Agrément de nouveaux partis : cacophonie au sommet de l’Etat

L'alliance présidentielle ferait bloc contre la réforme.
L'alliance présidentielle ferait bloc contre la réforme.

Le ministre de l’Intérieur dénonce "des parties à l’APN" qui veulent faire avorter la démarche de réforme du paysage politique national. Les partis de l’Alliance présidentielle, en particulier le FLN, semblent vouloir accaparer, pour cinq années supplémentaires, les institutions élues.

La question relative à l’agrément de nouvelles formations politiques révèle au grand jour les différends au sommet de l’Etat. La "grande ouverture politique" promise dans le cadre "des réformes" entreprises par le président Bouteflika bute sur les appétits grandissants des partis de l’Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui veulent accaparer, pour cinq années supplémentaires, les institutions élues. Pour ce faire, ils retardent la programmation de l’examen à l’APN du nouveau projet de loi sur les partis qui devra servir de base à l’agrément de nouvelles formations politiques. Ce blocage agace le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui se met à le dénoncer publiquement, sans citer bien sûr explicitement les auteurs de ce blocage. "Il y a des parties qui craignent d’affronter les prochaines élections avec de nouvelles donnes politiques qui seront la conséquence de l’adoption de la nouvelle loi sur les partis", dénonce-t-il dans une déclaration faite, hier, au quotidien arabophone Wakt El Djazaïr.

M. Ould Kablia va encore plus loin en parlant de "pressions exercées par ces parties afin de faire avorter la démarche de réforme du paysage politique national à travers la révision de la loi sur les partis". "Ces parties veulent protéger leurs intérêts et ceux de leurs partis pour éviter une éventuelle concurrence avec de nouvelles formations politiques à l’occasion des prochaines élections", ajoute-t-il. Quelles sont ces parties qui bloquent le projet ? M. Ould Kablia ne donne pas plus de détails. Mais il fait clairement allusion au FLN et ses partenaires au sein de l’Alliance présidentielle, accusés de vouloir tailler à leur mesure les projets de loi de "la réforme". Pourquoi réagissent-ils maintenant, alors qu’ils ont tous applaudi l’adoption de tous les projets de loi en Conseil des ministres ?

Le FLN, le RND et le MSP sont largement représentés au sein du gouvernement et leurs ministres ont avalisé tous les projets de texte sans aucune objection. Comment expliquer alors leurs positions à l’APN ? Il n’y a qu’une seule explication possible : l’intérêt partisan prime sur l’intérêt général qui suppose une synergie des efforts en vue d’instaurer un Etat démocratique. On peut même croire, vu les accointances de ces partis de l’Alliance avec les "centres" communément appelés "clans" du pouvoir, que cette guéguerre à l’Assemblée n’est que la partie visible d’un désaccord en haut lieu. On nous sert alors de la cacophonie !

Les responsables des partis de l’Alliance présidentielle et leurs "mentors" savent que le temps jouera en leur faveur s’ils retardent l’examen de ce projet. Car si le nouveau projet de loi n’est pas adopté avant la fin de l’année en cours, les nouveaux partis n’auront pas suffisamment de temps pour préparer leur participation aux prochaines législatives devant intervenir, au plus tard, en mai 2012.

Le FLN : "Qu’est-ce qui empêche le ministère d’appliquer l’actuelle loi ?"

Afin de contrecarrer les visées des partis de l’Alliance, M. Ould Kablia menace d’agréer des nouveaux partis en application de la loi en vigueur actuellement. "En cas du report de l’examen du projet de loi sur les partis, nous allons donner le feu vert aux formations politiques dont les dossiers remplissent toutes les conditions", lance-t-il. Il y a pourtant quelques mois, ces conditions étaient, à son avis, introuvables. En mai dernier, M. Ould Kablia avait, rappelons-le, affirmé que l’agrément de nouveaux partis se ferait selon les dispositions de la nouvelle loi. "On ne peut pas préjuger sur ce que va être cette loi sur les partis qui sera adoptée au niveau du Parlement. Si elle apporte des conditions très libérales, il y aura de la place pour tout le monde. Et s’il y a des conditions restrictives, il y aura des restrictions", avait-il précisé.

Contacté par nos soins pour avoir une réaction, le chargé de communication du FLN, Kassa Aïssi, décline la responsabilité de son parti sur le blocage des textes de loi. "Il faut commencer par l’actuelle loi. En attendant la présentation du nouveau projet à l’APN, qu’est-ce qui a empêché le ministre d’appliquer la loi en vigueur ?", dit-il. Selon lui, "le pouvoir exécutif n’a pas le droit de s’arroger les prérogatives du pouvoir législatif". "Si ce projet est prioritaire, le gouvernement aurait dû l’envoyer en premier à l’Assemblée", ajoute-t-il. Mais lors de sa première réunion, le bureau de l’APN avait décidé, affirme Ramdan Taâzibt, député du PT, "de donner la priorité aux textes de la réforme". Comment veut-on convaincre du bien-fondé d’une pseudo-réforme qui ne convainc même pas ses initiateurs ?

Madjid Makedhi

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Fatiha Mezoued

@Ali Chemlal bonjour,

Lors du soulèvement de la population algérienne le 05/10/1988; Kateb Yacine avait répondu à un

journaliste ceci : " Le F. L. N a été trahi ! " J'entends par là, le vrai et celui des vrai (es) hommes et

femmes.

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hachem touabi

Il n’y a pas mille et une formations politiques en Algérie. La photo ci-dessus énonce la face visible de iceberg en ce qui a attrait aux despotes de la république! Les islamistes et les arabistes. Quant aux démocrates, il n’existe pas pour le moment une personnalité charismatique capable de réunir les forces vives de ce pay, s à savoir : le RCD, le FFS, le MDS, les dissidents de ces partis et l’ANR par respect à son fondateur. Il appartient à ceux qui ont tété la démocratie dans le sein maternelle de dégager une issue sinon le système quoique en phase de déclin peut tenir encore de longues années…Chrétiennement votre.

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