et d'octobre 1988 ect...

C'est à se demander pourquoi le régime algérien réprime ces islamistes et pourquoi Ghanouchi à lutter contre Benali..

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