Tunisie : couvre-feu à Sidi Bouzid après les incidents

Un couvre-feu est instauré à Sidi Bouzid.
Un couvre-feu est instauré à Sidi Bouzid.

Après un bref retour au calme vendredi matin, de nouveaux incidents ont éclaté à Sidi Bouzid. La raison ? L'invalidation d'une liste appartenant à un richissime tunisien établi à Londres. Cet homme a été tantôt islamiste et tantôt benaliste.

Les violences ont repris vendredi dans les rues de la ville, a rapporté un correspondant de l'AFP sur place. Plusieurs milliers de manifestants stationnaient de nouveau à la mi-journée devant la mairie. Par ailleurs, des policiers retranchés dans le commissariat ont fait usage de gaz lacrymogènes pour dissuader les manifestants de s'en prendre au bâtiment.

Une voiture de la police a été brûlée par les manifestants, a indiqué le ministère de l'Intérieur qui ne signale toutefois aucun blessé. Les écoles étaient fermées vendredi, seuls quelques cafés étaient ouverts en début de journée.

Un couvre-feu sera instauré "à partir de ce soir vendredi à Sidi Bouzid, 19h jusqu'à 5h demain matin samedi et ce tous les jours jusqu'à nouvel ordre". "Nous appelons au calme et à la préservation des biens publics", a déclaré Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahda, alors que des affrontements ont déjà eu lieu dans la région jeudi soir.

Le boutefeu, un richissime homme d'affaires

Liste surprise de ces premières élections libres en Tunisie, "La pétition populaire" du richissime homme d'affaires Hechmi Haadmi, arrivait en quatrième position avec 19 sièges. Mais elle a été invalidée dans six circonscriptions notamment pour "irrégularité de financement". Cette invalidation est à l'origine des heurts. Quelques 2 000 jeunes ont mis à sac le local d'Ennahda jeudi soir, et jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Ils ont aussi incendié des pneus sur la rue principale de la ville. Les troubles ont duré jusqu'à quatre heures vendredi matin, occasionnant une quinzaine d'interpellations.

L'UE félicite les islamistes d'Ennahda

Le président de la commission électorale Kamel Jendoubi, a par ailleurs proclamé jeudi le résultat final provisoire des élections du 23 octobre en Tunisie, neuf mois après la chute de Ben Ali. Le parti islamiste Ennahda a remporté le scrutin avec 41,47% des suffrages et obtient 90 sièges dans l'assemblée constituante de 217 élus. Il devance le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) avec 30 sièges (13,82%) et Ettakatol (gauche) avec 21 sièges (9,68%). Le numéro deux d'Ennahda, Hamadi Jebali, s'est félicité vendredi du score du parti islamiste, "Je remercie Dieu pour cette victoire, nous sommes sur la voie de la gloire!", a-t-il lancé à l'annonce des résultats.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et la Commission européenne ont également félicité vendredi le parti islamiste Ennahda, promettant l'aide de l'UE sur la voie de la démocratie et de la liberté. "Nous saluons les candidats et les partis qui ont pris part à ce processus démocratique. Nous félicitons également le parti Ennahda, qui a recueilli le plus grand nombre de voix", déclarent Mme Ashton et le commissaire en charge des relations avec les pays voisins de l'UE, Stefan Füle, dans un communiqué conjoint. "L’UE se réjouit à la perspective de collaborer étroitement avec la nouvelle assemblée et les autorités et institutions tunisiennes pour répondre aux aspirations des Tunisiens à la démocratie, à la liberté, à la justice sociale et à la dignité", précisent-ils.

Les Tunisiens étaient appelés dimanche à élire une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. Elle devra s'atteler prioritairement à la formation d'un nouvel exécutif.

Avec AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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kouider

Ironie du sort, Sidi Bouzid c'est de là qu'avait sonné le glas pour Ben Ali et c'est de là qu'avait sauté les verrous pour laisser entrer la bête immonde maquillée en "la liberté guidant le peuple".

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Atala Atlale

J'espère que nous aurons, nous aussi, notre constituante avec de vrais députés pas des guignols intéressés juste par leurs intérêts personnels.