Belkhadem : le porte-voix de Kadhafi

Belkhadem : le porte-voix de Kadhafi

Belkhadem, le conseiller spécial de Bouteflika, s'est fait le soutien de Kadhafi sur les ondes d'Algére Chaine III en ironisant sur la résistance populaire libyenne et son représentant le CNT, qui, a-t-il affirmé, n'ont d'existence que grâce aux forces coalisées de l'OTAN traitée en les lignes de "main étrangère coloniale"

De quel droit international se revendique le secrétaire général de l’ex-parti unique pour ironiser sur les printemps arabes en déclarant avec l’arrogance qui lui sied ? : "Le droit international permet de protéger les populations mais il ne permet pas de changer les régimes" faisant allusion à l’aide précieuse des forces de l’OTAN dans la chute du concepteur du Livre vert, Kadhafi, désormais fuyard et dont la famille a été accueillie avec tous les honneurs à Alger au moment où le CNT libyen réclame son extradition ?

Abdelaziz Belkhadem, s’exprimant en tant que ministre d’Etat et ancien Premier ministre dans un média public, estime donc que "la Libye ne doit son salut qu’à l’intervention étrangère", déniant au peuple libyen sa longue résistance au dictateur depuis son investiture en 1963, et donc, la paternité de la Révolution. Ces propos, pour le moins offensant la résistance populaire libyen et son représentant désormais légitime, le CNT, s’inscrivent dans une forme de paranoïa d’un pouvoir décalé des révolutions arabes, desquelles, contrairement à celles des années soixante-dix, (celle du régime de Kadhafi) il ne peut en tirer profit et légitimité.

Que les Ben Ali, Mobarek, Kaddafi, Saleh en attente, tombent l’un après l’autre, aux frontières passoires de l’Algérie, ce n’est pas, pour le conseiller spécial de Bouteflika survivant temporaire de ces éjections, la rue, Sidi Bouzid, Tahrir, qui ont précipité leur fin de règne, mais la manne interventionniste de la "main étrangère" des Etats-Unis et des autres pays occidentaux coalisés. Il conforte par là les dernières déclarations clandestines de Kadhafi accusant les "anciennes puissances coloniales" la France et l’Angleterre de massacrer "son" peuple. Belkhadem se fait donc le porte-voix de Kadhafi sur les ondes d’Alger chaîne III. Pour le conseiller spécial de Bouteflika, il faut donc protéger l’Algérie de ce droit international, conçu comme une ingérence étrangère dans le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, quitte à se voir massacrés par les dictateurs comme cela se passe en Syrie ou encore et toujours, par le terrorisme islamiste en Algérie dont Belkhadem ne désespère pas de voir revenir, lavé de tout crime, l’ex-FIS.

Cette communauté internationale, à laquelle se réfère Belkhadem, a par la voix de Barack Obama, dans son vigoureux discours à l’adresse du continent africain, mis en garde ses régimes contre toute tentation de pérennité au pouvoir en se bricolant des lois sur mesure au mépris de la poussée irrépressible des libertés de leur pays et de leur peuple. Mais ce n’est là encore qu’une vaine parade du pouvoir qui, pour une fois, dans l’histoire du monde arabo-berbère, est laissé pour compte. Cette insulte faite aux peuples arabes à l’heure du XXIème siècle n’est qu’une suite logique de tant d’autres insultes proférées à l’encontre de 1988, un "chahut de gamins", à la révolution de 1980, "la menace berbère de la main étrangère" et du Mouvement citoyen de 2001 dont la victime Massinissa Guermah qui a mis le feu aux poudres a été traitée de "voyou", jusqu’à l’honorable moudjahid et Patriote, Mohamed Gharbi, jeté en prison au nom des intouchables de la concorde civile de Bouteflika. Une concorde civile à rebours des exigences désormais souveraines et effectives de la Communauté et du droit internationaux dont ni Belkhadem ni le pouvoir qu’il incarne ne peuvent aller bien longtemps à contre-courant.

R.M.

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