Coup de rabot sur le projet de loi sur la représentation des femmes aux assemblées

On est loin de la consolidation du rôle de la femme tant clamée par le projet de loi qui touche à l’élargissement de la présence des femmes dans les différentes assemblées élues.
Le travail de sape a donc réussi. Le pilonnage en règle opéré par le FLN et certaines autres parties semble avoir porté ses fruits. C’est à un véritable coup de rabot que ce projet de loi a subi.
Le projet de loi
Les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont entamé, jeudi en séance plénière l’examen du projet de loi organique fixant les modalités d’élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues.
Le projet de loi en question stipule que chaque liste de candidats doit comporter une proportion de femmes qui ne peut être inférieure au tiers (1/3) du nombre total des candidats de la liste, qu’elle soit indépendante ou présentée par un parti politique, en lice aux élections de l’APN, des APW et APC des communes chefs-lieux de daïra, ainsi que des communes dont la population est supérieure à 20.000 habitants. Le projet vise à relancer les principes de démocratie et d’égalité entre citoyens et citoyennes et à renforcer le rôle et la place de la femme au sein de la société, selon l’exposé des motifs. C’est déjà stipulé dans l’article 31 bis de la Constitution.
Il propose que les sièges soient répartis en fonction du nombre des voix obtenues par chaque liste et que le tiers (1/3) soit obligatoirement réservé aux candidates femmes selon leur classement nominatif dans les listes. Dans le cas où une liste obtient deux sièges seulement, le projet propose que ces derniers soient repartis obligatoirement entre les deux sexes en fonction du classement nominatif dans cette liste. Il est également proposé que toute liste de candidats non conforme à ces dispositions soit rejetée.
Boumerang
Seulement voilà, les caciques et les conservateurs de l’ex-parti unique notamment ne l’entendent pas de cette oreille. On a assisté ces dernières semaines à une série d’attaques en règle et un travail en coulisses particulièrement actif pour raboter le projet de loi. Le président de la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l’APN, Cherif Nezzar, avait indiqué qu’après examen du projet, la commission a introduit deux amendements, dont celui de ramener la proportion de femmes exigée dans une liste de 30 % à 20 %. Cet amendement vise, a-t-il expliqué, à mettre en adéquation cette loi, temporairement, avec la réalité sociale et les traditions et spécificités des régions du pays. Autrement dit, selon nos augustes députés, l’Algérien n’est pas encore prêt à accepter d’être représenté par une femme. Cette conception machiste de la politique obéit en réalité à d’autres calculs plus politiciens. Les hommes parlementaires n’entendent pas se faire bousculer par une femme sur les listes électorales.
Des assemblées machistes
Seules trente députés de l’APN sur 389 sont des femmes, soit un taux de 7,7%. Au conseil de la nation c’est encore pire. Sept sénateurs sur 144 sont des sénatrices, soit un taux de 4,86%. Au niveau des Assemblées populaires communales (APC), les élues femmes deviennent presque introuvables. Autrement dit une denrée rare. On dénombre uniquement trois femmes au poste de présidente sur un total de 1.541 présidents d’APC, alors qu’aucune APW n’est présidée par une femme. Beaucoup reste à faire au pays du code de la famille.
Yacine K./APS
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