Syrie : encore une journée particulièrement sanglante

Homs poursuit ses manifestations contre le régime.
Homs poursuit ses manifestations contre le régime.

Les pressions internationales n'ont aucun effet sur le régime brutal syrien. La journée de lundi 17 octobre a été particulièrement meurtrière. Quarante-quatre personnes y ont été tuées, dont onze membres de l'armée régulière, devenue la cible des déserteurs armés.

Le régime dictatorial d'Al Assad pousuit les répressions aveugles et l'assassinat de manifestants. A Homs notamment, où s'affrontent depuis plusieurs jours l'armée et les forces de sécurité d'une part et des protestataires armés hostiles au régime de Bachar Al-Assad d'autre part, vingt-sept personnes ont été tuées lors d'une opération militaire de grande envergure, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'armée, elle, déplore onze tués dans des affrontements et un attentat dans le centre et le nord-ouest de la Syrie "probablement par des déserteurs". "Des combats ont opposé aujourd'hui [lundi] l'armée et la sécurité à des hommes armés, qui pourraient être des déserteurs, au point de contrôle de Sawameah, près de la ville de Qousseir, dans la région de Homs, causant la mort de sept soldats et des blessures à d'autres", a affirmé l'OSDH. Quatre autres soldats ont été tués dans un attentat près de la localité de Ehsem.

Les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, ont de leur côté affirmé que les forces de sécurité avaient "récemment intensifié leur campagne contre les médecins, les hôpitaux et les cliniques privées soupçonnés de soigner les personnes blessées dans les manifestations" sans en informer les services de sécurité.

Des circulaires émises par ces services exigent la notification immédiate de l'arrivée d'un blessé par le médecin traitant, ce qui signifie son arrestation, indépendamment de la gravité de ses blessures, ont précisé les LCC. Ces dernières semaines, les arrestations arbitraires de médecins et de pharmaciens se sont multipliées, selon les LCC.

L'Onu dénonce et la Ligue arabe avance des propositions

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a haussé le ton vis-à-vis du président syrien Bachar Al-Assad, le sommant de "stopper (les) tueries" dans le pays. "J'ai demandé instamment au président Assad de stopper ces tueries, qui sont inacceptables, avant qu'il ne soit trop tard", a déclaré M. Ban à Berne, jugeant "totalement inacceptable que trois mille civils aient été tués en Syrie" depuis le début, le 15 mars, de la contestation populaire contre le régime. Mais ces déclarations auront-elles quelque effet sur le régime syrien ? Peu probable quand on sait que ce n'est pas la première fois que le SG de l'Onu élève la voix. Ces dénonciations seront sans doute vite oubliées comme les appels de la Ligue arabe.

A l'issue d'une réunion ministérielle extraordinaire, la Ligue arabe a appelé, dimanche, à la tenue d'une "conférence de dialogue national" d'ici à quinze jours au Caire entre gouvernement et opposition pour "réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien et le changement souhaité", "mettre fin à la violence" et "éviter une intervention étrangère". Une commission ministérielle a été chargée des contacts avec Damas et devra remettre le plus rapidement possible à la Ligue un rapport détaillé sur la situation en Syrie et des propositions d'action.

A Paris, le Quai d'Orsay s'est félicité de l'initiative de la Ligue arabe, l'appelant àprendre "les décisions courageuses qui s'imposent pour accroître la pression sur les autorités syriennes en vue de mettre un terme à la répression sanglante et de favoriser la transition politique". Il a d'autre part estimé "dénuées de la moindre crédibilité" les annonces samedi sur la formation d'un comité pour élaborer un projet de nouvelle Constitution "alors que le régime syrien continue quotidiennement à tuer, emprisonner et torturer".

Ce n'est pas la première fois que Bachar Al Assad se joue de la communauté internationale et particulièrement de la Ligue arabe. Aussi tant qu'il a le soutien de Moscou et Pékin au sein du conseil de sécurité, il certain qu'il poursuivra sa politique répressive.

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?