Nacer Mehal, le censeur en chef

Nacer Mehal, ministre de la Communication.
Nacer Mehal, ministre de la Communication.

On connaissait Abdelaziz Bouteflika comme le rédacteur en chef de l’Entv, on découvre Nacer Mehal en père Fouettard de la radio publique.

Au cours de son déplacement à Tizi Ouzou pour inaugurer la nouvelle radio locale, le ministre de la Communication Nacer Mehal a déclaré que des sanctions seront prises à l'encontre de la journaliste de la radio qui avait tenu des propos offensants à l'encontre de Hocine Aït Ahmed. Aux yeux du ministre, la "journaliste a commis plus qu’une erreur, une faute ou un impair". Nacer Mehal a rappelé que Hocine Aït Ahmed a beaucoup donné pour le pays. "Il y a des symboles qu’on n’a pas le droit de toucher. On peut ne pas être d’accord avec eux, mais il ne faut jamais les toucher", a-t-il asséné, estimant qu’il "y a des frontières qu’il ne faut pas dépasser, notamment à l’égard des hommes qui ont tant donné pour la Révolution du 1er Novembre que nous célébrons ici même à Tizi-Ouzou". La déclaration du ministre est en elle-même une grave atteinte à la liberté de la presse et à l'indépendance des journalistes.

Les faits

Au cours d’un entretien avec Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, qui a eu lieu à la mi-octobre, une journaliste de la Radio algérienne internationale, RAI, avait qualifié le leader historique du Front des forces socialistes de dictateur. La journaliste a ainsi affirmé : "Hocine Aït Ahmed est pire que Kadhafi puisqu’il dirige le FFS depuis 48 ans". La déclaration de la journaliste a soulevé un tonnerre de critiques à son endroit. Cependant, avouons que si la comparaison est franchement déplacée, (surtout dans le contexte international qu’on sait) il demeure que Hocine Aït Ahmed est effectivement à la tête du parti depuis septembre 1963, gardant la haute main sur le fonctionnement du FFS en exil mais aussi à la faveur de l’ouverture démocratique. S’il y a eu des changements dans les étages inférieurs du parti avec des démissions et plusieurs crises, la tête, elle, n’a pas changé depuis presque un demi-siècle.

Nacer Mehal va sévir !!!

Nacer Mehal va donc sévir contre la journaliste impertinente. La sanction va tomber. On ne s’attaque pas impunément à une des figures emblématiques du pays. Selon le ministre de la Communication, cette journaliste a commis "un impair" en portant atteinte à ce grand homme de la révolution. Cette déclaration porte un coup sévère à la liberté de la presse. Contre toutes les règles de fonctionnement des rédactions, le ministre s'improvise rédacteur en chef. Même si la radio concernée est publique, il ne revient pas à Nacer Mehal de sanctionner - à supposer que cette journaliste mérite sanction - ni d'interférer dans le fonctionnement interne de celle-ci. Une sanction ne se prend pas au pied levé, elle se débat. Mais encore une fois, on est en Algérie. Nacer Mehal vient de démontrer que la presse publique est inféodée au pouvoir en place. Aucune liberté de ton n'est permise aux journalistes. Tout le monde dans les rangs. Aussi légère et mal appropriée fut l'affirmation de ladite journaliste, il est fort à parier que la décision du ministre risque de ne pas satisfaire un Hocine Aït Ahmed, pourfondeur des censeurs et héraut de la liberté d'expression.

Yacine K.

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Commentaires (3) | Réagir ?

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sadek Oumasseoud

Et puis on commence à en avoir assez de ces stupides attaques qui ciblent Dda Lho ces jours-ci. Lui au moins s'il est toujours là depuis 50 ans c pour la bonne cause ! Au demeurant, si son combat semble vain et désesperé ds son propre pays il commence à donner ses fruits en Tunisie... Ce qui n'est pas négligeable.

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sadek Oumasseoud

... Même les directeurs de journaux sont là à la tête de leurs journaux depuis leur création!

Non, mais franchement je trouve les attaques de cette journaliste non pas scandaleux mais tout simplement ridicules.

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