Algérie : quand les traîtres traitent de traître

Saïd Abadou, SG de l'ONM.
Saïd Abadou, SG de l'ONM.

Prenez n’importe quel homme politique français de quelque obédience idéologique que ce soit, qui a été actif dans la résistance contre l’occupation nazie, il évitera de vous dire que le maréchal Pétain était un traître.

Mais voilà dans cette formidable Algérie, terre des défis, un ressortissant, propulsé à la tête de l’Organisation des moudjahidine, après avoir été ministre de la même "corporation" de 1994 à 1999, après un long silence national officiel sur le père du nationalisme algérien, Messali Hadj, il revient sur lui pour dire qu’il était bel et bien un traître à la nation, sachant que celui qui l’a hissé à son poste actuel, Monsieur Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence, avait été favorable au colloque sur le "barbu" en 2001 à Tlemcen. Aucun chef d’Etat algérien depuis l’Indépendance n’aurait accepté une telle manifestation.

Saïd Abadou puisque c’est de lui qu’il s’agit, au passé révolutionnaire vague et douteux, dit, profitant d’une cérémonie de commémoration sur un héros national : "Oui, Messali Hadj était un traître !" en frappant sur le pupitre face aux nombreux acolytes de la "famille" révolutionnaire faites d’aventuriers partisans possédant une carte de moudjahid – ils étaient même pas dix mille en 1962, ils sont presque un million aujourd’hui – leurs enfants, leurs gendres, leurs voisins ou anciens collègues de travail, etc. Puis ,comme on dit chez nous par allusion au teint de l’indignité, le "visage conforme", il ajoute : "C’est le FLN, seulement le FLN et son bras armé l’ALN, qui a fait la révolution, les messalistes étaient des harkis, traîtres, des appoints à la France… "

Il fait péter la salive sur son nez en affirmant que tout déni aux principes de Abane Ramdane, Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, est à interpréter comme une trahison à la Révolution comme si ces trois révolutionnaires n’ont pas été exécutés par les tenants même du discours de cette "révolution". D’autant que lui-même, il renie le FLN en se présentant sur une liste RND pour le poste d’élu député de Biskra. Candidat fructifiant plongé tête baissée dans une formation politique créée par un ancien leader syndicaliste assassiné au lendemain du libellé du RND.

Tout le monde sait que cette confiscation, cette main basse sur ce parti "cuit sur le coke" par Abdelhak Benhamouda, était due à la banqueroute du FLN, l’éternel parti au pouvoir, devant la mouvance islamiste. Cette fulgurante nouvelle force soudaine qui ne trouva sur sa déferlante que les confrontations pacifistes du parti de Hocine Aït Ahmed et le syndicat puissant du petit professeur de Constantine fort apprécié par ceux qui l'on connu. Il ne reculait devant rien ; il ne parlait jamais du passé au sujet duquel il disait : "Si tu en parles quand tu n’es pas vraiment historien, ou tu es obligé de mentir, ou alors d’applaudir, alors que tu peux faire mieux en parlant et en faisant pour l’avenir." Hakou, comme on aimait à l’appeler par affection, échappa à un premier attentat au cours d’une marche pacifique, mais la seconde ne le rata pas le matin du 28 janvier 1997 dans l’aire du parking du siège de l’Union des travailleurs à la place du Premier mai.

Les criquets pèlerins

Alors les criquets pèlerins de la trempe de Saïd Abadou sautèrent sur la formation orpheline pour un renouvellement aussi malsain que racoleur. Les essaims – des indiscrétions disent que l’actuel patron de l’Organisation des moudjahidines avait laissé échapper une boutade à des amis restés dans le FLN "parfois pour les hommes la fuite est salut !" - fusionnèrent avec la pensée militaire du naïf Liamine Zéroual conseillé fermement sur le "tout sécuritaire" dont tira sans gloire grand profit le parti confisqué.

Ce consortium a empoché de la loi des finances 2012 quelque 2 milliards 600 millions de dollars de budget, bien plus que pour le secteur du travail et de l’emploi, quand même une somme équivalant souvent un produit national brut moyen d’un pays africain. Qui fait dire, au demeurant, à un vice-recteur qui a de gros problèmes pour terminer une chambre supplémentaire destinée à une intimité de progéniture arrivée à l’âge adulte, "avec ce budget-là la recherche en Algérie n’aura plus à avoir honte de lorgner sur celles de ses consoeurs du Maroc ou de l’Egypte." Ce qui explique pourtant pas la démesure dans la dernière sortie médiatique du traître auto prouvé du parti de Larbi Ben M’hidi que quelque chose a dû envoyer au charbon pour contrer les tentatives du président de la République pour la réhabilitation officielle du symbole nationaliste de Tlemcen.

Tant qu’on est au farfouillage dans l’Histoire sans décider une fois pour toute de laisser aux professionnels de la question, autrement dit aux historiens et aux historiographes, l’inscription de nos pages comme le font les nations qui se respectent, il est bien de rappeler à ce faiseur de cartes de moudjahid et de bulletins de blâme pour les non moudjahidine et les traîtres, qu’il n’y a pas longtemps il était parmi ceux – des témoins existent – qui ne voulaient pas la rebaptisation du boulevard Salah Bouakouir par celui, actuel, de Krim Belkacem.

Abdelyazid Sadat

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Commentaires (6) | Réagir ?

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takintouchet

Bien à toi Abdelyazitt.

Depuis que j'ai découvert au musée du Louvre à Paris que la seule statut des rois qui reflète notre image en Europe c'est bien celle de Bokhus et j'ai compris que nous allons avoir beaucoup de djoudjou comme toi (kiw kiw...)

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FERHAT AIT ALI

Avec tout cela, cretains reprochent aux Libyens d'avoir sorti le Karcher pour nettoyer l'ecurie kadhafiste, ou le fils d'un chauffeur supplétif de l'Armée italienne à Syrte, a trouvé le moyen de bombarder son grand père inconnu compagnon de Omar el Mokhtar et son traitre de père, Chahid de la lutte d'indépendance libyenne, alors que celle ci s'est pratiquement eteinte en 1931

Chez nous, et avec une telle concentration de faux jetons, de crapules et de flagorneurs, dans tous les rouages de l'Etat, et des méfaits qui ne se comptent plus dans tous les domaines de la vie, avec des conséquences apocalyptiques pour l'avenir du pays et de ses habitants, d'autres veulent encore nous convaincre que nous pouvons faire des réformes avec les mêmes qui doivent être pendus haut et court pour arriver à leur faire lâcher leur proie par la grace du saint esprit et sans perdre un homme ou tirer une cartouche.

Etant pire que la France qui nous les a légués en guise de revanche sur l'histoire, le traitement de ces crickets ne peut être inferieur à celui du colonialisme, en sacrifice et en férocité. Eux nous ont prouvé ce qu'ils étaient capables de faire pour continuer à voler et mentir en paix, nous ne leur avons rien prouvé en contrepartie, sauf que nous sommes des victimes consentantes et trop lâches pour assumer la continuation d'une tâche laissée en suspens un certain été 62.

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