Paris et Washington avaient condamné à mort Kadhafi

Mouammar Kadhafi
Mouammar Kadhafi

Barack Obama et Nicolas Sarkozy ne voulaient pas que l'ancien tyran libyen s’en sorte vivant. Craignaient-ils qu’il ne parle trop lors de son procès devant la Cour pénale internationale et n'évoque quelque contrat qui aurait pu les éclabousser ?

Mercredi, 19 octobre en fin d’après-midi, un colonel du Pentagone téléphone à l’un de ses correspondants au sein du service secret français. Chargé du dossier "Kadhafi", l’une des priorités actuelles des généraux de l’équipe Obama, l’Américain annonce que le chef libyen, suivi à la trace par des drones Predator US, est pris au piège dans un quartier de Syrte et qu’il est désormais impossible de le "manquer". Puis il ajoute que laisser ce type en vie le transformerait en "véritable bombe atomique". Son interlocuteur comprend ainsi que la Maison Blanche a rendu son verdict, et qu’il faut éviter de fournir à Kadhafi la tribune internationale que représenterait son éventuel procès.

Depuis quelques jours d’ailleurs, des commandos des forces spéciales américaines et françaises participaient ensemble à cette chasse au Kadhafi. À Paris, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à la Direction du renseignement militaire (DRM) et au service action de la DGSE, plusieurs officiers évaluaient à une cinquantaine de membres du COS (Commandement des opérations spéciales) les militaires présents à Syrte.

Leur mission : porter assistance aux unités du CNT qui investissaient la ville, quartier par quartier, et, selon le jargon maison utilisé par un officier du CPCO, ""traiter" le guide libyen et les membres de sa famille". Une formule codée en cours à la DGSE : "livrer le colis à Renard", et agir en sorte que Kadhafi n’échappe pas à ses poursuivants (une unité du CNT baptisé "Renard ?".

Hypocrisie internationale

À l’Élysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l’un de ses fils s’étaient réfugié à Syrte, avec gardes corps et mercenaires. Et Sarko avait chargé le général Benoît Puga, son chef d’état-major particulier, de superviser la chasse à l’ancien dictateur.

Ce qu’il a fait en relation avec la "Cuve", le bunker souterrain où des officiers du CPCO sont en contact permanent avec tous les militaires engagés à l’étranger et les services barbouzards. À la DGSE comme à la DRM on ne se gêne pas d’ailleurs pour évoquer l’"élimination physique" du chef libyen, à la différence desformules bien plus convenables employées par l’Élysée, s’il faut en croire un conseiller du Président.

"La peine de mort n’était pas prévue dans les résolutions de l’ONU qui ont permis à l’OTAN d’intervenir, ironise un diplomate français. Mais il ne faut pas jouer les hypocrites. À plusieurs reprises, des avions français et britanniques avaient déjà tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repaires, à Tripoli ou en détruisant notamment un de ses bureaux."

Et le même de signaler que, lors d’un procès devant la Cours pénale internationale, "ce nouvel ami de l’Occident aurait pu rappeler ses excellentes relations avec la CIA ou les services français, l’aide qu’il apportait aux amis africains de la France, et les contrats qu’il offrait aux uns et aux autres. Voire plus grave, sait-on jamais ?".

Le 20 octobre à 8h 30 du matin, l’objectif allait être atteint. Trois avions de l’OTAN s’approchent de Syrte. Rien à voir avec une mission de reconnaissance effectuée par hasard : une colonne de 75 véhicules fuit la ville à vive allure.

Un drone américain Predator tire des roquettes. Un mirage F1CR français de reconnaissance suit un Mirage 200-D qui largue deux bombes GBU-12 de 225 kilos guidées au laser. Bilan : 21 véhicules détruit et Mouammar Kadhafi seulement blessé.

Soupirs de satisfaction

Des forces spéciales françaises sont alors présentes sur les lieux. L’histoire ne dit pas à quelle distance de ce qui va survenir, et que raconte avec abondance de détails un officier des services militaires de renseignements : "Il est capturé vivant par des combattants surexcités. La foule scande «Allah Akbar» à pleine poumons, le menace de ses armes et se met à le tabasser pendant que d’autres combattants qui peinent à prendre le dessus, crient de le maintenir en vie".

On connaît la suite, quelques images de ce lynchage suivi d’une exécution par balles sont apparues sur les écrans de télévision et dans la presse écrite. Mais la disparition de Kadhafi n’est pas la fin de l’histoire car, en croire une analyse barbouzarde, "la Libye est entrée dans un no man’s land politique, une zone de turbulences imprévisibles".

Voilà qui devrait inquiéter ceux qui, dans plusieurs capitales occidentales et arabes, ont poussé des soupirs de satisfaction que Kadhafi ne serait jamais la vedette d’un procès international.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Fatiha Mezoued

Tout est à l'avantage de l'Algérie, comme quoi, "il ne faut jamais mettre le doigt entre l'écorce et l'arbre" ; à voir les résultats de la Tunisie et la Libye après une lutte acharnée contre une dictature sans merci, il y a lieu tout simplement de dire il est rare qu'un soit disant ami règle quelconque conflit quand le conflit est d'emblée source d'intérêts. Que toutes ces révélations servent d'exemples au peuple algérien et qu'il puisse de lui-même régler ses comptes avec la justice.

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R A M E S S E S II

A choisir entre Kadhafi et le nouveau CNT, qui veut appliquer la polygamie, la lapidation, avoir la main coupée pour un œuf volé, je préfère le premier. Kadhafi est tué juste pour ses milliards de dollars investit en Europe et aux states, dire qu'ils ont liquidés Kadhafi parce que ils auraient balancé beaucoup de choses sur ces relations avec la CIA et les SSF ou autres, ça me parait assez peu probable, Kadhafi n'était même pas au courant de ce qui se tramer dans sa propre tente. En sachant qu'un missile à guidage LASER pourra le souffler en 1 seconde.

Un jeu d'enfant ce genre de scénario pour les pays développés, les militaires font leur boulot, et nos militaires à nous, ils kidnappent leurs ressortissants, toute la différence est là.

Henry Kissinger disait : "le pétrole est une chose bien trop importante pour qu'on la laisse aux mains des Arabes"

La crise est passée par là, et Kadhafi était au mauvais endroit et au mauvais moment et puis c'est tout. Le roi est mort, vive le roi plutôt le roi des rois. II y 'aura d'autres sur la liste, des pays africains je voulais dire!

Dahmane

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