Egypte : deux morts dans les affrontements entre policiers et manifestants

L'armée est accusée de vouloir garder le pouvoir.
L'armée est accusée de vouloir garder le pouvoir.

Les affrontements de samedi surviennent alors que les Egyptiens doivent voter le 28 novembre pour élire les représentants de l'Assemblée du peuple (chambre des députés), premier tour d'un scrutin législatif qui doit se dérouler au total sur quatre mois.

Deux personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 novembre en Egypte au cours de violents affrontements entre police et manifestants, à moins de dix jours du premier scrutin législatif depuis le départ d'Hosni Moubarak. Les heurts ont éclaté à proximité du Parlement et du ministère de l'Intérieur lorsque les force de l'ordre ont tenté d'évacuer les quelque 500 manifestants qui se trouvaient toujours sur l'emblématique place Tahrir au lendemain d'une grande manifestation qui avait réuni 50 000 personnes, essentiellement des islamistes.

Un homme de 23 ans est mort et 750 personnes ont été blessées dans les échauffourées qui sont produites dans la capitale égyptienne, selon le porte-parole du ministère de la santé. Selon la télévision d'Etat, 40 policiers ont été blessés et 18 "fauteurs de trouble" ont été arrêtés. L'agence Mena fait état d'un autre manifestant tué à Alexandrie, la deuxième ville du pays, où quelque 800 personnes s'étaient rassemblées devant le siège des services de sécurité en scandant "les responsables du ministère de l'Intérieur sont des voyous." A Suez, dans l'est du pays, un millier de manifestants se sont également massés devant un commissariat de la ville avant de jeter des pierres et de tenter de pénétrer à l'intérieur du bâtiment.

"Tout ce qui arrive est la preuve que les militaires veulent garder le pouvoir", a estimé Ahmed Abou el-Enein, militant de 30 ans, interrogé sur la place Tahrir, foyer de la révolte populaire qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak en février. Des médecins ont par ailleurs indiqué avoir prodigué des soins à plusieurs personnes touchées aux yeux par des tirs de balles en caoutchouc, précisant que certaines avaient été transportées dans des hôpitaux.

Dans la nuit, des dispensaires de fortune installés à même la chaussée accueillaient de nombreux manifestants en proie à des malaises ou suffocants en raison des tirs intensifs de grenades lacrymogènes par la police anti-émeutes. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le ministère de l'Intérieur a toutefois assuré que "la police n'avait pas fait usage d'armes à feu, de fusils de chasse, ou de balles en caoutchouc", affirmant que les forces de l'ordre avaient eu recours à des "moyens légaux", n'utilisant "que des gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers".

Le gouvernement égyptien a appelé "à la raison" dans un communiqué lu à la télévision, ajoutant que "ce qui se passe depuis ce matin est dangereux et a un impact direct sur la marche du pays". Plusieurs partis politiques ont réagi, l'un demandant la constitution d'un gouvernement de salut national, tandis qu'un autre a réclamé le report des élections. De leur côté, les Frères musulmans ont appelé au calme afin de ne pas "ternir l'image de la révolution" dans un message publié sur Twitter.

Une proposition constitutionnelle contestée

Les affrontements de samedi surviennent alors que les Egyptiens doivent voter le 28 novembre pour élire les représentants de l'Assemblée du peuple (chambre des députés), premier tour d'un scrutin législatif qui doit se dérouler au total sur quatre mois. L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président. Le fait que la date de la présidentielle ne soit toujours pas encore connue suscite de nombreuses craintes de voir les militaires s'accrocher au pouvoir.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige le pays depuis la chute de Moubarak, a en outre présenté au début du mois une proposition constitutionnelle accordant à l'armée une autorité exclusive sur la gestion de ses affaires et de son budget. Cette disposition devait être négociée avec les groupes islamistes et libéraux mais les discussions ont été rompues. Une quarantaine d'associations et de partis politiques avaient appelé à manifestervendredi pour dénoncer cette proposition constitutionnelle et "protéger la démocratie et le transfert du pouvoir."

Selon une dépêche de l'agence Mena diffusée samedi soir, le vice-Premier ministre Ali Al-Silmi a modifié deux articles contestés du projet. L'alinéa de l'article 9 qui faisait de l'armée la garante de la légitimité constitutionnelle a ainsi été retiré. Celui selon lequel les forces gouvernementales devaient être seules responsables de leurs affaires internes, de leur budget et de leur législation a en outre été modifié, tout comme l'article 10, qui annonçait la création d'un Conseil national de défense présidé" par le chef de l'Etat.

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