L’Afrique : en rangs dispersés contre l’Aqmi

Une réunion du CEMOC à Tamanrasset, en 2010
Une réunion du CEMOC à Tamanrasset, en 2010

Attentats Kamkazes, rapts, opérations de propagande, l'AQMI multiplie ses activités terroristes en Algérie et dans les régions du Sahel. Face à cette situation post-Ben Laden, l'Afrique tarde à développer une politique commune contre le terrorisme. C'est la conclusion des experts du FG LT (Forum Global de la lutte contre le terrorisme) réunis depuis mercredi à Alger.

Quelque 150 experts du Forum Global de la lutte contre le terrorisme (FGLT, créé le 22 septembre à New York sous l'impulsion du coordonnateur de la lutte anti-terroriste au Département d'Etat américain) se sont réunis à huis clos à Alger depuis mercredi pour étudier les moyens d'aider les populations des pays les plus concernés, comme la Mauritanie, le Mali, le Niger et l'Algérie en matière de développement social et de lutte anti-terroriste. Bien que des vues "convergentes" aient été notées durant ce Forum co-présidé par l'Algérie et le Canada, et qui a rassemblé une trentaine de pays, dont les Etats-Unis, la Turquie, la Russie, le Japon, la Libye, ainsi que l'Union européenne, l’Afrique lutte en rangs dispersés contre le terrorisme d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel. Selon un expert européen, Aqmi, qui compterait quelque 400 membres armés selon diverses sources, "profite de l'incapacité de l'Etat et occupe le terrain" et que "la stratégie" de la lutte anti-terroriste souffrant d’homogénéité "se doit d'être globale sur le terrain" et il est nécessaire d'y traiter "l'ensemble des problèmes et résoudre les conflits qui restent dans la région".

En Algérie, la politique de réconciliation nationale adoptée par référendum il y a six ans se trouve aujourd’hui, face au redéploiement des groupes terroristes armés du GSPC au sein de l’Aqmi, obsolète quant au fond de son contenu juridique et politique. Les récents attentats kamikazes ayant visé l’Académie interarmes de Cherchell ainsi que plusieurs commissariats de police soulignent la précarité et la dangerosité de cette politique de la "Charte pour la paix et la Réconciliation". Par ailleurs, face à un véritable quadrillage des cellules actives de l’Aqmi des pays frontaliers du Sahel, l’Algérie et la Mauritanie refusent toute intervention étrangère dans leur lutte contre le terrorisme; intervention perçue comme une "ingérence" dans la souveraineté de leur Etat respectif.

Le Mali, l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, a pour sa part pressé les participants du FGLT de l'aider dans sa lutte anti-terroriste expliquant qu'il était "desservi par la géographie" étant donné que sa région nord, très montagneuse et difficile d'accès, sert de refuge à Aqmi. A cet argument géographique s’ajoute le contexte social. Selon les experts du Forum, il y a urgence à lutter contre la pauvreté endémique qui, selon eux, est le terreau propice au terrorisme. La Mauritanie et le Niger y souscrivent. Le Maroc a pour sa part regretté qu'il y ait eu "fragmentation" avec la création du champ, dont il ne fait pas partie, selon d'autres sources.

La question des frontières a également été un "thème récurrent". Les experts estiment qu’un "contrôle d'espaces (aussi) gigantesques" nécessite un échange important d'informations entre pays frontaliers. Certes, il y a le Cemoc (Comité d’état-major opérationnel conjoint) qui a vu le jour en avril 2010 installé à Tamanrasset, dans le cadre du renforcement des relations de coopération militaire et sécuritaire entre ces pays et réunissant les états-major des pays du champ à Tamanrasset (extrême sud algérien. Mais cette structure est jugée insuffisante en matière d’échange de renseignements.

R.M

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Commentaires (1) | Réagir ?

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mstfa yazid

J'ai cru lire que le royaume du Maroc avait participé à cette réunion. Pourquoi cette participation est passée sous silence par les médias ? algériens ?