Dossier des retraités : la FNTR lève les ambiguïtés

Les retraites algériennes permettent à peine à survivre.
Les retraites algériennes permettent à peine à survivre.

Le point de presse que le secrétaire général a fait la semaine dernière semble se concentrer sur l’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG).

Pour lui cette augmentation de 3000 DA toucherait plus de 600 000 retraités qui étaient à 75% du SNMG. Soit 11250 DA. Ce chiffre est contesté par la FNTR qui le situe autour de 400 000 bénéficiaires. Le ministre du Travail quant à lui s’est plus préoccupé par l’incidence financière que l’Etat s’apprête à prendre en charge sur son propre budget. C’est une manière indirecte de renvoyer ce dossier sur les écritures de 2012. La FNTR ne l’entend pas de cette oreille, son secrétaire national, chargé de l’information, a déclaré sur les pages du quotidien Echaab du 10 octobre 2011 que la revendication d’une augmentation de 40% de toutes les pensions est irréversible. Il ne s’agit pas pour lui d’attendre 2012 puisque l’effet rétroactif est celui de janvier 2010. Toute décision qui sort de cette plateforme revendicative contraindra les retraités de sortir dans la rue, eux-mêmes et leur famille. Un long rapport circonstancié justifie de telles revendications. Qu’en est-il exactement ?

Sur le principe directeur retenu

Les travailleurs qui quittent leur vie active ne devront plus être considérés comme les oubliés de la nation. Leur pension doit suivre l’évolution des salaires comme cela se fait dans la plupart des pays qui se respectent. Elle cite comme exemple le cas du travailleur en activité qui occupe un poste de veilleur de nuit à la CNAS et qui touche un salaire net de 41 000 DA alors qu’un chef de département de niveau N-2 exerçant dans une société nationale sorti en 1997 avec une pension de 20 000 DA ne bouclerait pas aujourd’hui les 30000 DA par mois. Durant la même période un kg de viande qui valait 2 heures de travail en coûterait deux journées de travail aujourd’hui.

La précarité des pensions saute aux yeux

Chiffres à l’appui, le rapport appuie sur cette précarité. Sur un total de 1 136 296 pensions de droit direct toute catégorie confondue, plus de 60% perçoivent moins 15 000 DA. Les 908 995 pensionnés indirectement sont dans leur majorité dans une situation de précarité qu’il serait honteux de le rapporter au grand public. En se limitant au premier cas de figure, c'est-à-dire les pensions directes, le salaire moyen pondéré dépasse à peine 17 000 DA pour toutes les catégories et reste donc toujours en deçà du SNMG qui rentrera en vigueur en 2012. Le total des retraités en Algérie est de 2 045 291 pensionnés que gèrent actuellement la Caisse de retraite avec un budget dépassant les 300 milliard de DA.

Quelles sont les normes mondiales en la matière ?

La Banque mondiale situe le seuil de pauvreté à 2 dollars par personne et par jour, en tenant compte du cours on obtient 147 DA. Ce seuil pour une personne permet de satisfaire les besoins physiologiques élémentaires, c'est-à-dire : de ne pas crever de faim. Franchir ce seuil vers le bas, c’est se déclarer en situation de famine puisque les 2100 ou 2400 Kcal ne sont pas atteints. Le rapport de la FNTR résonne sur une famille algérienne de 5 personnes en moyenne, soit un salaire de cinq fois 147 DA. Ceci donnerait pour cette famille 735 DA soit un salaire mensuel de 22 050 DA. Cela voudra dire que le salaire national minimum garanti actuel s’écarte de 32% de la norme définissant le seuil de la misère. Celui qui rentrera en 2012 le ferait à 18%. Les chiffres tels que sont présentés ne souffrent d’aucune ambiguïté car le seuil de pauvreté et de misère est franchi par les retraités algériens.

Que revendique exactement la FNTR pour ses retraités

En clair, le rapport dit ceci : Relèvement des petites pensions, quelle que soit la catégorie des retraités, dont le nombre est de 591 222, à hauteur du SNMG ; actualisation de 40 % des pensions dont le montant est supérieur au SNMG, quelle que soit la catégorie des retraités et dont le nombre est de 440714 ; actualisation de 40 % des retraites de réversion dont le nombre est de 908 995 et relèvement du minimum de 3500 DA de l’allocation de retraite à 5000 DA.

D’où ramener cet argent ?

Pour la FNTR, la Caisse des retraites n’a jamais été menacée de déficit et elle ne l’est pas. Les augmentations salariales attribuées avec un effet rétroactif depuis 2008 sont venues la renflouer grâce au surplus de cotisations salariales. Dans le cas le plus pessimiste une rentrée annuelle de 140 milliards de dinars est effective. Sur les trois années 2008, 2009, 2010, elle a récolté une somme totale qui dépasse les 300 milliards de dinars. Or toutes les augmentations proposées par ce syndicat n’exigent toute au plus 112 milliards par année que la caisse peut couvrir sans avoir recours au budget de l’Etat. La caisse fonctionne sur un principe de solidarité des générations et règle ses problèmes sur la même base. Toute prise en charge en dehors de la caisse n’est que démagogie.

Pourquoi faudrait-il recourir à la rue pour faire entendre ou étaler en public cette situation humiliante…

Rabah Reghis, consultant/chercheur

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